jeudi 27 octobre 2016

KRANT 72 . LE COPRIS ESPAGNOL

    Krant est l'homme de l'infiniment grand - le ciel , la mer - et je suis celui de l'infiniment
petit . Je dis un jour à Krant que l'infinité du monde se trouve dans une mare derrière chez
moi car le capitaine s'étonnait qu'on pût se cloîtrer pour la vie dans le périmètre de si
petites parcelles .

    Je l'entrepris sur le Copris Espagnol . Je lui décrivis l'insecte courtaud , le terrier de la
grosseur d'une pomme signalé par une taupinée , le travail de cet enfouisseur du crépus-
cule , tirant sa récolte par brassées et à reculons avant de disparaître sous terre , et là ,
dans son antre à fond plat et aux parois de terre fraîche inlassablement lissées en voûte ,
le Copris façonnant des gâteaux ovoïdes avec les débris amassés , circulaires , ellipsoïdes
ou aplatis comme nos pains lettons , le Copris copulant , les moeurs de la mère et com-
ment elle enfouit ses oeufs et comment elle s'occupe de sa progéniture et comment elle
sort de terre aux premières pluies d'automne … j'étais intarissable … capitaine ! …
un monde de la grosseur d'une pomme !

- Krant , haussant les sourcils : "Chef ! … il y a tout ça dans la mare derrière chez vous !?"
- Moi : "Sur la berge ou dans l'eau , capitaine ! … c'en est le milliardième !"

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