Je me levai tôt car , si Sa Sainteté me recevait en audience privée , ce serait au point
du jour car Elle avait d'autres hallebardes à astiquer . Je me trouvai donc seul devant la
basilique Saint-Pierre à 6h du matin , coiffé de ma couronne . Un train de nuages en
charpie traversait l'esplanade à vitesse pontificale , haut dans le ciel déjà bleu et perdait
au fil de sa migration des fibres ouatées qui s'arrangeaient en archipels laiteux et fugaces .
L'un d'eux que je suivais des yeux et dont les îles dérivaient aggloméra leur limpidité en
un continent où je reconnus une sorte de papouasie . J'eus sur le champ le furieux désir
d'amarrer à mon propre tunnel de photons , celui de Roi des belges , cet autre où je serais
des papous le Souverain bien-aimé . Mais ma carte de visite ne portait pas ce titre et je ne
trouverais pas dans tout Rome une imprimerie ouverte à l'aube et assez réactive pour
composer en lettres d'or séance tenante que j'étais aussi Roi des papous . D'autant que si
le Pape m'accordait cette audience , c'est aussi que nous sommes compatriotes et sans
doute n'avait-il que faire des jungles embrouillées de Papouasie bien qu'il y eut là-bas
plus de catholiques que de casoars et que les sous-sols y continssent plus d'or que de
cuivre au Katanga . A 5h45 , je me présentai aux hallebardiers ; leur détecteur de métaux
détecta du métal . J'indiquai de l'index la couronne que j'avais sur le front . "C'est de l'or"
dis-je … "de l'or à 24 carats" et je m'impatientai : 'Messieurs , Notre Saint Père le Pape
Jacques Brel Ier (c'est le premier pape belge) m'attend !"
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