Si j'étais milliardaire , j'achèterais un château en ruines au nord-ouest de
l'Écosse , où on ne peut pas aller plus au nord et plus à l'ouest et où il pleut
360 jours par an . Je passerais mon temps à remuer des bassines sous les
fuites du toit et , bien entendu , je logerais dans la tour de noroît , celle qui
fait face aux tempêtes . Je serais une sorte de vigie : j'annoncerais à mes
contemporains leurs dépressions futures , un job paisible qui n'aurait besoin
d'autre outil qu'une flasque de Caol Ilo 18 ans d'âge . J"adosserais mon uni-
vers à une énorme cheminée où brûleraient pour l'éternité des briquettes de
tourbe . Les murs de mon donjon seraient tapissés d'oeuvres de fiction et de
portraits d'ancêtres . Je vivrais de fantasmes et de rêves impossibles .
Pendant les cinq jours que dure ici l'été , j'inviterais mes amis milliardaires .
Je serais à l'heure dite sur le quai de Killargray où accoste le ferry d'Ascrik
Bay et je les emmènerais avec leurs valises dans un Landcruiser hors d'âge .
Sur la corniche , nous pourrions admirer mes immenses ciels de traîne ; ça
les changerait de ces mers d'Égypte , idiotes et toujours bleues .
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