Mon nom est Friedrich Rausenberger , Doktor Rausenberger , Professeur à
l'École d'Artillerie de Charlottenburg . Dans ma vie , j'ai eu deux motifs de satis-
faction et une énorme (kolossal!) désillusion :
Meine zwei Zufriedenheiten :
1°/ J'ai écrit un bouquin pour vrais hommes , prussiens et moustachus : "Theorie
der Rohmücklaufgeshütze" . On ne l'a pas traduit en français et pour cause , mais
ça donnerait à peu près : "Théorie du recul des canons" . En Prusse , il a fait un
tabac (ein Tabak zu machen) .
2°/ Mon chef-d'oeuvre est un canon : Dicke Bertha . Après ma nomination de
Chef-constructeur (Konstrüktorführer) chez Krüpp , j'ai travaillé (Arbeit ! Schnell !)
sur le projet d'un obusier lourd et opté pour un canon à affût escamotable (ein
Ziehbarelafettenkanone) . Mon adjoint était le capitaine Becker , spécialiste en
balistique .
Ma déception (Ach ! meine Schlischischkeit !) : Alors que nos armées piétinaient
dans la boue (Fochpetinerenen) depuis trois ans sur une ligne Ypres-Verdun , le
Haut-Commandement ordonna (Schnell !) à Krüpp de bombarder Douvres depuis
la cour de l'usine . Becker fit ses calculs . Nous expédiâmes dans la stratosphère
une ogive aérodynamique de 1150 kg (Aérodynamischerkopf) de calibre 800 mm .
La portée se révéla bonne mais la dérive angulaire fausse : au lieu de Douvres , nous
écrabouillâmes (Schlafffffmarmeladeren) un obscur hameau de Loire-Atlantique (44) ,
La Croix du Gué , et sa boulangerie ...
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