J'aimais terminer mon quart avant le crépuscule . Alors , je m'asseyais sur
une passerelle ouest , le dos appuyé à la tôle du Kritik qui - après le bagne de
la salle des machines - diffusait sa vibration tranquille dans mes vertèbres et
l'infinité des nerfs qui stimulent mais aussi apaisent un corps .
J'assistais à la déclination du jour ; j'avais en tête le basculement de la terre
sur son axe , l'océan retenu à ses abysses par la force de gravité et , à l'antipode
de ce coin de mer où je naviguais , mes pommiers derrière Koenigsberg éveillant
à cette heure même leurs pâles verdeurs . Je croisais les bras et j'admirais les
colonnes solaires ou les parhélies dont Krant m'avait dévoilé les secrets et la
connivence qu'ils ont avec les cristaux de la haute atmosphère , ou la frange
ocre entre les nuages et l'horizon et ses bordures dentelées comme une couronne
d'or quand le temps allait à l'orage .
A Koenigsberg , mon lopin de terre mouillé de rosée … mes pommiers … le
lever de soleil sur la Baltique … j'aimais ce moment de mélancolie …
Krant , sur la passerelle supérieure : "Ah , chef ! … c'est à Koenigsberg que
vous pensez …"
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