(ou comment j'entrai dans un circuit de photons parallèle)
C'était juste avant que l'orchestre attaque les premières mesures du Sacre du Printemps .
En qualité de Very Importantes Personnes , on nous avait gardé deux chaises . Une erreur
de l'organisateur fit que ces deux chaises réservées au nom de Madame et Monsieur Tar-
tempion étaient dévolues à l'Archiduchesse Astrid et son mari Lorenz . L'affaire , certes
épineuse aux plans de la préséance (Madame Tartempion et moi ne sommes pas archi-
ducs !) , et des Droits de l'Homme (en effet , les hommes sont égaux en droit et , particu-
lièrement , chacun a droit à une chaise où poser son cul et aucun titre d'aucune sorte ne
saurait circonvenir cette prérogative imprescriptible !) , l'affaire se régla entre gens du
monde à la façon des gens du monde :
- "Madame Tartempion … Monsieur Tartempion"
- "Enchantés ! … Astrid , Archiduchesse d'Autriche-Este"
- "Enchantés , Madame …"
- "Mon mari : Lorenz von Habsburg-Lothringen …"
- "Enchantés , Monsieur … j'ai bien connu une Habsbourg … elle tenait une brasserie à
Bazas (Lot et Garonne) … ah , ce n'est pas la même branche ? … une Savoie-Aoste ,
dites-vous ? … non , pas que je sache …"
- "et bla-bla-bla …"
Lorenz (on s'appela par nos prénoms … Lorenz , Astrid , pas de chichis) nous expliqua
qu'il était en retard car il avait crevé avec sa "véwé" et n'était pas un as en pose de rustines .
Lui , c'était plutôt la banque … Astrid , Dieu merci , lui avait monté le cric et on n'allait pas
faire une histoire avec ces deux chaises ! . Nous convînmes de les partager . Astrid poserait
son derrière sur mes genoux et Madame Tartempion le sien sur ceux de Lorenz , Prince de
Croatie , de Hongrie et de Bohême .
Le Sacre du Printemps fut pour les oreilles une merveille et Astrid se révéla prodigieuse-
ment pneumatique .
(à suivre)
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