Berthe et moi regardons à travers la vitre trois mouches vermeilles et
merveilleuses . Elles bourdonnent contre nos chapeaux de paille . Allez
savoir ce que font dehors nos couvre-chefs !
Merveilleux chef celui qui regarde dehors à travers la paille de son
chapeau , vermeille couverture ! : savoir ce que nous faisons Berthe et
moi - et la mouche - à bourdonner tous les trois contre la vitre …
Qu'un chef bourdonne son savoir et Berthe et moi faisons de nos cha-
peaux une merveilleuse couverture . A travers leur paille au dehors ver-
meil , trois mouches regardent la vitre .
dimanche 26 octobre 2014
DESMOND 10 . PAT
Le Président m'a appelé sur une ligne cryptée … J'entre dans son bureau . Il est
debout devant la fenêtre centrale face au parc et ses mains sont croisées derrière
son dos .
- Le Président : "Asseyez-vous Desmond"
Je m'asseois . Silence .
- Le Président , toujours debout et me tournant toujours le dos : "Desmond … vous
travaillez ici depuis quand ?"
- Moi : "3 mars 1969 , Monsieur le Président"
- Le Président : "À l'incinération des documents secrets ?"
- Moi : "Oui , Monsieur le Président"
- Le Président : "De quelle université sortez-vous , Desmond ?"
- Moi : "Harvard , Monsieur le Président"
- Le Président : "Quel rang ?"
- Moi : "Euh , Monsieur le Président … oui … c'est-à-dire … je suis major de ma
promotion …"
- Le Président : "Major !? … ne vous excusez pas Desmond … je suis illettré mais
j'apprécie le savoir … mais pourquoi à l'incinération ? … les Affaires Étrangères …
le Budget … l'Armée … ç'aurait été plus sexy , non ? … qu'est-ce qu'on a besoin
d'un major d'Harvard pour brûler des ragots ?"
- Moi : "Je ne sais pas , Monsieur le Président … on ne m'a pas donné d'explications …"
- Le Président : "Ça paie bien ?"
- Moi : "Je ne me plains pas Monsieur le Président"
- Le Président : "Vos cours de français … ceux que vous me donnez … c'est des extras ?"
- Moi : "Oui , Monsieur le Président"
- Le Président : "C'est déclaré ?"
- Moi : "Non , Monsieur le Président"
- Le Président . Il se retourne à demi : "Du travail au noir … du black ?"
- Moi : " Oui , Monsieur le Président …"
- Le Président : "Ce n'est pas bien , Desmond … nous devons donner l'exemple au peu-
ple … question moralité , nous devons être irréprochables …"
- Moi : "Mais , Monsieur le Président , c'est vous-même qui …"
- Le Président : "Stop , Desmond , stop …"
Très-très-très long silence … very long silence .
- Le Président , dans un soupir : "Pat m'a tout raconté"
Je fonds de terreur sur mon siège .
- Le Président : "Mais je ne vous en veux pas , Desmond … je n'ai pas le temps de m'occu-
per d'elle … et vous faites ça si bien , m'a t-elle dit …"
debout devant la fenêtre centrale face au parc et ses mains sont croisées derrière
son dos .
- Le Président : "Asseyez-vous Desmond"
Je m'asseois . Silence .
- Le Président , toujours debout et me tournant toujours le dos : "Desmond … vous
travaillez ici depuis quand ?"
- Moi : "3 mars 1969 , Monsieur le Président"
- Le Président : "À l'incinération des documents secrets ?"
- Moi : "Oui , Monsieur le Président"
- Le Président : "De quelle université sortez-vous , Desmond ?"
- Moi : "Harvard , Monsieur le Président"
- Le Président : "Quel rang ?"
- Moi : "Euh , Monsieur le Président … oui … c'est-à-dire … je suis major de ma
promotion …"
- Le Président : "Major !? … ne vous excusez pas Desmond … je suis illettré mais
j'apprécie le savoir … mais pourquoi à l'incinération ? … les Affaires Étrangères …
le Budget … l'Armée … ç'aurait été plus sexy , non ? … qu'est-ce qu'on a besoin
d'un major d'Harvard pour brûler des ragots ?"
- Moi : "Je ne sais pas , Monsieur le Président … on ne m'a pas donné d'explications …"
- Le Président : "Ça paie bien ?"
- Moi : "Je ne me plains pas Monsieur le Président"
- Le Président : "Vos cours de français … ceux que vous me donnez … c'est des extras ?"
- Moi : "Oui , Monsieur le Président"
- Le Président : "C'est déclaré ?"
- Moi : "Non , Monsieur le Président"
- Le Président . Il se retourne à demi : "Du travail au noir … du black ?"
- Moi : " Oui , Monsieur le Président …"
- Le Président : "Ce n'est pas bien , Desmond … nous devons donner l'exemple au peu-
ple … question moralité , nous devons être irréprochables …"
- Moi : "Mais , Monsieur le Président , c'est vous-même qui …"
- Le Président : "Stop , Desmond , stop …"
Très-très-très long silence … very long silence .
- Le Président , dans un soupir : "Pat m'a tout raconté"
Je fonds de terreur sur mon siège .
- Le Président : "Mais je ne vous en veux pas , Desmond … je n'ai pas le temps de m'occu-
per d'elle … et vous faites ça si bien , m'a t-elle dit …"
samedi 25 octobre 2014
STÉTHOSCOPIE
On lui offrit son premier stéthoscope à l'âge de dix ans . A dix ans ,
l'horizon est ouvert à 360° et couvert de paille sèche ; un quart de mégot
peut y ficher un feu d'une intensité qui déborde l'imagination du plus créatif
incendiaire . Son père , qui lui-même succéda à son père dans le métier ,
initia aussitôt Lucca (Lucca Santucci) à l'art de l'auscultation . Quelles
séances jubilatoires Lucca passa avec son père à traquer les bruits adventices ,
le stéthoscope Littmann aux oreilles , yeux fermés pour la concentration ! .
A quatorze ans , il n'ignorait rien des ronchus ou des râles sonores semblables
à ceux qu'on produit en soufflant dans le goulot d'une bouteille de Pastis ,
non plus des sibilances comme au dégonflage d'un ballon dont on pince
l'orifice , ou les crépitants fins qu'on peut comparer au bruit que fait une mèche
de cheveux roulée entre les doigts et les crépitants rudes qui font comme un
feu de bois pétillant ou des éclatements de grains de maïs .
Son père ne cessait de lui seriner que c'était le plus beau métier du monde
et que ça pouvait rapporter gros . Si précocement instruit , Lucca fut dans les
années soixante le meilleur perceur de coffres-forts de la Corse du Sud .
l'horizon est ouvert à 360° et couvert de paille sèche ; un quart de mégot
peut y ficher un feu d'une intensité qui déborde l'imagination du plus créatif
incendiaire . Son père , qui lui-même succéda à son père dans le métier ,
initia aussitôt Lucca (Lucca Santucci) à l'art de l'auscultation . Quelles
séances jubilatoires Lucca passa avec son père à traquer les bruits adventices ,
le stéthoscope Littmann aux oreilles , yeux fermés pour la concentration ! .
A quatorze ans , il n'ignorait rien des ronchus ou des râles sonores semblables
à ceux qu'on produit en soufflant dans le goulot d'une bouteille de Pastis ,
non plus des sibilances comme au dégonflage d'un ballon dont on pince
l'orifice , ou les crépitants fins qu'on peut comparer au bruit que fait une mèche
de cheveux roulée entre les doigts et les crépitants rudes qui font comme un
feu de bois pétillant ou des éclatements de grains de maïs .
Son père ne cessait de lui seriner que c'était le plus beau métier du monde
et que ça pouvait rapporter gros . Si précocement instruit , Lucca fut dans les
années soixante le meilleur perceur de coffres-forts de la Corse du Sud .
vendredi 24 octobre 2014
KRANT 15 . AMBRE
Alors , nous étions jeunes ; le capitaine venait d'obtenir le commandement du
Kritik . Au cours d'un cabotage inaugural (une sorte de galop d'essai) entre Baltiisk
et Smiltyné , une lame par bâbord emporta un petit canot mal amarré . Krant comptait
le récupérer sur le Curonian Spit (c'est le cordon dunaire de l'Isthme de Courlande)
à trois lieues de l'étroite passe de Memel . Le lendemain , nous partîmes à pieds nus ,
Krant et moi , avec deux moussaillons d'à peine quatorze ans et nous avions troussé sur
nos mollets nos pantalons de toile . Le canot était échoué sans une baïse à l'endroit où
Krant l'avait prédit ; pour la première fois , j'admirai son extraordinaire connaissance
des courants locaux . Pendant que les moussaillons tiraient la barque sur le sable , le
capitaine ramassa au milieu d'un tas de coquillages trois gemmes couleur miel .
Il appela les mousses : "Vous deux ! … venez voir ! …" . Il avait un genou planté dans
le sable et les trois gemmes - sphères irrégulières - roulaient sur la paume ouverte de sa
main droite . "Savez-vous ce qu'est ceci ?" … Les gamins lâchèrent le canot et , s'ap-
prochant , ils s'écrièrent : "Anbar !" . Leurs yeux brillaient et leurs doigts étaient écartés …
- "Anbar" , répéta doucement Krant … "ou Alektron … ou Gintaras …"
L'ambre doré , notre antique et prestigieux gisement …
- Krant : "Et d'où cela provient-il ?"
- "Les arbres pleurent " , répondit un des mousses … "trois larmes d'arbres !"
- Krant : "Qui t'a raconté pareille sornette ?"
- Le mousse : "Les femmes , capitaine !"
- Krant : "Laisse donc ces sottises aux femmes et aux enfants . Les femmes et les enfants
pleurent . Pas les conifères de Courlande !" . De l'index de la main gauche , il dérangea
l'ordre des trois nodules qui tournèrent sur sa ligne de vie . "Ceci est une résine fossile
sécrétée par Pinus Succinifera , un arbre qui poussait ici il y a des millions d'années ! …
sa densité est de 1.05 , c'est pourquoi l'ambre flotte sur l'eau salée" . Et , plongeant la
main dans la baïse , il laissa les trois gemmes en suspension sur sa paume immergée puis
il referma sur eux son poing et se leva .
Sur le chemin du retour , Krant me dit qu'il avait chez lui (c'était la cabine spartiate qu'il
occupait depuis deux jours sous le gaillard d'avant , derrière la salle des cartes) un trichop-
tère de 40 millions d'années piégé dans un morceau d'ambre . "Nous ne sommes rien ,
Chef ! … de l'écume ! … et ces deux-là (il désigna d'un coup de pipe les deux mousses
qui tiraient devant nous le canot sur le sable) sont nés il y a trois secondes !"
Kritik . Au cours d'un cabotage inaugural (une sorte de galop d'essai) entre Baltiisk
et Smiltyné , une lame par bâbord emporta un petit canot mal amarré . Krant comptait
le récupérer sur le Curonian Spit (c'est le cordon dunaire de l'Isthme de Courlande)
à trois lieues de l'étroite passe de Memel . Le lendemain , nous partîmes à pieds nus ,
Krant et moi , avec deux moussaillons d'à peine quatorze ans et nous avions troussé sur
nos mollets nos pantalons de toile . Le canot était échoué sans une baïse à l'endroit où
Krant l'avait prédit ; pour la première fois , j'admirai son extraordinaire connaissance
des courants locaux . Pendant que les moussaillons tiraient la barque sur le sable , le
capitaine ramassa au milieu d'un tas de coquillages trois gemmes couleur miel .
Il appela les mousses : "Vous deux ! … venez voir ! …" . Il avait un genou planté dans
le sable et les trois gemmes - sphères irrégulières - roulaient sur la paume ouverte de sa
main droite . "Savez-vous ce qu'est ceci ?" … Les gamins lâchèrent le canot et , s'ap-
prochant , ils s'écrièrent : "Anbar !" . Leurs yeux brillaient et leurs doigts étaient écartés …
- "Anbar" , répéta doucement Krant … "ou Alektron … ou Gintaras …"
L'ambre doré , notre antique et prestigieux gisement …
- Krant : "Et d'où cela provient-il ?"
- "Les arbres pleurent " , répondit un des mousses … "trois larmes d'arbres !"
- Krant : "Qui t'a raconté pareille sornette ?"
- Le mousse : "Les femmes , capitaine !"
- Krant : "Laisse donc ces sottises aux femmes et aux enfants . Les femmes et les enfants
pleurent . Pas les conifères de Courlande !" . De l'index de la main gauche , il dérangea
l'ordre des trois nodules qui tournèrent sur sa ligne de vie . "Ceci est une résine fossile
sécrétée par Pinus Succinifera , un arbre qui poussait ici il y a des millions d'années ! …
sa densité est de 1.05 , c'est pourquoi l'ambre flotte sur l'eau salée" . Et , plongeant la
main dans la baïse , il laissa les trois gemmes en suspension sur sa paume immergée puis
il referma sur eux son poing et se leva .
Sur le chemin du retour , Krant me dit qu'il avait chez lui (c'était la cabine spartiate qu'il
occupait depuis deux jours sous le gaillard d'avant , derrière la salle des cartes) un trichop-
tère de 40 millions d'années piégé dans un morceau d'ambre . "Nous ne sommes rien ,
Chef ! … de l'écume ! … et ces deux-là (il désigna d'un coup de pipe les deux mousses
qui tiraient devant nous le canot sur le sable) sont nés il y a trois secondes !"
mercredi 22 octobre 2014
PARADIS 16 . COQUILLAGES
Dieu (c'était avant la chute , quand Dieu était à Sa Création) profite d'une
pause entre deux séances d'atelier ; il se promène dans le jardin d'Eden .
Il trouve Ève allongée dans un mûrier sauvage . Ève est - de loin - sa
créature préférée .
Elle boude (comme d'hab)
- Dieu : "Oh là , Ève … ç'a pas l'air d'aller !"
- Ève . Elle hausse les épaules : "Ben , non !"
- Dieu : "Quoi qui g'na encore ?" Avec Ève , il gâtise .
- Ève : "1,82m !"
- Dieu : "C'est trop grand ? … 1,55m ça n'allait pas la semaine dernière !"
- Ève : "65kgs ! …"
- Dieu : "1,82m - 65kgs … c'est top , Ève ! … 1,55m - 80kgs , c'était pas
terrible , je te l'accorde …"
- Ève : "non … 1,82m c'est trop grand … 65kgs , c'est trop … et mes seins
sont trop petits … et mes yeux trop ronds … et mes doigts de pieds trop écar-
tés … et mes oreilles ? … t'as vu mes oreilles !"
- Dieu . Il prend le menton d'Ève dans sa paume et le tourne une fois à droite
une fois à gauche ; les oreilles d'Ève sont à croquer : "Mais elles sont à cro-
quer tes oreilles !"
- Ève : "On peut rien accrocher dessus …"
- Dieu : "Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? … tu veux accrocher quelque
chose à tes oreilles !? …"
- Ève : "Oui … des coquillages …"
- Dieu : "Mais c'est idiot , çà ! … m'enfin , Ève !"
- Ève : "Si … j'ai envie …"
- Dieu : "Pffff ! … les vers de terre , c'était plus simple !"
pause entre deux séances d'atelier ; il se promène dans le jardin d'Eden .
Il trouve Ève allongée dans un mûrier sauvage . Ève est - de loin - sa
créature préférée .
Elle boude (comme d'hab)
- Dieu : "Oh là , Ève … ç'a pas l'air d'aller !"
- Ève . Elle hausse les épaules : "Ben , non !"
- Dieu : "Quoi qui g'na encore ?" Avec Ève , il gâtise .
- Ève : "1,82m !"
- Dieu : "C'est trop grand ? … 1,55m ça n'allait pas la semaine dernière !"
- Ève : "65kgs ! …"
- Dieu : "1,82m - 65kgs … c'est top , Ève ! … 1,55m - 80kgs , c'était pas
terrible , je te l'accorde …"
- Ève : "non … 1,82m c'est trop grand … 65kgs , c'est trop … et mes seins
sont trop petits … et mes yeux trop ronds … et mes doigts de pieds trop écar-
tés … et mes oreilles ? … t'as vu mes oreilles !"
- Dieu . Il prend le menton d'Ève dans sa paume et le tourne une fois à droite
une fois à gauche ; les oreilles d'Ève sont à croquer : "Mais elles sont à cro-
quer tes oreilles !"
- Ève : "On peut rien accrocher dessus …"
- Dieu : "Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? … tu veux accrocher quelque
chose à tes oreilles !? …"
- Ève : "Oui … des coquillages …"
- Dieu : "Mais c'est idiot , çà ! … m'enfin , Ève !"
- Ève : "Si … j'ai envie …"
- Dieu : "Pffff ! … les vers de terre , c'était plus simple !"
mardi 21 octobre 2014
COTE 137 . 14 . RETOUR À LA MAISON
Dix jours à l'arrière puis retour à la maison : l'enfer , notre tranchée en première
ligne , sous la cote 137 .
- Martial : "Qu'il est doux de retrouver son chez-soi !"
Nous croisons dans le boyau d'accès la colonne des gars que nous relevons .
- Martial : "Avez-vous gardé l'endroit propre ?"
On le regarde sans comprendre .
- L'un : "Ils nous ont attaqué ce matin"
- Martial : "Qui çà ?"
- Un autre : "Qui çà ? … ben les boches !"
- Martial : "Les boches vous ont attaqué !? … pourquoi ?"
- Le même : "Ben … ben …"
- Martial : "Qu'est-ce que vous leur avez fait ?"
- L'autre : "Ben … rien … rien …"
- Martial au capitaine , derrière nous : "Mon capitaine ! … y se sont disputés avec
les voisins ! … on peut pas laisser la maison dix jours !"
Tac-tac-tac … une volée de balles passe à ras de nos casques … nous rentrons
la tête dans les épaules .
- Martial : "Vous les avez mis de mauvaise humeur … c'est malin ! … va falloir
renouer …"
ligne , sous la cote 137 .
- Martial : "Qu'il est doux de retrouver son chez-soi !"
Nous croisons dans le boyau d'accès la colonne des gars que nous relevons .
- Martial : "Avez-vous gardé l'endroit propre ?"
On le regarde sans comprendre .
- L'un : "Ils nous ont attaqué ce matin"
- Martial : "Qui çà ?"
- Un autre : "Qui çà ? … ben les boches !"
- Martial : "Les boches vous ont attaqué !? … pourquoi ?"
- Le même : "Ben … ben …"
- Martial : "Qu'est-ce que vous leur avez fait ?"
- L'autre : "Ben … rien … rien …"
- Martial au capitaine , derrière nous : "Mon capitaine ! … y se sont disputés avec
les voisins ! … on peut pas laisser la maison dix jours !"
Tac-tac-tac … une volée de balles passe à ras de nos casques … nous rentrons
la tête dans les épaules .
- Martial : "Vous les avez mis de mauvaise humeur … c'est malin ! … va falloir
renouer …"
lundi 20 octobre 2014
FAIRE DES ENFANTS
Faire des enfants . 12 novembre 7h30 du matin . Il pleut . Il fait noir .
Arielle passe la main sous la banquette avant . Elle doit se trouver là …
Ok … Ouvre la bouche , bébé ! … ouvre la bouche nom de Dieu ! …
Corentin , tu veux pas la tututte ? . Faire des enfants . Arielle vient
d'enfourner ses jumeaux (des monozygotes) Hugo et Corentin à l'ar-
rière de la Clio … pratique ! … une bagnole à deux portes ! : à genoux
entre les banquettes avant avec les fesses dans le pare-brise ! … ficeler
les lardons … où qu'elle est la sangle ? … arrête de gigoter , Corentin …
et toi , Hugo , arrête de braire ! … c'est les dents mon coco , pleure pas …
mon pauvre chéri ! … maman s'énerve . Parce que sept mois de vie pré-
natale c'est déjà trop , les deux autres brassent le liquide amniotique dans
le ventre d'Arielle coincé entre les sièges . Faut faire des enfants … où
j'ai foutu mon sac ? … tais-toi hugo ! … Le pédiatre … pas oublier le …
ton ours ? … on l'a oublié à l'appart … non , j'ai pas le temps … je vais
être en retard au boulot … pas oublier le pédiatre ce soir … 18h30 …
tu veux ta tututte maintenant ? … tu la voulais pas … dis-donc , t'aurais
pas fait caca ? Elle renifle … merde , les couches … on verra chez la
nounou … Faire des enfants … oui ? … qu'est ce qui ? … Monsieur
l'agent ? … sur quoi ? … Hugo , tais-toi ! … la voie réservée aux bus ? …
les transports en commun ? qu'est-ce que vous croyez que je fais moi ?
Arielle B. 33 ans . Corentin et Hugo , jumeaux monozygotes 18 mois .
Deux autre jumeaux en gestation depuis sept mois .
Faut faire des enfants .
Arielle passe la main sous la banquette avant . Elle doit se trouver là …
Ok … Ouvre la bouche , bébé ! … ouvre la bouche nom de Dieu ! …
Corentin , tu veux pas la tututte ? . Faire des enfants . Arielle vient
d'enfourner ses jumeaux (des monozygotes) Hugo et Corentin à l'ar-
rière de la Clio … pratique ! … une bagnole à deux portes ! : à genoux
entre les banquettes avant avec les fesses dans le pare-brise ! … ficeler
les lardons … où qu'elle est la sangle ? … arrête de gigoter , Corentin …
et toi , Hugo , arrête de braire ! … c'est les dents mon coco , pleure pas …
mon pauvre chéri ! … maman s'énerve . Parce que sept mois de vie pré-
natale c'est déjà trop , les deux autres brassent le liquide amniotique dans
le ventre d'Arielle coincé entre les sièges . Faut faire des enfants … où
j'ai foutu mon sac ? … tais-toi hugo ! … Le pédiatre … pas oublier le …
ton ours ? … on l'a oublié à l'appart … non , j'ai pas le temps … je vais
être en retard au boulot … pas oublier le pédiatre ce soir … 18h30 …
tu veux ta tututte maintenant ? … tu la voulais pas … dis-donc , t'aurais
pas fait caca ? Elle renifle … merde , les couches … on verra chez la
nounou … Faire des enfants … oui ? … qu'est ce qui ? … Monsieur
l'agent ? … sur quoi ? … Hugo , tais-toi ! … la voie réservée aux bus ? …
les transports en commun ? qu'est-ce que vous croyez que je fais moi ?
Arielle B. 33 ans . Corentin et Hugo , jumeaux monozygotes 18 mois .
Deux autre jumeaux en gestation depuis sept mois .
Faut faire des enfants .
jeudi 16 octobre 2014
TROIS MOUCHES 18 . LE DOCTEUR L .
Le Docteur L. ouvrait la marche . Trois mouches vermeilles et merveilleuses
bourdonnaient contre nos chapeaux de paille . "Halte !" fit le Docteur . La jun-
gle se disloquait et nous découvrîmes un fleuve immense où plongeaient d'énor-
mes crocodiles . Mille hippopotames se vautraient sur ses berges .
Nous longions un fleuve merveilleux ; il se vautrait entre des berges immenses .
Mille mouches ouvraient la marche . Des crocodiles disloqués nous regardaient .
"Halte !" fis-je quand un hippopotame - énorme - plongea .
La jungle plongeait entre les berges d'un fleuve aux eaux vermeilles . D'immenses
crocodiles disloquaient le Dr L. et un hippopotame se vautrait sur son chapeau de
paille . Des mouches merveilleuses bourdonnaient . "Halte !" fis-je ; et nos mille
porteurs s'immobilisèrent .
bourdonnaient contre nos chapeaux de paille . "Halte !" fit le Docteur . La jun-
gle se disloquait et nous découvrîmes un fleuve immense où plongeaient d'énor-
mes crocodiles . Mille hippopotames se vautraient sur ses berges .
Nous longions un fleuve merveilleux ; il se vautrait entre des berges immenses .
Mille mouches ouvraient la marche . Des crocodiles disloqués nous regardaient .
"Halte !" fis-je quand un hippopotame - énorme - plongea .
La jungle plongeait entre les berges d'un fleuve aux eaux vermeilles . D'immenses
crocodiles disloquaient le Dr L. et un hippopotame se vautrait sur son chapeau de
paille . Des mouches merveilleuses bourdonnaient . "Halte !" fis-je ; et nos mille
porteurs s'immobilisèrent .
DESMOND 9 . LES ROSES
- "Alors Desmond … comment l'avez-vous trouvée ?"
C'est le Président , à la porte de son bureau .
- Moi : "Euh … de qui parlez-vous , Monsieur le Président ?"
- Lui : "De qui je parle !? … ah , ah , excellent , Desmond ! … vous dînez à la droite
de la plus belle femme du monde … hier soir … et : " de qui je parle ? " … ah , ah ! …"
- Moi : "Madame Bescherelle ?"
- Lui : "Desmond ! … pas la Bled …"
- Moi : "C'est une fille intelligente …"
- Lui : "Madame Bescherelle ? … intelligente ? … vous êtes sûr … je n'ai pas remarqué …
mais … pour le reste ? …"
- Moi : "Très bien , Mister President …"
- Lui : "Très bien ! … très bien ! … mais encore , Desmond ? … enfin , ses … (le Président
fait un geste pour "nichons") … et son … (le Président fait un geste pour "cul") … ses …
(le Président fait un geste pour l'ensemble) … Desmond , vous n'allez pas me dire que …"
La sonnerie du téléphone rouge l'interrompt :
- Le Président : "Just a minute , Desmond" . Il rentre dans son bureau et décroche : "Allo ?
who's there ? … Georges ! … come va ? … si … si … les changes flottants ? … je suis
occupé , Georges … je vous rappelle … embrassez la grande … embrassez Claude pour
moi … bye ! …"
Le Président revient vers moi : "Qu'est-ce que je disais ?"
- Moi : "Madame Bescherelle , Monsieur le Président"
- Lui . Il tombe à genoux sur la moquette , joint les mains et sourit blissfully (le terme fran-
çais est "béatement" , je pense) : "Céline !"
- Moi : "Cécile , Monsieur le Président … Cécile is her firstname"
- Lui , à genoux et stunner (en français : "catastrophé" , il me semble) : "are you sure ?"
- Moi : "Most certainly , Mister President"
- Lui , pallid ("livide" , in french ?) : "But , it's ghastly ! (abominable)"
- Moi : "What happened , Mister President ?"
- Lui , prostrate (effondré ?) : "Je lui ai envoyé 2000 roses !"
- Moi : "Super , Mister President !"
- Lui , se relevant : "Desmond , immediatly ! … amenez-moi le fleuriste dead or alive …
my god … chaque rose , Desmond , avec un carton … 2000 cartons … "A Céline , ton
Dixie" ! … Desmond … I'm desparate !"
C'est le Président , à la porte de son bureau .
- Moi : "Euh … de qui parlez-vous , Monsieur le Président ?"
- Lui : "De qui je parle !? … ah , ah , excellent , Desmond ! … vous dînez à la droite
de la plus belle femme du monde … hier soir … et : " de qui je parle ? " … ah , ah ! …"
- Moi : "Madame Bescherelle ?"
- Lui : "Desmond ! … pas la Bled …"
- Moi : "C'est une fille intelligente …"
- Lui : "Madame Bescherelle ? … intelligente ? … vous êtes sûr … je n'ai pas remarqué …
mais … pour le reste ? …"
- Moi : "Très bien , Mister President …"
- Lui : "Très bien ! … très bien ! … mais encore , Desmond ? … enfin , ses … (le Président
fait un geste pour "nichons") … et son … (le Président fait un geste pour "cul") … ses …
(le Président fait un geste pour l'ensemble) … Desmond , vous n'allez pas me dire que …"
La sonnerie du téléphone rouge l'interrompt :
- Le Président : "Just a minute , Desmond" . Il rentre dans son bureau et décroche : "Allo ?
who's there ? … Georges ! … come va ? … si … si … les changes flottants ? … je suis
occupé , Georges … je vous rappelle … embrassez la grande … embrassez Claude pour
moi … bye ! …"
Le Président revient vers moi : "Qu'est-ce que je disais ?"
- Moi : "Madame Bescherelle , Monsieur le Président"
- Lui . Il tombe à genoux sur la moquette , joint les mains et sourit blissfully (le terme fran-
çais est "béatement" , je pense) : "Céline !"
- Moi : "Cécile , Monsieur le Président … Cécile is her firstname"
- Lui , à genoux et stunner (en français : "catastrophé" , il me semble) : "are you sure ?"
- Moi : "Most certainly , Mister President"
- Lui , pallid ("livide" , in french ?) : "But , it's ghastly ! (abominable)"
- Moi : "What happened , Mister President ?"
- Lui , prostrate (effondré ?) : "Je lui ai envoyé 2000 roses !"
- Moi : "Super , Mister President !"
- Lui , se relevant : "Desmond , immediatly ! … amenez-moi le fleuriste dead or alive …
my god … chaque rose , Desmond , avec un carton … 2000 cartons … "A Céline , ton
Dixie" ! … Desmond … I'm desparate !"
mercredi 8 octobre 2014
CAISSE PRIMAIRE
Il y a , devant la Caisse Primaire , un passage piéton signalé (en plus du
marquage au sol) par un feu clignotant et protégé en amont par une batterie
de dos d'âne et de chicanes . C'est là que , vers 16h , après une journée passée
en vérifications d'arrêts de travail , je fus renversé par une voiture sans permis ;
elle était conduite par un de nos assurés sociaux dont j'appris plus tard par mes
collègues qu'il était en phase terminale . Bien que dans la rue de la Caisse , la
vitesse fut limitée à 30km/h , le choc fut , comme le relata le journal local ,
"extrêmement violent" .
Simone fut déçue : je passai le reste de mes jours dans un plâtre semi-liquide .
marquage au sol) par un feu clignotant et protégé en amont par une batterie
de dos d'âne et de chicanes . C'est là que , vers 16h , après une journée passée
en vérifications d'arrêts de travail , je fus renversé par une voiture sans permis ;
elle était conduite par un de nos assurés sociaux dont j'appris plus tard par mes
collègues qu'il était en phase terminale . Bien que dans la rue de la Caisse , la
vitesse fut limitée à 30km/h , le choc fut , comme le relata le journal local ,
"extrêmement violent" .
Simone fut déçue : je passai le reste de mes jours dans un plâtre semi-liquide .
KRANT 14 . L'EXISTENCE DE DIEU
En plein été , Krant pouvait se trouver à l'angle des quais et du môle , et du môle ,
examinant d'un oeil critique l'accostage d'un cargo norvégien ou de quelque miné-
ralier , il me proposait de l'accompagner au bout de l'estacade , jusqu'au phare de
la passe de Baltijsk . A cette époque de l'année , les eaux lisses et blanches de la
lagune laissaient sur le sable leurs dentelles de sel tandis que , de l'autre côté , la
Baltique agitait des flots vert émeraude , moutonneux , et qui semblaient obstinés
à remplir le port à ras bord . Nous marchions sur ces larges pierres jaunes extraites
jadis de l'arrière-pays et que les anciens , après qu'ils en eussent usé pour lester les
voiliers à fond plat , avaient assemblées en damier sur le môle . Le phare venait
vers nous , au rythme des pas de Krant et du cheminement de sa pensée . J'avais
remarqué que la géographie des lieux recouvrait la carte idéale du capitaine : à la
darse n°5 étaient réservées les choses de la cohérence et de l'intelligibilité , à Bal-
tuskaja Kosa il affectait la condition humaine , au plan rigoureux de la ville la lo-
gique pure ; au môle étaient dévolues les questions de Dieu et du divin .
En ce soir d'août , le capitaine grommelait au lieu de rester coi ou de m'estourbir
d'un de ses aphorismes , comme si le résultat de ses cogitations avait du mal à
apparier les cordes vocales . Je déduisis de ce phénomène hors du commun qu'un
cataclysme allait se produire . Au bout du môle , je m'adossai au mur chaulé du
phare éclatant de lumière , et je fermai les paupières . Un voile rouge sang me cou-
pa d'un monde d'où me parvenaient encore la chaleur ardente de la pierre et la
criaillerie funèbre des mouettes . Un raz de marée allait emporter mes vieilles
croyances .
Quand je rouvris les yeux , Krant cognait le fourneau de sa pipe contre la ram-
barde pour en expulser les cendres de tabac brûlé .
- "Chef …" Ultime coup de fourneau contre la rambarde … "Dieu n'existe pas …"
examinant d'un oeil critique l'accostage d'un cargo norvégien ou de quelque miné-
ralier , il me proposait de l'accompagner au bout de l'estacade , jusqu'au phare de
la passe de Baltijsk . A cette époque de l'année , les eaux lisses et blanches de la
lagune laissaient sur le sable leurs dentelles de sel tandis que , de l'autre côté , la
Baltique agitait des flots vert émeraude , moutonneux , et qui semblaient obstinés
à remplir le port à ras bord . Nous marchions sur ces larges pierres jaunes extraites
jadis de l'arrière-pays et que les anciens , après qu'ils en eussent usé pour lester les
voiliers à fond plat , avaient assemblées en damier sur le môle . Le phare venait
vers nous , au rythme des pas de Krant et du cheminement de sa pensée . J'avais
remarqué que la géographie des lieux recouvrait la carte idéale du capitaine : à la
darse n°5 étaient réservées les choses de la cohérence et de l'intelligibilité , à Bal-
tuskaja Kosa il affectait la condition humaine , au plan rigoureux de la ville la lo-
gique pure ; au môle étaient dévolues les questions de Dieu et du divin .
En ce soir d'août , le capitaine grommelait au lieu de rester coi ou de m'estourbir
d'un de ses aphorismes , comme si le résultat de ses cogitations avait du mal à
apparier les cordes vocales . Je déduisis de ce phénomène hors du commun qu'un
cataclysme allait se produire . Au bout du môle , je m'adossai au mur chaulé du
phare éclatant de lumière , et je fermai les paupières . Un voile rouge sang me cou-
pa d'un monde d'où me parvenaient encore la chaleur ardente de la pierre et la
criaillerie funèbre des mouettes . Un raz de marée allait emporter mes vieilles
croyances .
Quand je rouvris les yeux , Krant cognait le fourneau de sa pipe contre la ram-
barde pour en expulser les cendres de tabac brûlé .
- "Chef …" Ultime coup de fourneau contre la rambarde … "Dieu n'existe pas …"
mardi 7 octobre 2014
PARADIS 15 . SOLITUDE DE L'HOMME
L'Homme apprit (quelle fuite ? … par quelle indiscrétion ?) que Dieu lui avait
légué Sa Création . D'abord , il L'Implora de la reprendre parce qu'il ne compre-
nait pas comment ça marche et c'était bien trop grand pour lui . L'Homme fit quan-
tité de sacrifices pour complaire à Dieu et même il tua pour Lui son prochain …
Il Le priait de Se manifester .
Il posait des questions sans réponses .
L'Homme se mit à répondre lui-même à des questions subalternes : qu'est-ce qu'il
y a derrière les océans ? Pourquoi les pommes tombent-elles ? Qu'est-ce qui fait que
des lignes parallèles ne se rejoignent jamais ? Où se trouve Hénin-Beaumont ? Com-
bien de fréquences peuplent le spectre visible ? Peut-on utiliser le dispositif de Stern
pour mesurer le spin d'un électron ? … etc …
Et de plus en plus de questions …
Pendant que Dieu ne répondait à aucune .
L'Homme finit par douter de Son Existence .
Mais alors ?
Qui ?
Quoi ? … Comment ? …
Pourquoi ?
légué Sa Création . D'abord , il L'Implora de la reprendre parce qu'il ne compre-
nait pas comment ça marche et c'était bien trop grand pour lui . L'Homme fit quan-
tité de sacrifices pour complaire à Dieu et même il tua pour Lui son prochain …
Il Le priait de Se manifester .
Il posait des questions sans réponses .
L'Homme se mit à répondre lui-même à des questions subalternes : qu'est-ce qu'il
y a derrière les océans ? Pourquoi les pommes tombent-elles ? Qu'est-ce qui fait que
des lignes parallèles ne se rejoignent jamais ? Où se trouve Hénin-Beaumont ? Com-
bien de fréquences peuplent le spectre visible ? Peut-on utiliser le dispositif de Stern
pour mesurer le spin d'un électron ? … etc …
Et de plus en plus de questions …
Pendant que Dieu ne répondait à aucune .
L'Homme finit par douter de Son Existence .
Mais alors ?
Qui ?
Quoi ? … Comment ? …
Pourquoi ?
INVASION
Laissant clapir les hases à l'entrée des rabouillères et s'adonner à leur passion
caecotrophe , nous envisageâmes de conquérir un immense territoire entre Perth
et Brisbane . Des éclaireurs nous rapportèrent où se trouvaient les aires de poacées ,
ces plantes herbacées qui subviendraient aux besoins alimentaires de l'armée et ,
sur nos cartes , nous stabilobossâmes en rouge les points d'eau . Nous attaquâmes
au crépuscule comme nous l'ont appris nos aïeux . C'était le 28 mars 1859 , sur
trois fronts : le nord , le centre et le sud . Nous mîmes moins de vingt ans pour
conquérir les deux tiers du continent mais pour moi , Oryctolagus Cuniculus ,
Général en chef de l'armée du nord , l'aventure se terminait ici . Tel Saint Louis
sous les remparts de Tunis , je mourus de la myxomatose devant la ville de
Katherine avant que mes troupes prissent d'assaut ses potagers .
caecotrophe , nous envisageâmes de conquérir un immense territoire entre Perth
et Brisbane . Des éclaireurs nous rapportèrent où se trouvaient les aires de poacées ,
ces plantes herbacées qui subviendraient aux besoins alimentaires de l'armée et ,
sur nos cartes , nous stabilobossâmes en rouge les points d'eau . Nous attaquâmes
au crépuscule comme nous l'ont appris nos aïeux . C'était le 28 mars 1859 , sur
trois fronts : le nord , le centre et le sud . Nous mîmes moins de vingt ans pour
conquérir les deux tiers du continent mais pour moi , Oryctolagus Cuniculus ,
Général en chef de l'armée du nord , l'aventure se terminait ici . Tel Saint Louis
sous les remparts de Tunis , je mourus de la myxomatose devant la ville de
Katherine avant que mes troupes prissent d'assaut ses potagers .
COTE 137 . 13 . LES TAUPES
- Martial retourne ses mains sales : "Tu vois comme elles sont pleines de corne …
à force de creuser … et mes ongles … dirait-on pas des griffes ?"
C'était la nuit . Il pleuvait doucement . Martial creusait . Nos capotes ruisselaient .
Nos bottes chuintaient … Je creusais . Nous creusions …
- Martial : "Ne sens-tu pas cette odeur ? … il y a une charogne par là" , et du
tranchant de sa pelle , il marquait l'endroit … "Mon odorat se développe …
quoi d'autre sentir ici ? … je sens un ver de terre à deux mètres … et un cadavre
à dix …"
L'artillerie des nôtres reprit le pilonnage de Montrepont .
- Martial : "Après la guerre , il fera bon jardiner ici … nous aérons la terre …"
Martial creusait , je creusais , la compagnie creusait et nos capotes dégoulinaient .
- Martial : "La taupe est l'amie du jardinier … elle draine le terrain … elle mange
les larves nuisibles …"
- Martial coupant un barbelé : "Pourtant , la pauvre … on la déteste … elle te retourne
un beau gazon …"
- Jetant le barbelé par-dessus le parapet : "Donc , on la tue … on défonce ses gale-
ries … on la piège … on l'écrabouille … on la gaze …"
- Crachant sur ses bottes : "Vive les taupes !"
à force de creuser … et mes ongles … dirait-on pas des griffes ?"
C'était la nuit . Il pleuvait doucement . Martial creusait . Nos capotes ruisselaient .
Nos bottes chuintaient … Je creusais . Nous creusions …
- Martial : "Ne sens-tu pas cette odeur ? … il y a une charogne par là" , et du
tranchant de sa pelle , il marquait l'endroit … "Mon odorat se développe …
quoi d'autre sentir ici ? … je sens un ver de terre à deux mètres … et un cadavre
à dix …"
L'artillerie des nôtres reprit le pilonnage de Montrepont .
- Martial : "Après la guerre , il fera bon jardiner ici … nous aérons la terre …"
Martial creusait , je creusais , la compagnie creusait et nos capotes dégoulinaient .
- Martial : "La taupe est l'amie du jardinier … elle draine le terrain … elle mange
les larves nuisibles …"
- Martial coupant un barbelé : "Pourtant , la pauvre … on la déteste … elle te retourne
un beau gazon …"
- Jetant le barbelé par-dessus le parapet : "Donc , on la tue … on défonce ses gale-
ries … on la piège … on l'écrabouille … on la gaze …"
- Crachant sur ses bottes : "Vive les taupes !"
samedi 4 octobre 2014
TROIS MOUCHES 17 : EXCURSION
Nous allions atteindre le sommet du Thaba Nchu (2137m) . Trois mouches
vermeilles et merveilleuses bourdonnaient contre nos chapeaux de paille . "Je
suis crevée" dit Berthe . A l'est scintillaient des eaux torrentielles . Des oiseaux
multicolores , dans des arbres aux cimes vertigineuses , jacassaient comme des
pies . J'embrassai Berthe dans le cou .
Les yeux de Berthe scintillaient comme une eau torrentielle . "Je suis crevée"
répétait-elle . Elle agitait son chapeau de paille . La cime vermeille du Thaba
Nchu (2137m) était juste au-dessus de nous , vertigineuse , ornée de neiges
multicolores . "Tu jacasses , ma pie" et j'embrassai Berthe dans le cou .
"Je suis crevé" dis-je à Berthe . Trois mouches scintillaient au-dessus de la
cime du Thaba Nchu (2137m) . Un torrent de jacasseries tombait d'arbres multi-
colores . "Ce sont des pies" dit Berthe . En signe de dénégation , j'agitai mon
chapeau de paille . Je n'avais plus envie de l'embrasser .
vermeilles et merveilleuses bourdonnaient contre nos chapeaux de paille . "Je
suis crevée" dit Berthe . A l'est scintillaient des eaux torrentielles . Des oiseaux
multicolores , dans des arbres aux cimes vertigineuses , jacassaient comme des
pies . J'embrassai Berthe dans le cou .
Les yeux de Berthe scintillaient comme une eau torrentielle . "Je suis crevée"
répétait-elle . Elle agitait son chapeau de paille . La cime vermeille du Thaba
Nchu (2137m) était juste au-dessus de nous , vertigineuse , ornée de neiges
multicolores . "Tu jacasses , ma pie" et j'embrassai Berthe dans le cou .
"Je suis crevé" dis-je à Berthe . Trois mouches scintillaient au-dessus de la
cime du Thaba Nchu (2137m) . Un torrent de jacasseries tombait d'arbres multi-
colores . "Ce sont des pies" dit Berthe . En signe de dénégation , j'agitai mon
chapeau de paille . Je n'avais plus envie de l'embrasser .
vendredi 3 octobre 2014
DESMOND 8 . LA BESCHERELLE
- "Desmond !" . Le Président m'appelle sur la ligne 318 .
- Moi : "Monsieur le Président ?"
- Le Président : "Hello Desmond … j'ai absolument besoin de vous ce soir … un
dîner … si vous avez quelque chose … l'enterrement de votre belle-mère ou votre
chien à piquer … remettez à plus tard … Desmond , je compte sur vous … je reçois
des gens importants … il me faut un interprète …"
- Moi : "Quelle sorte de gens , Monsieur le Président ? … si je puis me permettre …"
- Le Président : "Des français …"
- Moi : "Ne m'avez-vous pas dit : << des gens importants >> , Monsieur le Président ?"
- Le Président : "Yes , Desmond ! … il y a des français qui comptent …"
- Moi : "Tabarly ? … Commandant Cousteau ? … Jean-Paul Sartre ? …"
- Le Président : "Ah , ah , Desmond … laissez-moi rire …" . Silence … "Ok , Desmond,
je crache le morceau … tenez-vous bien … Bled et Bescherelle !" … Silence … "Ça
vous bouche le coin , non ? (en français dans le texte . Mister President rafole de ces
expressions si typically parisiennes) … avec leurs épouses … vous verrez … Madame
Bled a 80 ans … mais c'est un canon … un vieux canon mais un coup pour vous
Desmond " … Silence … "Ce gredin de Bescherelle est avec une nana de 25 ans ! …
un top-model … top du top ! … jamais vu une aussi jolie chose ! … attention Desmond …
celle-la pas touche … c'est réservé … Pat sera là , bien entendu … amusez-la … elle
vous adore" … Silence … "Vous avez une copine , Desmond ?"
- Moi : "C'est que … Monsieur le Président …"
- Le Président : "Ah , ah , Desmond … vous me cachez une merveille !" … Silence …
"C'est pas un mec au moins ? … non … pas vous Desmond … les pédés c'est les
communistes …"
- Moi : "Monsieur le Président ! … je n'ai pas de copine pour le moment …"
- Le Président : "La vieille Bled fera l'affaire … ah Desmond ! … la petite Bescherelle
je vais vous la conjuguer à tous les temps de … comment dites-vous ? … de l'indicatif ?"
- Moi : "C'est cela , Monsieur le Président … l'indicatif … vous faites des progrès ,
Monsieur le Président …"
- Le Président : "Merci Desmond … à ce soir … 20 heures …"
- Moi : "J'y serai , Monsieur le Président … je vous remercie …"
- Le Président : "Desmond , mon cher Desmond … on ne drague pas la Bescherelle …
sinon , vous pouvez dire adieu à l'incinérateur C …"
- Moi : "Monsieur le Président ?"
- Le Président : "Hello Desmond … j'ai absolument besoin de vous ce soir … un
dîner … si vous avez quelque chose … l'enterrement de votre belle-mère ou votre
chien à piquer … remettez à plus tard … Desmond , je compte sur vous … je reçois
des gens importants … il me faut un interprète …"
- Moi : "Quelle sorte de gens , Monsieur le Président ? … si je puis me permettre …"
- Le Président : "Des français …"
- Moi : "Ne m'avez-vous pas dit : << des gens importants >> , Monsieur le Président ?"
- Le Président : "Yes , Desmond ! … il y a des français qui comptent …"
- Moi : "Tabarly ? … Commandant Cousteau ? … Jean-Paul Sartre ? …"
- Le Président : "Ah , ah , Desmond … laissez-moi rire …" . Silence … "Ok , Desmond,
je crache le morceau … tenez-vous bien … Bled et Bescherelle !" … Silence … "Ça
vous bouche le coin , non ? (en français dans le texte . Mister President rafole de ces
expressions si typically parisiennes) … avec leurs épouses … vous verrez … Madame
Bled a 80 ans … mais c'est un canon … un vieux canon mais un coup pour vous
Desmond " … Silence … "Ce gredin de Bescherelle est avec une nana de 25 ans ! …
un top-model … top du top ! … jamais vu une aussi jolie chose ! … attention Desmond …
celle-la pas touche … c'est réservé … Pat sera là , bien entendu … amusez-la … elle
vous adore" … Silence … "Vous avez une copine , Desmond ?"
- Moi : "C'est que … Monsieur le Président …"
- Le Président : "Ah , ah , Desmond … vous me cachez une merveille !" … Silence …
"C'est pas un mec au moins ? … non … pas vous Desmond … les pédés c'est les
communistes …"
- Moi : "Monsieur le Président ! … je n'ai pas de copine pour le moment …"
- Le Président : "La vieille Bled fera l'affaire … ah Desmond ! … la petite Bescherelle
je vais vous la conjuguer à tous les temps de … comment dites-vous ? … de l'indicatif ?"
- Moi : "C'est cela , Monsieur le Président … l'indicatif … vous faites des progrès ,
Monsieur le Président …"
- Le Président : "Merci Desmond … à ce soir … 20 heures …"
- Moi : "J'y serai , Monsieur le Président … je vous remercie …"
- Le Président : "Desmond , mon cher Desmond … on ne drague pas la Bescherelle …
sinon , vous pouvez dire adieu à l'incinérateur C …"
L'HOMME-OISEAU
Je gagnais ma vie comme pilote d'hélicoptère de haute voltige . Chaque
dimanche , meeting : loopings , feuille morte , vol dorsal , piqués . Pendant
vingt ans , chaque dimanche de chaque semaine .
Un soir , après une exhibition , je percutai un vol d'oies sauvages qui migraient
en Ossétie du sud . Je passai miraculeusement à travers les pales et déclenchai
in extremis mon parachute .
Simone fut inflexible : me reconvertir .
Je postulai un emploi d'aide-comptable à la Caisse Primaire d'Assurance Maladie .
dimanche , meeting : loopings , feuille morte , vol dorsal , piqués . Pendant
vingt ans , chaque dimanche de chaque semaine .
Un soir , après une exhibition , je percutai un vol d'oies sauvages qui migraient
en Ossétie du sud . Je passai miraculeusement à travers les pales et déclenchai
in extremis mon parachute .
Simone fut inflexible : me reconvertir .
Je postulai un emploi d'aide-comptable à la Caisse Primaire d'Assurance Maladie .
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