Au large du Gerpit , nous croisâmes un iceberg.
C'est la première fois que ça nous arrivait et celui-ci était à moins d'un mile
marin . Il nous apparut éclatant de blancheurs bleues dans la lumière du matin .
Par toutes les écoutilles et toutes les passerelles , l'équipage déboula vers le bas-
tingage tribord pour l'admirer . Nous évaluâmes sa hauteur à environ cent mètres .
- Le quartier-maître : "Sacrebleu … si notre route avait été un poil plus au nord et
si nous l'avions trouvé dans la nuit , sûr que nous n'aurions pas pesé lourd ! …
mais que fait cette montagne en plein océan !?"
- Le timonier tendait le poing vers l'iceberg , l'injuriant en vieux-letton ce qui ,
en prussien littéraire donne à peu près ceci : "Boit-sans-soif , zoulou , olibrius ,
moule à gaufres , zapotèque , bachi-bouzouk , grand escogriffe , trombonne à
coulisse ! …"
- Moi : "Quelle merveille ! … une cathédrale ! … une cathédrale flottante ! …
où va-t-elle ? …"
- Nous parvint comme tombée du ciel , la voix de Krant : "En somme , messieurs ,
un iceberg …"
Dans l'ordre du prosaïque , il n'y avait que Hume pour surpasser le Capitaine .
Indifférent , il tournait l'échine au spectacle et s'enfilait avec application le reste
d'une boîte de corned-beef .
dimanche 26 avril 2015
CHAMBRE 212
Il y aura un envahissement de rideaux noirs . Ils viendront par la fenêtre où
est la nuit . Agrippant les pieds de mon lit comme un sombre lierre jette ses
crampons dans les fissures d'un mur , ils envelopperont mes jambes de mousse
obscure et je m'apercevrai qu'ils auront glissé leurs plis entre la cloison et la
tête de mon lit , puis posé leurs échelles contre ma table de chevet où j'empile
- ultime donjon - une infinité de drogues .
La lumière de ma lampe , alors , se fera crue . Elle viendra par le travers de ma
chambre , aveuglante , brutale , avant de clignoter , hoqueter … et s'éteindre .
est la nuit . Agrippant les pieds de mon lit comme un sombre lierre jette ses
crampons dans les fissures d'un mur , ils envelopperont mes jambes de mousse
obscure et je m'apercevrai qu'ils auront glissé leurs plis entre la cloison et la
tête de mon lit , puis posé leurs échelles contre ma table de chevet où j'empile
- ultime donjon - une infinité de drogues .
La lumière de ma lampe , alors , se fera crue . Elle viendra par le travers de ma
chambre , aveuglante , brutale , avant de clignoter , hoqueter … et s'éteindre .
samedi 25 avril 2015
PARADIS 29 . NOUVEL AN
Adam et Ève sont assis , nus , sur un pupitre d'écolier à deux places .
Dieu est sur l'estrade dans une blouse grise , devant un tableau noir .
- Dieu : "Ça y est ! … ils ont bouclé un nouveau cercle autour de leur
étoile !" . Dieu ponctue l'évènement par un coup de craie elliptique autour
d'un foyer "F" .
- Ève . Elle lève le doigt : "Qui c'est "ils" ?"
- Dieu : "Vos descendants à tous les deux" … il soupire .
- Adam ne lève pas le doigt : "Ils ont mis combien de temps ?"
- Dieu : "365 jours , 6 heures , 9 minutes et 4 secondes …"
- Adam : "C'est le record à battre ?"
- Dieu . Il re-soupire : "Non , Adam ! … il n'y a pas de record à battre …
c'est une manie chez toi ! … les lois de la physique sont déterminées …
on n'y peut rien …"
- Adam : "Même toi , le Grand Horloger ?"
- Dieu : "Même moi , le Grand Horloger !"
- Ève . Elle lève le doigt et secoue sa tignasse blonde : "C'est quoi horloger ?"
- Dieu : "C'est un monsieur qui fabrique des horloges , ma chérie"
- Ève : "C'est quoi des zorloges ?
- Dieu : "Des machines à mesurer le temps"
- Ève : "Ça sert à quoi ?"
- Dieu : "A rien" . Il efface .
Dieu est sur l'estrade dans une blouse grise , devant un tableau noir .
- Dieu : "Ça y est ! … ils ont bouclé un nouveau cercle autour de leur
étoile !" . Dieu ponctue l'évènement par un coup de craie elliptique autour
d'un foyer "F" .
- Ève . Elle lève le doigt : "Qui c'est "ils" ?"
- Dieu : "Vos descendants à tous les deux" … il soupire .
- Adam ne lève pas le doigt : "Ils ont mis combien de temps ?"
- Dieu : "365 jours , 6 heures , 9 minutes et 4 secondes …"
- Adam : "C'est le record à battre ?"
- Dieu . Il re-soupire : "Non , Adam ! … il n'y a pas de record à battre …
c'est une manie chez toi ! … les lois de la physique sont déterminées …
on n'y peut rien …"
- Adam : "Même toi , le Grand Horloger ?"
- Dieu : "Même moi , le Grand Horloger !"
- Ève . Elle lève le doigt et secoue sa tignasse blonde : "C'est quoi horloger ?"
- Dieu : "C'est un monsieur qui fabrique des horloges , ma chérie"
- Ève : "C'est quoi des zorloges ?
- Dieu : "Des machines à mesurer le temps"
- Ève : "Ça sert à quoi ?"
- Dieu : "A rien" . Il efface .
vendredi 24 avril 2015
CANO
Nous fûmes sur le champ de courses dix minutes avant le début des opérations
et , pensant que la science hippique nous fut infuse , nous négligeâmes les tuyaux
des journaux spécialisés et jouâmes le 4 Symphonie Galante
le 10 Saphir De Memartin
le 7 Squaw Pass
dans la 2e course de trot attelé sur 2350m ;
non que nous fussions éblouis par l'impeccable élégance de ces trois juments mais
des bruits de paddocks où nous traînâmes notre innocence faisaient grand cas du 4 ,
du 10 et du 7 pour - nous l'ignorions - la 3e course de plat . J'interdis à Simone de
jouer le 5 Sefarine car le regard bleu profond de son jockey ne devait pas entrer en
compte dans ces combinaisons savantes où nous engagions une partie de notre ca-
pital , quoique je ne susse s'il est question de jockey au trot attelé .
Pas une de nos trois pouliches ne fut dans le trio gagnant , d'autant que l'une d'elles ,
Saphir De Memartin , n'est nullement une fille mais un étalon chargé de sang si pur
qu'excité par l'enjeu (5500€) il refusa de se mettre aux ordres et fut donné non partant .
Les aficionados s'étonnaient que nous eussions coché ce tocard sur nos bulletins car il
est de notoriété turfique que ce trotteur trotte peu et qu'au bout de 200 mètres il se met
au galop , allure rédhibitoire dans ce genre de concours . Nous répliquâmes sur le
même ton professionnel que Saphir De Memartin est l'oeuvre d'Hasting et d'Heureuse
Soirée , que nous suivions sa carrière depuis tout petit et qu'au vu de ses derniers en-
traînements il nous paraissait sur la voie du progrès ; que cependant nous avions hésité
entre celui-là et le 14 Soleil D'Attaque , autre cheval plein d'avenir qui d'ailleurs venait
de remporter la course . Il nous fut répondu qu'en effet Soleil D'Attaque est en cons-
tante évolution mais qu'à douze ans , son proche avenir c'est la boucherie chevaline
et que peut-être n'avions nous pas perçu qu'il s'était fait prendre un tour ; qu'enfin ,
contrairement à ce que laisse supposer son patronyme , c'est une jument .
Simone et moi bûmes dans un calice la honte et la lie qui va avec puis , sans attendre
la troisième course , prix de Séné doté de 6000€ , nous quittâmes l'hippodrome par
une porte dérobée .
et , pensant que la science hippique nous fut infuse , nous négligeâmes les tuyaux
des journaux spécialisés et jouâmes le 4 Symphonie Galante
le 10 Saphir De Memartin
le 7 Squaw Pass
dans la 2e course de trot attelé sur 2350m ;
non que nous fussions éblouis par l'impeccable élégance de ces trois juments mais
des bruits de paddocks où nous traînâmes notre innocence faisaient grand cas du 4 ,
du 10 et du 7 pour - nous l'ignorions - la 3e course de plat . J'interdis à Simone de
jouer le 5 Sefarine car le regard bleu profond de son jockey ne devait pas entrer en
compte dans ces combinaisons savantes où nous engagions une partie de notre ca-
pital , quoique je ne susse s'il est question de jockey au trot attelé .
Pas une de nos trois pouliches ne fut dans le trio gagnant , d'autant que l'une d'elles ,
Saphir De Memartin , n'est nullement une fille mais un étalon chargé de sang si pur
qu'excité par l'enjeu (5500€) il refusa de se mettre aux ordres et fut donné non partant .
Les aficionados s'étonnaient que nous eussions coché ce tocard sur nos bulletins car il
est de notoriété turfique que ce trotteur trotte peu et qu'au bout de 200 mètres il se met
au galop , allure rédhibitoire dans ce genre de concours . Nous répliquâmes sur le
même ton professionnel que Saphir De Memartin est l'oeuvre d'Hasting et d'Heureuse
Soirée , que nous suivions sa carrière depuis tout petit et qu'au vu de ses derniers en-
traînements il nous paraissait sur la voie du progrès ; que cependant nous avions hésité
entre celui-là et le 14 Soleil D'Attaque , autre cheval plein d'avenir qui d'ailleurs venait
de remporter la course . Il nous fut répondu qu'en effet Soleil D'Attaque est en cons-
tante évolution mais qu'à douze ans , son proche avenir c'est la boucherie chevaline
et que peut-être n'avions nous pas perçu qu'il s'était fait prendre un tour ; qu'enfin ,
contrairement à ce que laisse supposer son patronyme , c'est une jument .
Simone et moi bûmes dans un calice la honte et la lie qui va avec puis , sans attendre
la troisième course , prix de Séné doté de 6000€ , nous quittâmes l'hippodrome par
une porte dérobée .
jeudi 23 avril 2015
COTE 137 . 27 . RÊVE ET RÉALITÉ
Martial sous un déluge de feu .
Depuis deux jours , l'artillerie lourde des chleus pilonne le secteur . Comme nous
sommes en avant sur la ligne de front (cote 137) , l'essentiel de la ferraille passe au-
dessus de nos têtes . Martial dort . Ses lèvres sont gonflées comme celles d'un enfant
juste sevré . Il bave dans son casque .
Le lendemain de cette pluie d'obus (pour autant la pluie naturelle n'a pas cessé) ,
Martial est debout près de moi , baïonnette au canon , dans l'attente d'une probable
attaque .
- Moi : "Tu as bien dormi ?"
- Martial : "Oui … pourquoi ? …"
- Moi : "…………..?……………"
- Martial : "J'ai dormi longtemps ?"
- Moi : "Deux jours … comment peux-tu ? … une marmite a pété à 30 mètres …
tu ne t'es pas réveillé !!!"
- Martial : "J'étais fatigué …"
- Moi : "………………… "
Le silence après deux jours de bombardement fige tout , même le bruit des gouttes
de pluie sur les capotes .
- Martial : "T'ai-je dit que j'ai bien dormi ?"
- Moi : "Tu l'as dit …"
A cent mètres , dans le brouillard , des formes hurlantes se lèvent . Les boches
attaquent . Notre mitrailleuse entre en action . Tac-tac-tac , trois silhouettes s'effondrent
dans les barbelés .
- Martial : "J'ai fait un cauchemar …"
- Moi : "……………….."
- Martial : "Un horrible cauchemar …"
- Moi : "……………….."
- Martial : "Je te raconte ?"
- Moi : "Je t'écoute"
- Martial : "J'ai rêvé que j'étais dans une tranchée , sous un bombardement effroyable ,
tu n'as pas idée ! … je pissais dans mon froc …"
Depuis deux jours , l'artillerie lourde des chleus pilonne le secteur . Comme nous
sommes en avant sur la ligne de front (cote 137) , l'essentiel de la ferraille passe au-
dessus de nos têtes . Martial dort . Ses lèvres sont gonflées comme celles d'un enfant
juste sevré . Il bave dans son casque .
Le lendemain de cette pluie d'obus (pour autant la pluie naturelle n'a pas cessé) ,
Martial est debout près de moi , baïonnette au canon , dans l'attente d'une probable
attaque .
- Moi : "Tu as bien dormi ?"
- Martial : "Oui … pourquoi ? …"
- Moi : "…………..?……………"
- Martial : "J'ai dormi longtemps ?"
- Moi : "Deux jours … comment peux-tu ? … une marmite a pété à 30 mètres …
tu ne t'es pas réveillé !!!"
- Martial : "J'étais fatigué …"
- Moi : "………………… "
Le silence après deux jours de bombardement fige tout , même le bruit des gouttes
de pluie sur les capotes .
- Martial : "T'ai-je dit que j'ai bien dormi ?"
- Moi : "Tu l'as dit …"
A cent mètres , dans le brouillard , des formes hurlantes se lèvent . Les boches
attaquent . Notre mitrailleuse entre en action . Tac-tac-tac , trois silhouettes s'effondrent
dans les barbelés .
- Martial : "J'ai fait un cauchemar …"
- Moi : "……………….."
- Martial : "Un horrible cauchemar …"
- Moi : "……………….."
- Martial : "Je te raconte ?"
- Moi : "Je t'écoute"
- Martial : "J'ai rêvé que j'étais dans une tranchée , sous un bombardement effroyable ,
tu n'as pas idée ! … je pissais dans mon froc …"
vendredi 3 avril 2015
TROIS MOUCHES 31 . LES PENSÉES DE PASCAL
Les mots passent de table en table sans (pratiquement) perturber
l'atmosphère . Berthe me parle , au loin rit , et trois mouches vermeilles
et merveilleuses bourdonnent contre nos chapeaux de paille . Je me
souviens d'une pensée de Pascal .
Je me souviens des mots de paille contre nos chapeaux . Au loin ,
trois mouches parlent aux tables et Berthe rit d'une pensée de Pascal .
Merveilleuse perturbation de l'atmosphère !
Une pensée de Pascal perturbe mon chapeau de paille et l'atmos-
phère pratiquement me parle . Trois mouches vermeilles et merveilleuses
se souviennent des tables où Berthe au loin rit ...
l'atmosphère . Berthe me parle , au loin rit , et trois mouches vermeilles
et merveilleuses bourdonnent contre nos chapeaux de paille . Je me
souviens d'une pensée de Pascal .
Je me souviens des mots de paille contre nos chapeaux . Au loin ,
trois mouches parlent aux tables et Berthe rit d'une pensée de Pascal .
Merveilleuse perturbation de l'atmosphère !
Une pensée de Pascal perturbe mon chapeau de paille et l'atmos-
phère pratiquement me parle . Trois mouches vermeilles et merveilleuses
se souviennent des tables où Berthe au loin rit ...
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