- "Dites-moi , chef … pourquoi allons-nous à Socotra ?"
Telle est la question que me posa Krant alors que nous débouquions dans le Golfe
d'Aden .
- Moi : "Mais … capitaine ! … pour charger du suc d'aloès ! … n'est-ce pas le but de ce
voyage ?"
Nous croisions un boutre qui remontait au vent , gitant sur son bordé , la voile pleine .
L'homme qui tenait la barre suivait des yeux le sillage fuyant du Kritik . Krant et moi ,
sur la passerelle , regardions l'homme , debout sur sa poupe , orientant son safran d'une
main qu'une expérience de mille ans avait rendu si légère qu'elle l'avait libérée de son poids .
- Krant : "Non … ce n'est pas pour charger l'aloès que nous allons à Socatra …"
Le boutre était loin maintenant et l'homme noir nous tournait le dos . Il visait , de sa
main sans poids aux angles imperceptibles , un village minuscule de la côte où , peut-être ,
il aborderait pour quelque trafic .
- Moi : "… Ah ? … mais qu'allons -nous faire à Socatra ?"
Le capitaine était debout sur la passerelle . J'étais derrière lui . Le Golfe d'Aden était
devant nous , vide . Je voyais les mains croisées de Krant et ses doigts s'agitaient .
- Krant : "N'êtes-vous pas fatigué de remuer dans votre tête ces abstractions ? … allons
trancher le noeud gordien"
- Moi . Dans ma vie maritime , j'avais fait avec les cordages toutes sortes de noeuds et
je ne connaissais pas celui-là : "…….?……. Quel est ce noeud , capitaine ? … je ne
connais pas de tel noeud …"
- Krant poursuivant son soliloque : "Retrouver les hommes , la vie grouillante , les tracas
du commerce … puisqu'ici , nous somme las de penser …"
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