- Dieu . Il regarde la terre à travers les lentilles d'une lunette astronomique . C'est
un modèle du XVIIe siècle mais la vision de Dieu est telle qu'elle lui permet de voir
dans le détail ce qui se passe sur le périphérique-est entre la Porte de la Chapelle et
la Porte d'Italie : "Une heure vingt de la Chapelle à la Porte d'Italie !"
- Ève . Elle est assise dans un coin de l'atelier où furent créées toutes choses :
"Qu'est-ce que tu dis ?"
- Dieu : "Je dis que c'est la pagaille !"
- Ève : "C'est quoi la pagaille ?"
- Dieu , sans quitter l'oculaire : "C'est le contraire de l'harmonie … pfff ! … rien que
dans la région : 160 kms de bouchons cumulés !! … tu te rends compte !?"
- Ève : "C'est quoi des bouchons ?"
- Dieu : "Tes descendants , Ève …"
- Ève : "Caïn et Abel ?"
- Dieu : "Les descendants de tes descendants … ils sont en vacances … ils vont à la
montagne … tous et en même temps !"
- Ève : "……….?….."
- Dieu , à nouveau rivé à l'oculaire : "Pic de pollution au dioxyde d'azote : 8 … c'est
mauvais … micro-particules : 7 … c'est pas bon …"
- Ève : "Qu'est-ce qu'ils vont faire à la montagne ? … moi , j'aime pas la montagne :
ça monte"
- Dieu : "Eux , ça leur plaît … mais c'est pour descendre …"
- Ève : "Faut d'abord monter pour descendre"
- Dieu . Il zoome sur la Porte de Bagnolet : "Tes descendants ont inventé un truc :
le tire-fesses"
- Ève . Elle rit : "Oh ! … ça doit être amusant ! … tu m'en f'ras un ?"
- Dieu . Zoom sur la Porte de Charenton : "Tu sais , Ève , tout ça est assez bébête …
et ça coûte cher à la Sécurité Sociale ! …"
lundi 30 mai 2016
COTE 137 . 59 . UN INSECTE
Nous avions entendu parler de ces nettoyeurs de fortins . J'étais en patrouille avec
Martial quand nous en vîmes un . Le soir tombait . Il pleuvait . L'obscurité envahissait
les boyaux à-demi effondrés . Celui-ci travaillait en solitaire . Nous le suivîmes en
rampant de trou en trou . Nous aurions pu l'abattre mais deux entomologistes écrasent-
ils une bestiole jamais vue au lieu de l'observer avec passion ? . Il marchait courbé et
portait sur le dos deux bonbonnes . Il s'appuyait d'une patte sur les parois boueuses .
Lentement , précautionneusement , il enjambait ces choses qui traînent au fond d'une
tranchée abandonnée : ferrailles , barbelés , pieux , sacs , cadavres . Puis il s'arrêtait
comme aux aguets et se remettait en marche . On voyait briller les détendeurs de ses
bouteilles . A l'entrée de ce qui restait d'une casemate , il explorait prudemment l'endroit
avec sa trompe … Alors , en même temps qu'un bruit de souffle , un jet de flammes
incendiait l'abri .
- Martial chuchotant (nous étions à vingt mètres de l'insecte) : "… Comment appelle-t-
on cet animal cracheur de feu ?"
- Moi : "……………?…………"
- Martial , plus bas encore : "Tu sais bien ! … un animal cracheur de feu … comment
l'appelle-t-on ?"
L'insecte avait repris sa marche prudente et fureteuse . Sa trompe allait d'un bord à
l'autre du boyau . Elle reniflait chaque interstice et crachait son feu dans tout ce qui
ressemblait à une excavation .
- Moi : "Je ne vois pas de quel animal tu parles … un animal cracheur de feu ?"
- Martial , à mon oreille : "Dragon … dragon …"
- Moi : "Martial ! … un dragon est un animal fantastique ! … il n'en existe pas dans
la nature …"
- Martial , me donnant du coude dans les côtes et du menton vers le nettoyeur de
fortins : "Et celui-là … tu ne l'as pas sous les yeux !?"
Martial quand nous en vîmes un . Le soir tombait . Il pleuvait . L'obscurité envahissait
les boyaux à-demi effondrés . Celui-ci travaillait en solitaire . Nous le suivîmes en
rampant de trou en trou . Nous aurions pu l'abattre mais deux entomologistes écrasent-
ils une bestiole jamais vue au lieu de l'observer avec passion ? . Il marchait courbé et
portait sur le dos deux bonbonnes . Il s'appuyait d'une patte sur les parois boueuses .
Lentement , précautionneusement , il enjambait ces choses qui traînent au fond d'une
tranchée abandonnée : ferrailles , barbelés , pieux , sacs , cadavres . Puis il s'arrêtait
comme aux aguets et se remettait en marche . On voyait briller les détendeurs de ses
bouteilles . A l'entrée de ce qui restait d'une casemate , il explorait prudemment l'endroit
avec sa trompe … Alors , en même temps qu'un bruit de souffle , un jet de flammes
incendiait l'abri .
- Martial chuchotant (nous étions à vingt mètres de l'insecte) : "… Comment appelle-t-
on cet animal cracheur de feu ?"
- Moi : "……………?…………"
- Martial , plus bas encore : "Tu sais bien ! … un animal cracheur de feu … comment
l'appelle-t-on ?"
L'insecte avait repris sa marche prudente et fureteuse . Sa trompe allait d'un bord à
l'autre du boyau . Elle reniflait chaque interstice et crachait son feu dans tout ce qui
ressemblait à une excavation .
- Moi : "Je ne vois pas de quel animal tu parles … un animal cracheur de feu ?"
- Martial , à mon oreille : "Dragon … dragon …"
- Moi : "Martial ! … un dragon est un animal fantastique ! … il n'en existe pas dans
la nature …"
- Martial , me donnant du coude dans les côtes et du menton vers le nettoyeur de
fortins : "Et celui-là … tu ne l'as pas sous les yeux !?"
dimanche 29 mai 2016
LE ROI DES BELGES (suite) . L'ÉTAT DE ROI
Je voulus être un grand roi . Je commençai par révoquer les ministres et n'en
nommai aucun en remplacement puisque j'avais décidé de régner en monarque
absolu . Mes chevilles avaient enflé et par les portes du Grand Salon Blanc , je
peinais à passer ma tête couronnée . L'air comprimé qui pressait mes tempes me
donnait d'atroces céphalées (aérocéphalées) et je souffrais en conséquence d'hy-
pertension neuronale : la compression des neurones en un point P du cerveau
est si intense qu'elle empêche toute forme de rayonnement . C'est comme les trous
noirs en astronomie diagnostiqua Astrid en passant l'aspirateur et elle me conseilla
de faire ce que font d'habitude les Rois des Belges : s'occuper de leurs oignons ,
par exemple et au hasard , repeindre la Salle des Glaces ou tondre le gazon du
Petit Jardin à la Française , choses que j'avais accomplies en petit avec abnégation
dans ma vie parallèle sous la férule de Madame Tartempion . Or , j'en avais assez
des tyrans domestiques - je fis remarquer au Grand Chambellan que le mot tyran
n'a pas de féminin ; sur le champ , j'en inventai un dans le genre carnivore :
tyranosette - j'étais emporté par de grands desseins aussi m'enfermai-je à double
tour (don't disturb) dans mon cabinet de travail et concoctai entre ses pesantes
tentures un magnifique projet : reconquérir le Congo et les mines du Haut-Katanga .
(à suivre)
vendredi 27 mai 2016
TROIS MOUCHES 60 . DES LECTEURS DISCOURENT SUR LA MÉTHODE
"Si les fous écrivaient des livres , ils n'auraient pas moins de lecteurs que les
autres" . Berthe se retourna en chassant les trois mouches vermeilles et merveil-
leuses qui bourdonnaient contre son chapeau de paille . "Qui a dit ça ?" , deman-
da-t-elle . "Descartes" , répondis-je .
Trois fous retournaient des cartes dans un chapeau de paille où bourdonnaient
des mouches . "Nous écrirons des livres merveilleux" , dirent-ils à Berthe qui
répondit : "Vous chasserez vos lecteurs !"
Berthe retourna l'une des cartes . Il y en avait trois vermeilles sur son livre et les
autres étaient dans son chapeau de paille . "Que chasse l'écrivain et qui bourdonne ?" ,
demanda-t-elle . "Les lecteurs et les mouches" , répondis-je .
autres" . Berthe se retourna en chassant les trois mouches vermeilles et merveil-
leuses qui bourdonnaient contre son chapeau de paille . "Qui a dit ça ?" , deman-
da-t-elle . "Descartes" , répondis-je .
Trois fous retournaient des cartes dans un chapeau de paille où bourdonnaient
des mouches . "Nous écrirons des livres merveilleux" , dirent-ils à Berthe qui
répondit : "Vous chasserez vos lecteurs !"
Berthe retourna l'une des cartes . Il y en avait trois vermeilles sur son livre et les
autres étaient dans son chapeau de paille . "Que chasse l'écrivain et qui bourdonne ?" ,
demanda-t-elle . "Les lecteurs et les mouches" , répondis-je .
DESMOND 55 . L5
- Voix geignarde du Président par l'interphone : "Desmond , je vous en prie …
montez … tout de suite … dans mon studio"
Je me précipite . Le studio du Président est une petite pièce contiguë au Bureau
Ovale . Je frappe .
- Le Président , plaintif : "Come in ! … entrez Desmond !"
Il est étendu sur le lit de repos . Il grimace .
- Moi : "Mister President ! … what's happening ?"
- Lui : "C'est idiot … j'ai voulu changer une ampoule … damn'it ! … un faux mou-
vement … c'est mon dos … la L5 ..;"
- Moi , les bras ballants comme un crétin : "Que puis-je faire ?"
- Lui : "Desmond … je reçois Kossyguine dans dix minutes … l'accord S.A.L.T …
il faut que j'aie l'air en forme …"
- Moi : "J'appelle le Docteur Riland"
- Lui , à l'agonie : "En vacances à Zaretché … Brejnev lui a prêté sa datcha"
- Moi : "Kissinger ?"
- Lui : "A Moscou … Anti-Balistic-Treaty …"
- Moi : "………………….."
- Lui . Il me prend la main : "Desmond , nous allons nous débrouiller tout seuls"
Il se contorsionne et s'allonge sur le ventre en gémissant : "Retirez-moi cette foutue
veste" . Je l'aide , il halète : "Relevez ma chemise … tirez sur mon pantalon"
J'hésite .
- Lui : "Ah , Desmond ! … for Christ's sake ! … j'ai un cul comme tout le monde ! …"
La naissance des fesses du Président des États-Unis .
- Lui : "C'est une lombaire … toujours la même … la L5 … le sacrum … allez-y avec
votre pouce , un coup sec ! … buck up ! … l'Amérique vous regarde , Desmond !"
J'appuie là , de toutes mes forces , avec mon pouce .
- Lui . Il hurle : "Aïe !!! … Desmond , vous m'avez fait un mal de chien !"
- Moi : "Oh , Mister President … I'm so sorry !"
- Lui . Il s'asseoit sur le bord du lit et teste l'empilement de ses vertèbres : "Desmond ,
vous êtes un as ! … I'm at the top of my form ! … let's fight it out , Kossyguine !"
montez … tout de suite … dans mon studio"
Je me précipite . Le studio du Président est une petite pièce contiguë au Bureau
Ovale . Je frappe .
- Le Président , plaintif : "Come in ! … entrez Desmond !"
Il est étendu sur le lit de repos . Il grimace .
- Moi : "Mister President ! … what's happening ?"
- Lui : "C'est idiot … j'ai voulu changer une ampoule … damn'it ! … un faux mou-
vement … c'est mon dos … la L5 ..;"
- Moi , les bras ballants comme un crétin : "Que puis-je faire ?"
- Lui : "Desmond … je reçois Kossyguine dans dix minutes … l'accord S.A.L.T …
il faut que j'aie l'air en forme …"
- Moi : "J'appelle le Docteur Riland"
- Lui , à l'agonie : "En vacances à Zaretché … Brejnev lui a prêté sa datcha"
- Moi : "Kissinger ?"
- Lui : "A Moscou … Anti-Balistic-Treaty …"
- Moi : "………………….."
- Lui . Il me prend la main : "Desmond , nous allons nous débrouiller tout seuls"
Il se contorsionne et s'allonge sur le ventre en gémissant : "Retirez-moi cette foutue
veste" . Je l'aide , il halète : "Relevez ma chemise … tirez sur mon pantalon"
J'hésite .
- Lui : "Ah , Desmond ! … for Christ's sake ! … j'ai un cul comme tout le monde ! …"
La naissance des fesses du Président des États-Unis .
- Lui : "C'est une lombaire … toujours la même … la L5 … le sacrum … allez-y avec
votre pouce , un coup sec ! … buck up ! … l'Amérique vous regarde , Desmond !"
J'appuie là , de toutes mes forces , avec mon pouce .
- Lui . Il hurle : "Aïe !!! … Desmond , vous m'avez fait un mal de chien !"
- Moi : "Oh , Mister President … I'm so sorry !"
- Lui . Il s'asseoit sur le bord du lit et teste l'empilement de ses vertèbres : "Desmond ,
vous êtes un as ! … I'm at the top of my form ! … let's fight it out , Kossyguine !"
mercredi 25 mai 2016
LE ROI DES BELGES (suite) . COMMENT JE DEVINS LE HUITIÈME ROI DES BELGES
On se souvient qu'au château de Beloeil je tins Astrid sur mes genoux . Force
est de constater que je devins Roi des Belges par défaut : Madame Tartempion ,
folle de jalousie - je ne la prenais jamais sur mes genoux - mais par ailleurs fascinée
par la banque , s'éloigna de moi . Elle épousa Lorenz et entra par ce biais matrimonial
dans la famille de Habsburg . Elle porta désormais les titres de Duchesse de Modène ,
Princesse impériale d'Autriche , de Hongrie , de Croatie , de Bohême , qu' elle
adjoignit à la distinction d'académicienne de Tournai , ville où elle exerçait avec
succès le métier de sculpteuse de bouteilles en plastique (cf "Le rideau de douche"
2.20 x 0.85m plastique Evian-Contrex . Mai 2013) . Une von Habsburg-Lothringen
ça en jetait plus dans les expos qu'une modeste Tartempion ! . Quant à Astrid , j'aurais
fait injure à sa pneumaticité si je ne l'avais demandée en mariage . Comme elle n'avait
pas d'autre solution sous la main , elle saisit celle qu'elle avait sous les fesses et accepta
de m'épouser . Or , depuis l'abrogation de la primogéniture masculine , elle était le
numéro six de la succession au Trône et , par un funeste concours de circonstances ,
elle s'en trouva bientôt au pied : la Duchesse de Brabant , Elizabeth , se prit les
socquettes dans sa corde à sauter , Gabriel fit une erreur dans l'appréciation du feu
tricolore au carrefour de la rue de Dinant et de la Celebroerstraat , Emmanuel mourut
d'un excès d'acides gras volatils dans le caeco-colon et , devant le Palais Royal , Eleanor
traversa à l'heure de pointe la rue Brederode hors du passage pour piétons . Comme
Astrid voulait se consacrer aux taches ménagères , elle profita d'un flou dans les règles
de succession pour me filer le job . Je régnai donc sous le nom de Couteau A Droite
(CAD) Ier , 8e Roi des Belges et je tenais dans le même temps l'Archiduché d'Autriche-
Este et le Comté de Sailly-les-Lannoy (59390) . Je nommai mon ami Eric de la Jonquille
au poste de Grand Chambellan ; son épouse , la fée Christiane de la Jonquille , demeura
dans le ciel mon instructrice préférée .
(à suivre)
est de constater que je devins Roi des Belges par défaut : Madame Tartempion ,
folle de jalousie - je ne la prenais jamais sur mes genoux - mais par ailleurs fascinée
par la banque , s'éloigna de moi . Elle épousa Lorenz et entra par ce biais matrimonial
dans la famille de Habsburg . Elle porta désormais les titres de Duchesse de Modène ,
Princesse impériale d'Autriche , de Hongrie , de Croatie , de Bohême , qu' elle
adjoignit à la distinction d'académicienne de Tournai , ville où elle exerçait avec
succès le métier de sculpteuse de bouteilles en plastique (cf "Le rideau de douche"
2.20 x 0.85m plastique Evian-Contrex . Mai 2013) . Une von Habsburg-Lothringen
ça en jetait plus dans les expos qu'une modeste Tartempion ! . Quant à Astrid , j'aurais
fait injure à sa pneumaticité si je ne l'avais demandée en mariage . Comme elle n'avait
pas d'autre solution sous la main , elle saisit celle qu'elle avait sous les fesses et accepta
de m'épouser . Or , depuis l'abrogation de la primogéniture masculine , elle était le
numéro six de la succession au Trône et , par un funeste concours de circonstances ,
elle s'en trouva bientôt au pied : la Duchesse de Brabant , Elizabeth , se prit les
socquettes dans sa corde à sauter , Gabriel fit une erreur dans l'appréciation du feu
tricolore au carrefour de la rue de Dinant et de la Celebroerstraat , Emmanuel mourut
d'un excès d'acides gras volatils dans le caeco-colon et , devant le Palais Royal , Eleanor
traversa à l'heure de pointe la rue Brederode hors du passage pour piétons . Comme
Astrid voulait se consacrer aux taches ménagères , elle profita d'un flou dans les règles
de succession pour me filer le job . Je régnai donc sous le nom de Couteau A Droite
(CAD) Ier , 8e Roi des Belges et je tenais dans le même temps l'Archiduché d'Autriche-
Este et le Comté de Sailly-les-Lannoy (59390) . Je nommai mon ami Eric de la Jonquille
au poste de Grand Chambellan ; son épouse , la fée Christiane de la Jonquille , demeura
dans le ciel mon instructrice préférée .
(à suivre)
LE ROI DES BELGES (suite) . L'INCIDENT DES CHAISES
(ou comment j'entrai dans un circuit de photons parallèle)
C'était juste avant que l'orchestre attaque les premières mesures du Sacre du Printemps .
En qualité de Very Importantes Personnes , on nous avait gardé deux chaises . Une erreur
de l'organisateur fit que ces deux chaises réservées au nom de Madame et Monsieur Tar-
tempion étaient dévolues à l'Archiduchesse Astrid et son mari Lorenz . L'affaire , certes
épineuse aux plans de la préséance (Madame Tartempion et moi ne sommes pas archi-
ducs !) , et des Droits de l'Homme (en effet , les hommes sont égaux en droit et , particu-
lièrement , chacun a droit à une chaise où poser son cul et aucun titre d'aucune sorte ne
saurait circonvenir cette prérogative imprescriptible !) , l'affaire se régla entre gens du
monde à la façon des gens du monde :
- "Madame Tartempion … Monsieur Tartempion"
- "Enchantés ! … Astrid , Archiduchesse d'Autriche-Este"
- "Enchantés , Madame …"
- "Mon mari : Lorenz von Habsburg-Lothringen …"
- "Enchantés , Monsieur … j'ai bien connu une Habsbourg … elle tenait une brasserie à
Bazas (Lot et Garonne) … ah , ce n'est pas la même branche ? … une Savoie-Aoste ,
dites-vous ? … non , pas que je sache …"
- "et bla-bla-bla …"
Lorenz (on s'appela par nos prénoms … Lorenz , Astrid , pas de chichis) nous expliqua
qu'il était en retard car il avait crevé avec sa "véwé" et n'était pas un as en pose de rustines .
Lui , c'était plutôt la banque … Astrid , Dieu merci , lui avait monté le cric et on n'allait pas
faire une histoire avec ces deux chaises ! . Nous convînmes de les partager . Astrid poserait
son derrière sur mes genoux et Madame Tartempion le sien sur ceux de Lorenz , Prince de
Croatie , de Hongrie et de Bohême .
Le Sacre du Printemps fut pour les oreilles une merveille et Astrid se révéla prodigieuse-
ment pneumatique .
(à suivre)
C'était juste avant que l'orchestre attaque les premières mesures du Sacre du Printemps .
En qualité de Very Importantes Personnes , on nous avait gardé deux chaises . Une erreur
de l'organisateur fit que ces deux chaises réservées au nom de Madame et Monsieur Tar-
tempion étaient dévolues à l'Archiduchesse Astrid et son mari Lorenz . L'affaire , certes
épineuse aux plans de la préséance (Madame Tartempion et moi ne sommes pas archi-
ducs !) , et des Droits de l'Homme (en effet , les hommes sont égaux en droit et , particu-
lièrement , chacun a droit à une chaise où poser son cul et aucun titre d'aucune sorte ne
saurait circonvenir cette prérogative imprescriptible !) , l'affaire se régla entre gens du
monde à la façon des gens du monde :
- "Madame Tartempion … Monsieur Tartempion"
- "Enchantés ! … Astrid , Archiduchesse d'Autriche-Este"
- "Enchantés , Madame …"
- "Mon mari : Lorenz von Habsburg-Lothringen …"
- "Enchantés , Monsieur … j'ai bien connu une Habsbourg … elle tenait une brasserie à
Bazas (Lot et Garonne) … ah , ce n'est pas la même branche ? … une Savoie-Aoste ,
dites-vous ? … non , pas que je sache …"
- "et bla-bla-bla …"
Lorenz (on s'appela par nos prénoms … Lorenz , Astrid , pas de chichis) nous expliqua
qu'il était en retard car il avait crevé avec sa "véwé" et n'était pas un as en pose de rustines .
Lui , c'était plutôt la banque … Astrid , Dieu merci , lui avait monté le cric et on n'allait pas
faire une histoire avec ces deux chaises ! . Nous convînmes de les partager . Astrid poserait
son derrière sur mes genoux et Madame Tartempion le sien sur ceux de Lorenz , Prince de
Croatie , de Hongrie et de Bohême .
Le Sacre du Printemps fut pour les oreilles une merveille et Astrid se révéla prodigieuse-
ment pneumatique .
(à suivre)
lundi 23 mai 2016
LE ROI DES BELGES (suite) . RÉCEPTION AU CHÂTEAU
On nous attendait . Des troupes de gendarmes à pied - je regrettais qu'ils ne fussent
montés ou , à défaut , armés de hallebardes à la manière vaticane - arboraient des casa-
ques jaune fluo et agitaient au-dessus de leur tête des bâtons électrifiés . Dès que nous
eûmes posé sur le tableau de bord la carte VIP , sorte de sésame , ils nous ouvrirent une
route déserte ou - au moins - débarrassée des manants à qui étaient réservées en guise de
parking des pâtures cabossées situées au diable vauvert . Nous garâmes notre automobile
Renault type "Modus" (comme modeste) entre une berline rouge de marque italienne et
un cabriolet noir franchement germanique . A peine avions nous posé nos quatre pieds
sur un sensationnel gazon que des hôtesses de haut niveau triées sur un volet anthropo-
métrique nous portèrent avec les précautions qu'on prend avec la porcelaine de Saxe vers
la grille du château de Beloeil et nous mirent entre les ongles manucurés d'autres dames
aussi admirablement emballées . Ces nouvelles créatures nous saisirent les poignets car ,
disaient-elles , le bracelet rose inamovible qu'elles y fixaient devait nous distinguer du
commun puisqu'il était prouvé par la carte VIP que nous étions doués de distinction .
Cette menotte ranima en moi un souvenir obstétrique car j'avais porté en 1947 - c'était
dans une maternité - un bracelet de modèle approchant mais de couleur bleue . Puis ,
ainsi affublés de ce signe d'incontestable noblesse , les dames nous poussèrent dans le
tohu-bohu des gens ordinaires et , bien que nous cheminions sous un régime de monar-
chie constitutionnelle dans le parc d'un Prince ruiné par l'abolition des privilèges et afin
de les soustraire à l'envie , voire à la hargne du bon peuple , nous plongeâmes nos bra-
celets roses et la carte VIP au fond de nos poches . Toute la journée , nous déambulâmes
incognito entre bassins , parterres et bosquets et goutâmes au plaisir de n'être connus de
personne jusqu'à cet incident des chaises …
(à suivre)
montés ou , à défaut , armés de hallebardes à la manière vaticane - arboraient des casa-
ques jaune fluo et agitaient au-dessus de leur tête des bâtons électrifiés . Dès que nous
eûmes posé sur le tableau de bord la carte VIP , sorte de sésame , ils nous ouvrirent une
route déserte ou - au moins - débarrassée des manants à qui étaient réservées en guise de
parking des pâtures cabossées situées au diable vauvert . Nous garâmes notre automobile
Renault type "Modus" (comme modeste) entre une berline rouge de marque italienne et
un cabriolet noir franchement germanique . A peine avions nous posé nos quatre pieds
sur un sensationnel gazon que des hôtesses de haut niveau triées sur un volet anthropo-
métrique nous portèrent avec les précautions qu'on prend avec la porcelaine de Saxe vers
la grille du château de Beloeil et nous mirent entre les ongles manucurés d'autres dames
aussi admirablement emballées . Ces nouvelles créatures nous saisirent les poignets car ,
disaient-elles , le bracelet rose inamovible qu'elles y fixaient devait nous distinguer du
commun puisqu'il était prouvé par la carte VIP que nous étions doués de distinction .
Cette menotte ranima en moi un souvenir obstétrique car j'avais porté en 1947 - c'était
dans une maternité - un bracelet de modèle approchant mais de couleur bleue . Puis ,
ainsi affublés de ce signe d'incontestable noblesse , les dames nous poussèrent dans le
tohu-bohu des gens ordinaires et , bien que nous cheminions sous un régime de monar-
chie constitutionnelle dans le parc d'un Prince ruiné par l'abolition des privilèges et afin
de les soustraire à l'envie , voire à la hargne du bon peuple , nous plongeâmes nos bra-
celets roses et la carte VIP au fond de nos poches . Toute la journée , nous déambulâmes
incognito entre bassins , parterres et bosquets et goutâmes au plaisir de n'être connus de
personne jusqu'à cet incident des chaises …
(à suivre)
LE ROI DES BELGES . POURQUOI JE RÉGNAI SOUS LE NOM DE COUTEAU À DROITE Ier (suite)
Un soir , dans mon faisceau paisible de retraité , je dressai la table pour une modeste
réception . J'avais tendu une nappe blanche brodée par je ne sais quelle aïeule et disposé
six assiettes à deux centimètres du bord de la table comme la tradition me l'avait enseigné .
mais je demeurais irrésolu : les couverts que je ne savais où poser zigzaguaient stupide-
ment au bout de mes mains indécises dans l'éther mécanique de la salle à manger qui ne
me proposait ni solutions ni recommandations . Alors (sans doute avait-elle échappé à
son propre rayonnement de lumière et traversé sans s'en rendre compte la fantomatique
frontière franco-belge) , une fée wallonne m'apparut . Son nom : Christiane . Son champ
d'action dans le domaine des fées : les manières de table . Par petits coups étincelants de
sa baguette magique , elle dessina sur le damas de la nappe le plan d'un dîner raffiné : les
fourchettes à gauche de l'assiette par ordre de taille décroissante , pointes tournées avec
déférence sur la serviette pliée , les verres à eau et à vin formaient un triple front de
cristal , entre ce diadème et l'assiette , le couteau à fromage , la cuiller à café et la four-
chette à dessert , à droite enfin , protégés par le bouclier de la cuiller à soupe , les trois
couteaux alignés telles les hampes de l'escorte royale à cheval . J'appris par le Who's who
in Belgium que cette fée - la fée Christiane - est l'épouse d'un échalas habituellement vêtu
d'un T-shirt jaune vif et d'un short vert feuillage . Pour cette caractéristique vestimentaire
(et je suppose pour quelque service mémorable rendu à la nation) , il fut anobli par
Baudoin et devint pour tous Eric de la Jonquille . Eric , on le verra , sera mon Grand
Chambellan et il me succédera sur le trône de Belgique comme Eric Ier . Mais , pour
l'heure , c'est à droite de l'assiette que je posai mes humbles couteaux . Les couteaux
à droite !! . Christiane m'inspira ce moyen mnémotechnique : puisque j'étais Roi des
Belges dans un univers parallèle , je conduirai mon peuple sous le nom de Couteau
A Droite (CAD) Ier …
(à suivre)
réception . J'avais tendu une nappe blanche brodée par je ne sais quelle aïeule et disposé
six assiettes à deux centimètres du bord de la table comme la tradition me l'avait enseigné .
mais je demeurais irrésolu : les couverts que je ne savais où poser zigzaguaient stupide-
ment au bout de mes mains indécises dans l'éther mécanique de la salle à manger qui ne
me proposait ni solutions ni recommandations . Alors (sans doute avait-elle échappé à
son propre rayonnement de lumière et traversé sans s'en rendre compte la fantomatique
frontière franco-belge) , une fée wallonne m'apparut . Son nom : Christiane . Son champ
d'action dans le domaine des fées : les manières de table . Par petits coups étincelants de
sa baguette magique , elle dessina sur le damas de la nappe le plan d'un dîner raffiné : les
fourchettes à gauche de l'assiette par ordre de taille décroissante , pointes tournées avec
déférence sur la serviette pliée , les verres à eau et à vin formaient un triple front de
cristal , entre ce diadème et l'assiette , le couteau à fromage , la cuiller à café et la four-
chette à dessert , à droite enfin , protégés par le bouclier de la cuiller à soupe , les trois
couteaux alignés telles les hampes de l'escorte royale à cheval . J'appris par le Who's who
in Belgium que cette fée - la fée Christiane - est l'épouse d'un échalas habituellement vêtu
d'un T-shirt jaune vif et d'un short vert feuillage . Pour cette caractéristique vestimentaire
(et je suppose pour quelque service mémorable rendu à la nation) , il fut anobli par
Baudoin et devint pour tous Eric de la Jonquille . Eric , on le verra , sera mon Grand
Chambellan et il me succédera sur le trône de Belgique comme Eric Ier . Mais , pour
l'heure , c'est à droite de l'assiette que je posai mes humbles couteaux . Les couteaux
à droite !! . Christiane m'inspira ce moyen mnémotechnique : puisque j'étais Roi des
Belges dans un univers parallèle , je conduirai mon peuple sous le nom de Couteau
A Droite (CAD) Ier …
(à suivre)
samedi 21 mai 2016
LE ROI DES BELGES . AVANT-PROPOS
Qu'un chat au pelage tigré soit à la fois mort et vivant , les lois de la physique
quantique le suggèrent ; notre univers ne serait que l'un des univers possibles . Il
est probable , nous disent-elles , que tout un chacun (vous - moi) - à son insu -
circule dans des faisceaux parallèles de lumière car la position et la vitesse d'une
particule sont indéterminées . Fort de ce savoir acquis dans des revues de vulga-
risation scientifique , j'échafaudai un stratagème pour entrer dans un rayon voisin
du mien bien que ce fut en théorie impossible . Pourtant , sans perdre conscience
que j'étais un paisible retraité à peu près inconnu de tous , je me faufilai entre chiens
et loups dans une grappe de photons où j'étais Roi des Belges . On prétend - (on :
les médecins et les prêtres) - que cette faculté d'être à la fois celui-ci et celui-là
(exemples : retraité et Roi des Belges ou Monsieur Tartempion et Jacques Brel)
est le propre de ces populations de l'illusion : les fous et les prophètes ; or ,
messieurs les psychiatres , je ne souffre pas d'un trouble dissociatif de la personnalité ;
et non , messieurs les prêtres , je n'ai pas vocation à annoncer la Parole de Dieu et
moins encore à me prendre pour Lui . J'étais , comme le chat de Schrödinger mort
et vif , pensionné français dans un espace A et , dans un espace B sous le nom de
Couteau à Droite Ier , Roi des Belges .
(à suivre)
quantique le suggèrent ; notre univers ne serait que l'un des univers possibles . Il
est probable , nous disent-elles , que tout un chacun (vous - moi) - à son insu -
circule dans des faisceaux parallèles de lumière car la position et la vitesse d'une
particule sont indéterminées . Fort de ce savoir acquis dans des revues de vulga-
risation scientifique , j'échafaudai un stratagème pour entrer dans un rayon voisin
du mien bien que ce fut en théorie impossible . Pourtant , sans perdre conscience
que j'étais un paisible retraité à peu près inconnu de tous , je me faufilai entre chiens
et loups dans une grappe de photons où j'étais Roi des Belges . On prétend - (on :
les médecins et les prêtres) - que cette faculté d'être à la fois celui-ci et celui-là
(exemples : retraité et Roi des Belges ou Monsieur Tartempion et Jacques Brel)
est le propre de ces populations de l'illusion : les fous et les prophètes ; or ,
messieurs les psychiatres , je ne souffre pas d'un trouble dissociatif de la personnalité ;
et non , messieurs les prêtres , je n'ai pas vocation à annoncer la Parole de Dieu et
moins encore à me prendre pour Lui . J'étais , comme le chat de Schrödinger mort
et vif , pensionné français dans un espace A et , dans un espace B sous le nom de
Couteau à Droite Ier , Roi des Belges .
(à suivre)
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