- Soudain , Martial : "Vous n'avez rien remarqué , mon capitaine ?"
Nous sommes assis en rang d'oignons , adossés au talus de la tranchée , les bottes
plantées dans la boue . La pluie tombe , faible , lente et indifférente . Calme sur le front ;
à peine une canonnade lointaine parce qu'il faut bien détruire quelque chose quelque part .
C'est devenu une manie chez les artilleurs … une seconde nature .
- Le capitaine , debout à l'entrée de la casemate , dans notre alignement , boit un café :
"Non … quoi ? … remarqué quoi ?"
- Martial , à nous ses camarades : "Et vous … vous avez remarqué ?"
- Moi , pour nous tous : "Non , Martial … qu'est-ce qu'il y a de remarquable ?"
- Martial , mollement irrité : "C'est pourtant évident …"
- Nous : "………?………."
- Martial marmonne : "Cette stabilité "
- Le capitaine se tourne vers Martial : "Expliquez-vous , Martial … de quelle stabilité
parlez-vous ? … qu'est-ce qui est stable ?"
- Martial , après un long silence , comme s'il avait pesamment remué ses méninges :
"Tout est en équilibre"
Nous restons silencieux . La pluie tombe sur nos capotes en faisant des ploc-ploc .
L'observation de Martial nous pénètre sans nous atteindre : elle est incompréhensible .
- Cependant , le capitaine soucieux d'en savoir plus : "En équilibre ? … qu'est-ce que
vous voulez dire ?"
- Martial : "Rien …"
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