La première fois que je vis Jim , c'était à Patusan . Son canot , piloté par un malais ,
émergea du pullulement coloré qui , malgré l'heure - il était cinq heures - nous cachait
la forme des quais , leurs pierres et leurs pieux au ras de l'eau . Nous entrions à peine
dans le port quand le canot nous aborda . Jim monta par l'échelle de cordes que nous
avions lancée sur le flanc du Kritik comme si c'eut été un escalier en marbre orné d'un
tapis rouge ; il l'escalada au pas de course , passa par-dessus la lisse et sauta sur le pont .
L'homme était grand ; il mesurait "six pieds à un pouce près" est-il écrit . Il était jeune ,
carré d'épaules et pratiquement vêtu comme un officier de marine : casquette et pantalons
blancs , veste bleue . Il souriait . Il salua Krant resté sur la passerelle d'un geste militaire
et Krant lui rendit son salut . Puis il joignit les mains et s'inclina devant Monsieur Lee
qui fit de même . Je devais assister à des retrouvailles car , si Monsieur Lee était sur le
pont à ce moment de la manoeuvre , c'est qu'il attendait quelqu'un . Monsieur Lee ,
buste penché vers l'avant , souriant immuablement , bras droit replié sur la poitrine ,
indiqua du gauche le chemin à suivre . Moi , je m'essuyais les mains sur un chiffon en
regardant s'éloigner par la large coursive du pont ce couple singulier : Monsieur Lee
en tablier de cuistot et le grand Jim qui le dépassait au moins de trois têtes .
Jim était ce commis maritime que nous allions rencontrer en d'autres lieux , plus tard
et plus à l'est .
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