jeudi 18 juillet 2019

HONNINGSVAG

    Quand je m'éveille , Honningsvag  se met à fuir . Sa digue hautaine et désolée ,
toute de pierres de taille , coupée d'escaliers , ses vertiges , sa couronne de parapets ,
il me reste moins d'une minute (le temps de l'oubli) pour en fixer les contours , mais
c'est peine perdue : les pêcheuses à pied dans leur longue robe , avec leur coiffe ,
leur panier d'osier et leur air de prier l'ange s'effacent et les reflets du ciel sur le platier ,
aussi . Où sont les hommes ? . En mer . Ou perdus . Ou allongés sous les dalles de
granite , là-haut , au pied de l'église . Honningsvag s'amenuise , je ne peux rien y faire ;
elle va disparaître mais j'y reviendrai une autre nuit , à l'intérieur d'un autre rêve incom-
préhensible . J'y reviendrai comme d'habitude par la campagne qui , derrière elle , s'étale
sur un sombre plateau traversé par un chemin où l'on progresse les yeux fermés . C'est
peut-être à l'épaisseur des oreillers qu'on doit cette impression .

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