Étaient présents :
RD , chargé de mission au Cabinet du Ministre
NBS , son factotum
GM , Directeur financier de la CHL
EA , chargé de la gestion des agents
CD , de la DGSE
JMB , patron d'une Société Financière Luxembourgeoise dont j'ai oublié le nom
SB , membre d'un cabinet d'avocats implanté sur l'Ile de Man
FD , de la Division Nationale des Investigations Financières (DNIF)
JLP , adjoint du Secrétaire Général de la Défense Nationale
XX , sans titre et sans carte professionnelle , spécialiste des commissions occultes ,
mon patron direct
Moi , sous-fifre porte-valises
Un seul homme ne fut pas présenté . Il se trouvait à la droite de RD . Il portait
des lunettes noires incongrues dans ce sous-sol mal éclairé ; on ne pouvait ignorer
qu'il était né dans la banlieue sud de Naples .
- RD : "Pas de notes … pas de commentaires … bien entendu , pas de rapports …
cette réunion n'a pas eu lieu"
Puis il fit un compte rendu succint de l'opération et tira la conclusion .
- RD : "Conclusion … il faut l'éliminer"
L'inconnu se pencha . Il cherchait quelque chose sous sa chaise . C'était un coffret
métallique qu'il posa sur la nappe en feutre vert , devant lui .
- XX : "L'éliminer ?"
- RD : "Ordre de qui vous savez"
- XX : "L'éliminer ! … l'éliminer ?"
- RD : "C'est cela"
Je levai le doigt : "Éliminer qui ?"
Tous maintenant me regardaient .
- RD . Il se mit à rire , sourcils arqués : "Vous avez dit : "Qui ?" !"
- RD , me regardant encore , mais sans rire ; "Vous , cher ami !"
jeudi 28 avril 2016
mercredi 27 avril 2016
KRANT 60 . BYZANCE
Krant détestait les mers intérieures . C'était un homme d'océans . Cependant , de
ces bosphores où nous propulsaient nos obligations commerciales et les hélices du
Kritik , il en est un que Krant franchissait avec plaisir : celui de Constantinople . A
son point le plus mince , ce détroit mesure à peine 2200 pieds et la circulation y est
affolante . Nous frôlions dans ce passage les palais en bois du Sultan et il semblait
qu'on allait toucher les lanternes de façade . Krant engageait le Kritik dans Haliç ,
la Corne d'Or , et nous abordions à Fener . Le capitaine m'ordonnait de mettre ma
tenue de grande sortie et lui-même apparaissait à la porte de sa cabine plus lustré
encore qu'à l'habitude .
- "Nous allons à terre"
Monsieur Lee nous accompagnait et revêtait pour l'occasion dont il semblait
connaître le texte littéral son costume de mandarin . Nous faisions quelques pas dans
une rue perpendiculaire au quai où le Kritik avait ses amarres et nous trouvions à la
porte sculptée d'une luxueuse résidence . Monsieur Lee me glissait à l'oreille que nous
étions chez les Cantacuzène , vieille famille byzantine qui , jadis , avait dirigé les Pro-
vinces ottomanes de Moldavie et de Valachie , Provinces que j'aurais été incapable de
situer sur une carte . Krant tombait dans les bras de messieurs en redingote et baisait
les mains manucurées des dames . Je cachais les miennes dans mes poches car y sub-
sistaient des regrettables traces de cambouis . Aux plafonds d'or , brillaient des lustres
de tudieu mille bougies !
ces bosphores où nous propulsaient nos obligations commerciales et les hélices du
Kritik , il en est un que Krant franchissait avec plaisir : celui de Constantinople . A
son point le plus mince , ce détroit mesure à peine 2200 pieds et la circulation y est
affolante . Nous frôlions dans ce passage les palais en bois du Sultan et il semblait
qu'on allait toucher les lanternes de façade . Krant engageait le Kritik dans Haliç ,
la Corne d'Or , et nous abordions à Fener . Le capitaine m'ordonnait de mettre ma
tenue de grande sortie et lui-même apparaissait à la porte de sa cabine plus lustré
encore qu'à l'habitude .
- "Nous allons à terre"
Monsieur Lee nous accompagnait et revêtait pour l'occasion dont il semblait
connaître le texte littéral son costume de mandarin . Nous faisions quelques pas dans
une rue perpendiculaire au quai où le Kritik avait ses amarres et nous trouvions à la
porte sculptée d'une luxueuse résidence . Monsieur Lee me glissait à l'oreille que nous
étions chez les Cantacuzène , vieille famille byzantine qui , jadis , avait dirigé les Pro-
vinces ottomanes de Moldavie et de Valachie , Provinces que j'aurais été incapable de
situer sur une carte . Krant tombait dans les bras de messieurs en redingote et baisait
les mains manucurées des dames . Je cachais les miennes dans mes poches car y sub-
sistaient des regrettables traces de cambouis . Aux plafonds d'or , brillaient des lustres
de tudieu mille bougies !
mardi 26 avril 2016
PARADIS 60 . ÉLISE
- Dieu , dans son atelier : "Ti-la-li-la-li-la-la"
- Ève : "Qu'est-ce que tu chantes ?"
- Dieu : "Lettre à Élise"
- Ève : "C'est une chanson ?"
- Dieu : "Si tu veux … un rondo en la mineur"
- Ève : "Quoi ?"
- Dieu : "On ne dit pas "quoi" , Ève ! … on dit : "je ne comprends pas , explique-
moi s'il te plaît"
- Ève : "D'accord … c'est quoi c'que tu chantes ?"
- Dieu . Il soupire : "La lettre à Élise"
- Ève : "C'est toi qui l'as créée ?"
- Dieu : "Non … mais j'ai créé le compositeur"
- Ève : "C'est quoi un compositeur ?"
- Dieu , d'humeur tautologique : "C'est un monsieur qui compose"
- Ève : "Comment qui s'appelle ?"
- Dieu : "Ludwig"
- Ève : "Oh , c'est un joli nom !"
- Dieu : "Tu aimes cette chanson ?" . Il reprend : "Ti-la-li-la-li-la-la …"
- Ève : "C'est Ludwig qui l'a créée ?"
- Dieu : "Oui … mais je suis l'inspirateur …"
- Ève : "Comme le jouet que m'a donné Adam ?"
- Dieu : "Qu'est-ce qu'il a encore fait celui-là ?"
- Ève : "Un truc marrant pour aspirer les minous"
- Dieu : "………..?……….."
- Ève : "Il l'a fait pour moi … je m'amuse bien tu sais … je vais dans les coins …
il m'a dit que c'est un jouet pour les filles"
- Dieu : "Qu'est-ce que c'est que cette nouvelle connerie ?"
- Ève : "Oh ! … c'est un vilain mot ça !"
- Dieu . Bec cloué comme fut une triste nuit son fils , à Jerusalem .
- Ève : "Alors , cette Lettre à Élise , c'est pas toi … tu l'as juste aspirée ?"
- Dieu : "Oui … enfin , c'est plus compliqué …"
- Ève : "Je croyais que les musiques tu les faisais toi-même"
- Dieu : "Ève ! … je ne peux pas tout faire ! … j'inspire aussi , et les hommes font"
- Ève : "Adam , il aime bien la musique militaire"
- Dieu : "Ça ne m'étonne pas !"
- Ève : "Qu'est-ce que tu chantes ?"
- Dieu : "Lettre à Élise"
- Ève : "C'est une chanson ?"
- Dieu : "Si tu veux … un rondo en la mineur"
- Ève : "Quoi ?"
- Dieu : "On ne dit pas "quoi" , Ève ! … on dit : "je ne comprends pas , explique-
moi s'il te plaît"
- Ève : "D'accord … c'est quoi c'que tu chantes ?"
- Dieu . Il soupire : "La lettre à Élise"
- Ève : "C'est toi qui l'as créée ?"
- Dieu : "Non … mais j'ai créé le compositeur"
- Ève : "C'est quoi un compositeur ?"
- Dieu , d'humeur tautologique : "C'est un monsieur qui compose"
- Ève : "Comment qui s'appelle ?"
- Dieu : "Ludwig"
- Ève : "Oh , c'est un joli nom !"
- Dieu : "Tu aimes cette chanson ?" . Il reprend : "Ti-la-li-la-li-la-la …"
- Ève : "C'est Ludwig qui l'a créée ?"
- Dieu : "Oui … mais je suis l'inspirateur …"
- Ève : "Comme le jouet que m'a donné Adam ?"
- Dieu : "Qu'est-ce qu'il a encore fait celui-là ?"
- Ève : "Un truc marrant pour aspirer les minous"
- Dieu : "………..?……….."
- Ève : "Il l'a fait pour moi … je m'amuse bien tu sais … je vais dans les coins …
il m'a dit que c'est un jouet pour les filles"
- Dieu : "Qu'est-ce que c'est que cette nouvelle connerie ?"
- Ève : "Oh ! … c'est un vilain mot ça !"
- Dieu . Bec cloué comme fut une triste nuit son fils , à Jerusalem .
- Ève : "Alors , cette Lettre à Élise , c'est pas toi … tu l'as juste aspirée ?"
- Dieu : "Oui … enfin , c'est plus compliqué …"
- Ève : "Je croyais que les musiques tu les faisais toi-même"
- Dieu : "Ève ! … je ne peux pas tout faire ! … j'inspire aussi , et les hommes font"
- Ève : "Adam , il aime bien la musique militaire"
- Dieu : "Ça ne m'étonne pas !"
lundi 25 avril 2016
COTE 137 . 58 . VERDUN
De mars à août 1916 , nous vîmes passer dans un sens quantités de régiments :
le 327e de Valenciennes , le 62e de Lorient , le 2e zouaves , les 2e et 3e tirailleurs ,
et bien d'autres … on ne les revit jamais .
- Martial : "Mon capitaine … est-il possible qu'un régiment passe ici le 22 mai …
le 327e de Valenciennes par exemple … serait-il passé dans l'autre sens pendant
que je dormais ?"
- Le capitaine : "……………"
- Martial , à moi et à Bertin : "Tu dormais aussi ce jour-là ? … et toi Bertin ?"
- Moi : "…………"
- Bertin : "Bof …"
- Martial au capitaine . Martial à toute la tranchée : "Et le 62e de Lorient ? … et
le 2e zouaves ? … et le 2e et le 3e tirailleurs ? … capitaine ?"
- Le capitaine : "……………"
- Martial : "Où allaient-ils ces gars ?"
- Le capitaine : "A Verdun … je crois qu'ils allaient à Verdun"
- Martial : "Ils ont tellement aimé Verdun qu'ils sont restés là-bas … n'est-ce pas ,
capitaine ?"
- Le capitaine : "C'est probable , Martial ..;"
le 327e de Valenciennes , le 62e de Lorient , le 2e zouaves , les 2e et 3e tirailleurs ,
et bien d'autres … on ne les revit jamais .
- Martial : "Mon capitaine … est-il possible qu'un régiment passe ici le 22 mai …
le 327e de Valenciennes par exemple … serait-il passé dans l'autre sens pendant
que je dormais ?"
- Le capitaine : "……………"
- Martial , à moi et à Bertin : "Tu dormais aussi ce jour-là ? … et toi Bertin ?"
- Moi : "…………"
- Bertin : "Bof …"
- Martial au capitaine . Martial à toute la tranchée : "Et le 62e de Lorient ? … et
le 2e zouaves ? … et le 2e et le 3e tirailleurs ? … capitaine ?"
- Le capitaine : "……………"
- Martial : "Où allaient-ils ces gars ?"
- Le capitaine : "A Verdun … je crois qu'ils allaient à Verdun"
- Martial : "Ils ont tellement aimé Verdun qu'ils sont restés là-bas … n'est-ce pas ,
capitaine ?"
- Le capitaine : "C'est probable , Martial ..;"
TROIS MOUCHES 59 . RELATIVITÉ GÉNÉRALE
"La théorie de la Relativité Générale se fonde essentiellement sur la correspon-
dance numérique vérifiable et vérifiée de la masse inerte et de la masse pesante des
corps … c'est ce qu'écrit Einstein" , dis-je à Berthe tandis que trois mouches vermeil-
les et merveilleuses bourdonnaient contre son chapeau de paille .
Je vérifiai que la masse pesante du merveilleux corps de Berthe correspondait à ce
qu'écrit Einstein dans sa théorie de la Relativité qui se fonde sur la masse inerte de
mouches bourdonnant par essence numérique autour de son chapeau de paille (en
général) .
Einstein fondait devant le corps de Berthe en écrivant sa merveilleuse Relativité
quand trois mouches inertes à masse théorique bourdonnèrent contre son chapeau de
paille . "Cela me pèserait que leur masse correspondît à un nombre vérifié et vérifia-
ble en général" , dit-il .
dance numérique vérifiable et vérifiée de la masse inerte et de la masse pesante des
corps … c'est ce qu'écrit Einstein" , dis-je à Berthe tandis que trois mouches vermeil-
les et merveilleuses bourdonnaient contre son chapeau de paille .
Je vérifiai que la masse pesante du merveilleux corps de Berthe correspondait à ce
qu'écrit Einstein dans sa théorie de la Relativité qui se fonde sur la masse inerte de
mouches bourdonnant par essence numérique autour de son chapeau de paille (en
général) .
Einstein fondait devant le corps de Berthe en écrivant sa merveilleuse Relativité
quand trois mouches inertes à masse théorique bourdonnèrent contre son chapeau de
paille . "Cela me pèserait que leur masse correspondît à un nombre vérifié et vérifia-
ble en général" , dit-il .
dimanche 24 avril 2016
DESMOND 54 . MENDELSSOHN
- Le Président au téléphone : "Desmond , vous avez quelque chose ce soir ?"
- Moi : "Rien de particulier , Monsieur le Président"
- Lui : "Pat va au concert … ça me ferait plaisir que vous l'accompagniez … elle
vous adore , Desmond ! … et moi , la musique , je n'y comprends rien"
- Moi : "Je suis très honoré , Monsieur le Président … c'est un plaisir"
- Lui : "Mendelssohn , ça vous dit quelque chose ?"
- Moi : "Euh … oui … le musicien ou le philosophe ?"
- Lui : "Ah !? … parce qu'il y a un philosophe ?"
- Moi , un rien cuistre : "Moses , Monsieur le Président"
- Lui : "Là , je vous parle d'un musicien"
- Moi : "Félix"
- Lui : "C'est ça … vous le connaissez ? … un juif allemand avec un nom pareil , non ?"
- Moi : "Il était protestant , je crois"
- Lui : "Était ? … parce qu'il ne l'est plus ?"
- Moi : "C'est que … Monsieur le Président …"
- Lui : "Quoi , Desmond ? … vous savez , protestant , juif ou musulman , je m'en fous …
du moment que sa musique plaît à Pat … c'est romantique m'a-t-elle dit"
- Moi : "En effet , Monsieur le Président"
- Lui : "Un rêve en été , quelque chose comme ça"
- Moi : "Le songe d'une nuit d'été"
- lui : "C'est ça , Desmond ! … dites donc , vous vous y connaissez … toujours au fait de
l'actualité … rien ne vous échappe de toutes ces nouveautés ! … je vous admire Des-
mond … si , si …"
- Moi : "C'est que … Monsieur le Président … si je puis me permettre … Félix Men-
delssohn est …"
- Lui : "Desmond , Desmond ? je vous quitte … désolé … Spiro et Henry sont dans mon
bureau … vous savez : le Vietnam , encore le Vietnam , ce bourbier … amusez-vous
bien … et à la fin du spectacle , allez voir ce Monsieur Mendelssohn dans sa loge avec
Pat ! … elle en raffole !"
- Moi : "Rien de particulier , Monsieur le Président"
- Lui : "Pat va au concert … ça me ferait plaisir que vous l'accompagniez … elle
vous adore , Desmond ! … et moi , la musique , je n'y comprends rien"
- Moi : "Je suis très honoré , Monsieur le Président … c'est un plaisir"
- Lui : "Mendelssohn , ça vous dit quelque chose ?"
- Moi : "Euh … oui … le musicien ou le philosophe ?"
- Lui : "Ah !? … parce qu'il y a un philosophe ?"
- Moi , un rien cuistre : "Moses , Monsieur le Président"
- Lui : "Là , je vous parle d'un musicien"
- Moi : "Félix"
- Lui : "C'est ça … vous le connaissez ? … un juif allemand avec un nom pareil , non ?"
- Moi : "Il était protestant , je crois"
- Lui : "Était ? … parce qu'il ne l'est plus ?"
- Moi : "C'est que … Monsieur le Président …"
- Lui : "Quoi , Desmond ? … vous savez , protestant , juif ou musulman , je m'en fous …
du moment que sa musique plaît à Pat … c'est romantique m'a-t-elle dit"
- Moi : "En effet , Monsieur le Président"
- Lui : "Un rêve en été , quelque chose comme ça"
- Moi : "Le songe d'une nuit d'été"
- lui : "C'est ça , Desmond ! … dites donc , vous vous y connaissez … toujours au fait de
l'actualité … rien ne vous échappe de toutes ces nouveautés ! … je vous admire Des-
mond … si , si …"
- Moi : "C'est que … Monsieur le Président … si je puis me permettre … Félix Men-
delssohn est …"
- Lui : "Desmond , Desmond ? je vous quitte … désolé … Spiro et Henry sont dans mon
bureau … vous savez : le Vietnam , encore le Vietnam , ce bourbier … amusez-vous
bien … et à la fin du spectacle , allez voir ce Monsieur Mendelssohn dans sa loge avec
Pat ! … elle en raffole !"
samedi 23 avril 2016
FLO
J'exigeais de Flo qu'elle y voit clair en elle et je dois dire que - bien qu'à
contre-coeur - elle s'infligeait de fréquentes et douloureuses séances d'auto-
analyse . Contrairement à ce que j'affirmais , tout cela ne menait à rien car
voir clair en soi n'est pas le meilleur chemin pour atteindre le bonheur . Par
une belle soirée d'été (c'était je pense le 10 juillet 1992 à 20h30 juste après
le JT) , elle quitta le salon par la baie vitrée et termina son Orangina au fond
du jardin près du muret en briques . C'était , je le savais , l'une de ses stratégies
pour s'adonner à la clairvoyance . Quand elle revint , elle déclara que le papier
peint du salon ne correspondait plus du tout à notre relation de couple et
comme - par une obstination stupide et refus d'admettre que notre trajectoire
nous menait sur une voie de garage - je m'opposai à ce qu'elle y appliquât au
rouleau une peinture éclatante , elle fit ses valises et me laissa à mes examens
de conscience .
contre-coeur - elle s'infligeait de fréquentes et douloureuses séances d'auto-
analyse . Contrairement à ce que j'affirmais , tout cela ne menait à rien car
voir clair en soi n'est pas le meilleur chemin pour atteindre le bonheur . Par
une belle soirée d'été (c'était je pense le 10 juillet 1992 à 20h30 juste après
le JT) , elle quitta le salon par la baie vitrée et termina son Orangina au fond
du jardin près du muret en briques . C'était , je le savais , l'une de ses stratégies
pour s'adonner à la clairvoyance . Quand elle revint , elle déclara que le papier
peint du salon ne correspondait plus du tout à notre relation de couple et
comme - par une obstination stupide et refus d'admettre que notre trajectoire
nous menait sur une voie de garage - je m'opposai à ce qu'elle y appliquât au
rouleau une peinture éclatante , elle fit ses valises et me laissa à mes examens
de conscience .
LE DOSSIER HP
Nous fîmes les premières constatations . La balle - calibre 9 mm - avait traversé
HP de part en part et expulsé de sa personne des particules de sa mémoire . Nous
les trouvâmes fichées dans la cloison en placoplâtre , derrière son bureau . Le dossier
est connu chez nous comme "Dossier HP" ; ces deux lettres sont les initiales de la
victime , Hewlett P. pour mes collègues informaticiens et , pour d'autres versés dans
les sciences cognitives et accessoirement dans la psychanalyse : Hans Père .
Nous avons transporté le corps principal et les morceaux afférents à la Médecine
Légale . Le Docteur Octet a insisté sur l'importance des parties éjectées , aussi les
avons nous extraites de la cloison avec des pinces à épiler et les avons placées une
à une dans des flacons d'analyse . Le Docteur Octet a jeté un regard désabusé sur
le corps (ce qui en restait) . Ce qui l'intéressait , c'était le contenu des flacons qu'il
retourna sur les carreaux blancs de la table d'autopsie . A la lumière de sa lampe
frontale , il tria les morceaux à la pointe d'un scalpel , les jaunes qu'il appelait "tracks"
et les bleus - les plus précieux nous dit-il - "vectors" . Pour accéder à la vérité , la
tâche était à la fois simple et infaisable : réunir les "vectors" en un "cluster" intelligible .
Puis nous rendîmes visite à Singmar Fred , "SF" pour les intimes que - par dérision
et derrière son dos - nous avions baptisé "Science Fiction" . SF n'y alla pas par quatre
chemins : nous pouvions bien triturer ces bouts de mémoire sur son divan , on avait
affaire ici à un parricide .
HP de part en part et expulsé de sa personne des particules de sa mémoire . Nous
les trouvâmes fichées dans la cloison en placoplâtre , derrière son bureau . Le dossier
est connu chez nous comme "Dossier HP" ; ces deux lettres sont les initiales de la
victime , Hewlett P. pour mes collègues informaticiens et , pour d'autres versés dans
les sciences cognitives et accessoirement dans la psychanalyse : Hans Père .
Nous avons transporté le corps principal et les morceaux afférents à la Médecine
Légale . Le Docteur Octet a insisté sur l'importance des parties éjectées , aussi les
avons nous extraites de la cloison avec des pinces à épiler et les avons placées une
à une dans des flacons d'analyse . Le Docteur Octet a jeté un regard désabusé sur
le corps (ce qui en restait) . Ce qui l'intéressait , c'était le contenu des flacons qu'il
retourna sur les carreaux blancs de la table d'autopsie . A la lumière de sa lampe
frontale , il tria les morceaux à la pointe d'un scalpel , les jaunes qu'il appelait "tracks"
et les bleus - les plus précieux nous dit-il - "vectors" . Pour accéder à la vérité , la
tâche était à la fois simple et infaisable : réunir les "vectors" en un "cluster" intelligible .
Puis nous rendîmes visite à Singmar Fred , "SF" pour les intimes que - par dérision
et derrière son dos - nous avions baptisé "Science Fiction" . SF n'y alla pas par quatre
chemins : nous pouvions bien triturer ces bouts de mémoire sur son divan , on avait
affaire ici à un parricide .
jeudi 21 avril 2016
KRANT 59 . LE SORCIER MAIGRE
Au cours de nos circumnavigations , nous croisâmes plus d'un capitaine célèbre .
J'ai déjà parlé d'Achab , cette légende , que j'eus l'honneur de rencontrer à Englee …
Dans un tout autre endroit du monde nous avions doublé Cape Tribulation le jour
le plus chaud de l'été austral et nous faisions relâche à Cooktown sur la Mer de
Corail . Nous avions amarré le Kritik dans le nouveau port construit pour les cher-
cheurs d'or de Palmer River . Krant me désigna un homme torse nu , d'une maigreur
fantastique , qui s'affairait autour d'un scaphandre . Il portait en guise de couvre-chef
un petit bonnet rouge en laine aussi saugrenu dans cette chaudière tropicale qu'une
coccinelle en Terre Adélie . Son nez était immense , crochu et tranchant et ne laissait
au visage étroit comme l'étrave d'un torpilleur qu'une surface minuscule pour y mettre
deux yeux bleus avides . L'homme virevoltait , tendu et passionné , autour du scaphan-
dre qu'on avait suspendu à un palan . Il tripotait le régulateur de gaz , testait le détendeur
et les joints étanches , actionnait les pinces de bouts de bras et tapotait les semelles de
plomb . Je vis en ce scaphandre un Prométhée des fonds marins et cet homme étrange
au chapeau rouge était l'aigle qui lui lardait le foie .
Krant désignant à nouveau l'énergumène d'un coup de menton : "Kommandant
Kousto" . Puis d'un geste de pipe un bateau déglingué appuyé sur le quai à deux amarres
du Kritik et portant le nom d'une nymphe de l'ancienne Grèce : "Die Kalypso" ...
J'ai déjà parlé d'Achab , cette légende , que j'eus l'honneur de rencontrer à Englee …
Dans un tout autre endroit du monde nous avions doublé Cape Tribulation le jour
le plus chaud de l'été austral et nous faisions relâche à Cooktown sur la Mer de
Corail . Nous avions amarré le Kritik dans le nouveau port construit pour les cher-
cheurs d'or de Palmer River . Krant me désigna un homme torse nu , d'une maigreur
fantastique , qui s'affairait autour d'un scaphandre . Il portait en guise de couvre-chef
un petit bonnet rouge en laine aussi saugrenu dans cette chaudière tropicale qu'une
coccinelle en Terre Adélie . Son nez était immense , crochu et tranchant et ne laissait
au visage étroit comme l'étrave d'un torpilleur qu'une surface minuscule pour y mettre
deux yeux bleus avides . L'homme virevoltait , tendu et passionné , autour du scaphan-
dre qu'on avait suspendu à un palan . Il tripotait le régulateur de gaz , testait le détendeur
et les joints étanches , actionnait les pinces de bouts de bras et tapotait les semelles de
plomb . Je vis en ce scaphandre un Prométhée des fonds marins et cet homme étrange
au chapeau rouge était l'aigle qui lui lardait le foie .
Krant désignant à nouveau l'énergumène d'un coup de menton : "Kommandant
Kousto" . Puis d'un geste de pipe un bateau déglingué appuyé sur le quai à deux amarres
du Kritik et portant le nom d'une nymphe de l'ancienne Grèce : "Die Kalypso" ...
mardi 19 avril 2016
PARADIS 59 . PARADIS ET FIL DE FER
- Dieu fait sa tournée heptaère du Paradis (heptaère , c'est pas dans le dictionnaire ,
c'est hebdomadaire , bref : la tournée du week-end) . Un fil de fer barbelé coupe son
chemin . Adam est dans un labour , nu dans ses bottes en caoutchouc . Son front
dégouline de sueur : "Adam !? … qu'est-ce que tu fabriques ?"
- Adam , sans s'arrêter de fouiller la terre : "Je gagne mon pain"
- Dieu : "Le septième jour ?"
- Adam : "……………"
- Dieu : "Tu n'es pas sérieux Adam … le septième jour , c'est pour se reposer"
- Adam : "……………"
- Dieu : "C'est aussi pour me louer"
- Adam bine sans relâche .
- Dieu : "Ève me dit que tu fréquentes un certain Benure"
- Adam : "Ben Hur"
- Dieu : "………?……"
- Adam : "C'est pas son vrai nom … son nom c'est Charlton Heston"
- Dieu : "……..???….."
- Adam : "C'est un américain"
- Dieu : "………?……"
- Adam . Il bine , bine et bine .
- Dieu désignant le fil en travers de son chemin : "Et ce fil en travers de mon chemin ,
c'est quoi ?"
- Adam : "Un fil de fer barbelé"
- Dieu : "………?……"
- Adam . Il se redresse et fait face à Dieu : "Ici , c'est chez moi … c'est pas chez toi"
- Dieu s'en retourne et lâche par-dessus sa sublime épaule : "Quand tu auras une
minute , Adam , passe me voir au Paradis … j'ai des Kro au frigo … faut qu'on cause …"
c'est hebdomadaire , bref : la tournée du week-end) . Un fil de fer barbelé coupe son
chemin . Adam est dans un labour , nu dans ses bottes en caoutchouc . Son front
dégouline de sueur : "Adam !? … qu'est-ce que tu fabriques ?"
- Adam , sans s'arrêter de fouiller la terre : "Je gagne mon pain"
- Dieu : "Le septième jour ?"
- Adam : "……………"
- Dieu : "Tu n'es pas sérieux Adam … le septième jour , c'est pour se reposer"
- Adam : "……………"
- Dieu : "C'est aussi pour me louer"
- Adam bine sans relâche .
- Dieu : "Ève me dit que tu fréquentes un certain Benure"
- Adam : "Ben Hur"
- Dieu : "………?……"
- Adam : "C'est pas son vrai nom … son nom c'est Charlton Heston"
- Dieu : "……..???….."
- Adam : "C'est un américain"
- Dieu : "………?……"
- Adam . Il bine , bine et bine .
- Dieu désignant le fil en travers de son chemin : "Et ce fil en travers de mon chemin ,
c'est quoi ?"
- Adam : "Un fil de fer barbelé"
- Dieu : "………?……"
- Adam . Il se redresse et fait face à Dieu : "Ici , c'est chez moi … c'est pas chez toi"
- Dieu s'en retourne et lâche par-dessus sa sublime épaule : "Quand tu auras une
minute , Adam , passe me voir au Paradis … j'ai des Kro au frigo … faut qu'on cause …"
lundi 18 avril 2016
COTE 137 . 57 . "PEUT-ÊTRE" OU "SI" ?
Nos obus frappent Montrepont . La terre tremble . C'est du gros calibre .
- Martial : "Mon capitaine , qu'est-ce qu'ils cherchent à faire nos artilleurs ? . Il n'y a
plus un mur debout à Montrepont … et pas un allemand"
- Le capitaine : "Les artilleurs ne cherchent rien … ils envoient leurs obus où on leur
dit de les envoyer"
- Martial : "On" , c'est le Haut-Commandement ?"
- Le capitaine . Il observe aux jumelles le déluge de feu : "Oui , Martial … le Haut-
Commandement …"
- Martial : "Peut-être devrait-on prévenir le Haut-Commandement qu'il n'y a plus rien
à casser à Montrepont et personne à tuer ..."
- Le capitaine : "…………….."
- Martial : "Ça ferait des économies …"
- Le capitaine : "…………….."
- Martial : "Remarquez , mon capitaine , il y a peut-être encore des fondations à sortir
de terre"
- Le capitaine : "…………….."
- Martial : "… et pas mal de cadavres …"
- Le capitaine : "…………….."
- Martial : "Peut-être que le Haut-Commandement est mal informé …"
- Le capitaine : "…………….."
- Martial : "Peut-être que le Haut-Commandement est distrait …"
- Le capitaine : "…………….."
- Martial : " … ou peut-être que le Haut-Commandement s'ennuie …"
- Le capitaine : "…………….."
- Martial : "Mais avec des "peut-être" , on mettrait Paris en bouteille … hein , mon
capitaine ?"
- Le capitaine : "Avec des "si" , Martial"
- Martial : "Mon capitaine , qu'est-ce qu'ils cherchent à faire nos artilleurs ? . Il n'y a
plus un mur debout à Montrepont … et pas un allemand"
- Le capitaine : "Les artilleurs ne cherchent rien … ils envoient leurs obus où on leur
dit de les envoyer"
- Martial : "On" , c'est le Haut-Commandement ?"
- Le capitaine . Il observe aux jumelles le déluge de feu : "Oui , Martial … le Haut-
Commandement …"
- Martial : "Peut-être devrait-on prévenir le Haut-Commandement qu'il n'y a plus rien
à casser à Montrepont et personne à tuer ..."
- Le capitaine : "…………….."
- Martial : "Ça ferait des économies …"
- Le capitaine : "…………….."
- Martial : "Remarquez , mon capitaine , il y a peut-être encore des fondations à sortir
de terre"
- Le capitaine : "…………….."
- Martial : "… et pas mal de cadavres …"
- Le capitaine : "…………….."
- Martial : "Peut-être que le Haut-Commandement est mal informé …"
- Le capitaine : "…………….."
- Martial : "Peut-être que le Haut-Commandement est distrait …"
- Le capitaine : "…………….."
- Martial : " … ou peut-être que le Haut-Commandement s'ennuie …"
- Le capitaine : "…………….."
- Martial : "Mais avec des "peut-être" , on mettrait Paris en bouteille … hein , mon
capitaine ?"
- Le capitaine : "Avec des "si" , Martial"
dimanche 17 avril 2016
TROIS MOUCHES 58 . OÙ SONT-ELLES PASSÉES ?
"Il y a deux verbes que l'on appelle auxiliaires parce qu'ils servent à conjuguer
tous les autres" , dis-je à Berthe … "Être et Avoir" . Elle me retourne que "oui ,
merci mon lapin , j'ai appris cette histoire à l'école !"
Deux lapins retournent à l'école . "Ils s'appellent Être et Avoir" me dit Berthe .
Elle m'apprend qu'ils servent d'auxiliaires aux verbes . C'est une histoire de conju-
gaison …
"Conjuguer des verbes avec Être et Avoir , c'est ce qu'on appelle se servir d'un
auxiliaire" , dis-je . Berthe se retourne : "C'est comme à l'école , l'histoire des deux
lapins" .
tous les autres" , dis-je à Berthe … "Être et Avoir" . Elle me retourne que "oui ,
merci mon lapin , j'ai appris cette histoire à l'école !"
Deux lapins retournent à l'école . "Ils s'appellent Être et Avoir" me dit Berthe .
Elle m'apprend qu'ils servent d'auxiliaires aux verbes . C'est une histoire de conju-
gaison …
"Conjuguer des verbes avec Être et Avoir , c'est ce qu'on appelle se servir d'un
auxiliaire" , dis-je . Berthe se retourne : "C'est comme à l'école , l'histoire des deux
lapins" .
vendredi 15 avril 2016
DESMOND 53 . AU CINÉMA
- Le Président : "Desmond … vous aimez le cinéma ?"
Maison Blanche . Diplomatic Reception Room . Nous sommes assis côte à côte .
Nos fauteuils se touchent presque . Lui : scotch . Moi : Coca .
- Moi : "Euh … Monsieur le Président … Quand j'étais étudiant , j'allais souvent voir
des films"
- Lui : "Vous n'avez rien de particulier ce week-end ?"
- Moi : "Euh … non … Monsieur le Président ... non"
- Lui . Il me tape sur le genou : "Rejoignez-nous à Camp David … nous y serons ,
Pat et moi … soirée cinéma … ce sera un plaisir de vous avoir … Sammy sera là"
- Moi : "Sammy ?"
- Lui . Il me regarde comme si j'habitais dans la banlieue de Pluton : "Sammy Davis ,
Desmond !! … ah , vous ne sortez pas assez ! … laissez donc vos cochonneries de
documents secrets … détendez-vous ! … alors , c'est ok pour samedi ?"
- Moi : "Bien , Monsieur le Président"
- Lui : "Quel genre de films aimez-vous ?"
- Moi : "Euh … j'aime le cinéma italien"
- Lui : "Le gendarme en balade , vous avez vu ? … ah , ah ! … comment s'appelle
cet acteur italien très rigolo ?"
- Mou : "Si je peux me permettre , Monsieur le Président … c'est un français … Louis
de Funès"
- Lui : "Oui … oui … ah , ah ! … Louis de Funès … il n'est pas italien ? … quels ita-
liens alors ?"
- Moi : "Visconti , Antonioni , Comencini , De Sica , Fellini ..."
- Lui : "Fellini ! … ça me dit quelque chose"
- Moi : "La Strada"
- Lui : "La Strada … oui … j'ai dû voir ça … mais dites donc Desmond , c'est …
c'est …"
- Moi : "Oui … très poétique , Monsieur le Président"
- Lui : "Oui … oui … c'est le mot que je cherchais"
- Moi . Je m'emballe : "Quelle émotion ! … je pleurais , Monsieur le Président … Giu-
lietta Masina … Anthony Quinn … inoubliables !"
- Lui : "Oui , Desmond … inoubliables … Pat a choisi autre chose pour demain"
- Moi : "………..?…………"
- Lui : "Vous verrez … c'est sensass … Je l'ai déjà vu quinze fois : la chasse au canard"
- Moi : "………..?…………"
- Lui . Il penche vers moi toutes ses dents : "Avec Mickey Mouse ! … et Pluto !"
Maison Blanche . Diplomatic Reception Room . Nous sommes assis côte à côte .
Nos fauteuils se touchent presque . Lui : scotch . Moi : Coca .
- Moi : "Euh … Monsieur le Président … Quand j'étais étudiant , j'allais souvent voir
des films"
- Lui : "Vous n'avez rien de particulier ce week-end ?"
- Moi : "Euh … non … Monsieur le Président ... non"
- Lui . Il me tape sur le genou : "Rejoignez-nous à Camp David … nous y serons ,
Pat et moi … soirée cinéma … ce sera un plaisir de vous avoir … Sammy sera là"
- Moi : "Sammy ?"
- Lui . Il me regarde comme si j'habitais dans la banlieue de Pluton : "Sammy Davis ,
Desmond !! … ah , vous ne sortez pas assez ! … laissez donc vos cochonneries de
documents secrets … détendez-vous ! … alors , c'est ok pour samedi ?"
- Moi : "Bien , Monsieur le Président"
- Lui : "Quel genre de films aimez-vous ?"
- Moi : "Euh … j'aime le cinéma italien"
- Lui : "Le gendarme en balade , vous avez vu ? … ah , ah ! … comment s'appelle
cet acteur italien très rigolo ?"
- Mou : "Si je peux me permettre , Monsieur le Président … c'est un français … Louis
de Funès"
- Lui : "Oui … oui … ah , ah ! … Louis de Funès … il n'est pas italien ? … quels ita-
liens alors ?"
- Moi : "Visconti , Antonioni , Comencini , De Sica , Fellini ..."
- Lui : "Fellini ! … ça me dit quelque chose"
- Moi : "La Strada"
- Lui : "La Strada … oui … j'ai dû voir ça … mais dites donc Desmond , c'est …
c'est …"
- Moi : "Oui … très poétique , Monsieur le Président"
- Lui : "Oui … oui … c'est le mot que je cherchais"
- Moi . Je m'emballe : "Quelle émotion ! … je pleurais , Monsieur le Président … Giu-
lietta Masina … Anthony Quinn … inoubliables !"
- Lui : "Oui , Desmond … inoubliables … Pat a choisi autre chose pour demain"
- Moi : "………..?…………"
- Lui : "Vous verrez … c'est sensass … Je l'ai déjà vu quinze fois : la chasse au canard"
- Moi : "………..?…………"
- Lui . Il penche vers moi toutes ses dents : "Avec Mickey Mouse ! … et Pluto !"
jeudi 14 avril 2016
QUE FAIRE ?
Comme c'est l'usage , Leonardo naquit en sortant du ventre d'une femme ,
Madame Caterina d'Anciano , sa mère . Il débarquait du néant dans ce siècle
magnifique où à toute créature on associait le Créateur comme force bienveillante
et omnipotente . Le monde était déjà fait et les choses déjà là . Le stéthoscope
qui pendait au cou du Docteur Primacosa , ses lunettes d'écaille , son regard
technique et sa blouse apparurent au nouveau-né dans l'éclat blanc d'une qualité
unique qui lui sautait à la figure et que par commodité et parce que les mots ont
leur limite on appelle l'Être . Cette connaissance fut aussi fugace que l'instant et
aussi peu matérielle que le point de tangence d'une droite et d'une courbe . La
membrane du stéthoscope cessa de se balancer et dès qu'il sentit sur sa poitrine
son froid contact , Leonardo se trouva dans l'espace et le temps , dans le monde
des objets , des formes et des couleurs , des choses intelligibles . Que venait-il
faire ici ? . Qu'attendait-on de lui ? . Attendait-on quelque chose ? . C'est dans la
maternité Della Santa Croce que Leonardo conçut ce projet ambitieux : ajouter
à la Création ses propres oeuvres .
Madame Caterina d'Anciano , sa mère . Il débarquait du néant dans ce siècle
magnifique où à toute créature on associait le Créateur comme force bienveillante
et omnipotente . Le monde était déjà fait et les choses déjà là . Le stéthoscope
qui pendait au cou du Docteur Primacosa , ses lunettes d'écaille , son regard
technique et sa blouse apparurent au nouveau-né dans l'éclat blanc d'une qualité
unique qui lui sautait à la figure et que par commodité et parce que les mots ont
leur limite on appelle l'Être . Cette connaissance fut aussi fugace que l'instant et
aussi peu matérielle que le point de tangence d'une droite et d'une courbe . La
membrane du stéthoscope cessa de se balancer et dès qu'il sentit sur sa poitrine
son froid contact , Leonardo se trouva dans l'espace et le temps , dans le monde
des objets , des formes et des couleurs , des choses intelligibles . Que venait-il
faire ici ? . Qu'attendait-on de lui ? . Attendait-on quelque chose ? . C'est dans la
maternité Della Santa Croce que Leonardo conçut ce projet ambitieux : ajouter
à la Création ses propres oeuvres .
mardi 12 avril 2016
KRANT 58 . LE NOCTURLABE
Nous avions à bord du Kritik le nec plus ultra des instruments de marine . Le capitaine
cependant gardait dans sa poche de poitrine un petit objet en bois qu'il tenait d'un ancêtre
marin . Aussi loin qu'il remontât dans sa généalogie , Krant ne connaissait que des marins !
C'était un nocturlabe fabriqué en Angleterre au XVIIIe siècle . Quand certaines nuits nous
nous trouvions sur la passerelle , le capitaine aimait à m'en expliquer les secrets mais je dois
avouer que je n'y ai jamais rien compris , tout juste si je sais à quoi il sert : à connaître
l'heure locale pendant la nuit . Ainsi parlait Krant : "L'alignement des deux dernières roues
du Grand Chariot , Alpha et Beta Grande Ourse , passe par Alpha Petite Ourse , l'Étoile
Polaire . Cet alignement fait un tour complet dans le ciel en 24 heures" . Et il continuait sa démonstration où il était question de calcul angulaire et de différences d'ascensions droites .
Bien entendu , tout ceci dépassait mon entendement . Le capitaine montrait au recto de
son nocturlabe les cercles conventionnels et le bras alidade . "Ce modèle", disait-il avec
quelque fierté , "est utilisable pour the both Bears (en letton : les deux Ourses) . "Au verso"
et Krant me la désignait à la lueur des rougeoiements de sa pipe , "est cette table des angles
au pôle de Petite Ourse et de Alpha et Beta Grande Ourse , en fonction des positions de
leur alignement déterminé par le bras alidade" . Il jetait un oeil sévère sur mon expression
dubitative . Cependant , il poursuivait : "Abo signifie above - c'est de l'anglais - ou + , und
signifie under ou - . La plus grande valeur portée sur la couronne _ 2°"35' - est la distance
de l'Étoile Polaire au pôle . On peut …" et ce disant , il remettait le nocturlabe dans sa
poche de poitrine , "grâce à cette règle circulaire , avoir la hauteur de l'azimut du pôle en
fonction de la Polaire …"
Un ange marin passait entre nous , accoudés côte à côte sur la rambarde . Krant , sûr que
je n'avais rien compris : "Comprenez-vous , chef ?" . Moi : "Je vous avoue capitaine que
j'y vois plus clair dans les pistons Stirling" . Un autre ange , plus majestueux que le premier ,
frôlait de son aile les bordés du Kritik . Krant : "Qu'importe ! … à chacun son métier !"
Hume pouvait paraître à ce moment dans l'angle de lumière laissé par la porte à peine ou-
verte du capitaine . Son oeil était nocturne et sa queue circulaire . Krant : "Hume s'occupe-
t-il d'astronomie … ou de machine à vapeur ? …"
cependant gardait dans sa poche de poitrine un petit objet en bois qu'il tenait d'un ancêtre
marin . Aussi loin qu'il remontât dans sa généalogie , Krant ne connaissait que des marins !
C'était un nocturlabe fabriqué en Angleterre au XVIIIe siècle . Quand certaines nuits nous
nous trouvions sur la passerelle , le capitaine aimait à m'en expliquer les secrets mais je dois
avouer que je n'y ai jamais rien compris , tout juste si je sais à quoi il sert : à connaître
l'heure locale pendant la nuit . Ainsi parlait Krant : "L'alignement des deux dernières roues
du Grand Chariot , Alpha et Beta Grande Ourse , passe par Alpha Petite Ourse , l'Étoile
Polaire . Cet alignement fait un tour complet dans le ciel en 24 heures" . Et il continuait sa démonstration où il était question de calcul angulaire et de différences d'ascensions droites .
Bien entendu , tout ceci dépassait mon entendement . Le capitaine montrait au recto de
son nocturlabe les cercles conventionnels et le bras alidade . "Ce modèle", disait-il avec
quelque fierté , "est utilisable pour the both Bears (en letton : les deux Ourses) . "Au verso"
et Krant me la désignait à la lueur des rougeoiements de sa pipe , "est cette table des angles
au pôle de Petite Ourse et de Alpha et Beta Grande Ourse , en fonction des positions de
leur alignement déterminé par le bras alidade" . Il jetait un oeil sévère sur mon expression
dubitative . Cependant , il poursuivait : "Abo signifie above - c'est de l'anglais - ou + , und
signifie under ou - . La plus grande valeur portée sur la couronne _ 2°"35' - est la distance
de l'Étoile Polaire au pôle . On peut …" et ce disant , il remettait le nocturlabe dans sa
poche de poitrine , "grâce à cette règle circulaire , avoir la hauteur de l'azimut du pôle en
fonction de la Polaire …"
Un ange marin passait entre nous , accoudés côte à côte sur la rambarde . Krant , sûr que
je n'avais rien compris : "Comprenez-vous , chef ?" . Moi : "Je vous avoue capitaine que
j'y vois plus clair dans les pistons Stirling" . Un autre ange , plus majestueux que le premier ,
frôlait de son aile les bordés du Kritik . Krant : "Qu'importe ! … à chacun son métier !"
Hume pouvait paraître à ce moment dans l'angle de lumière laissé par la porte à peine ou-
verte du capitaine . Son oeil était nocturne et sa queue circulaire . Krant : "Hume s'occupe-
t-il d'astronomie … ou de machine à vapeur ? …"
dimanche 10 avril 2016
PARADIS 58 . BEN HUR
- Dieu dans son atelier à Ève . Il lui montre une image pieuse qui le représente
chauve , sévère et portant une longue barbe blanche : "Tu connais ce type ?"
- Ève . Elle jette un oeil distrait : "Pouah ! … jamais vu !"
- Dieu : "Dieu soit loué !"
- Ève . Elle confirme : "Ce papy , je l'ai jamais vu"
- Dieu , râvi (et soulagé) : "Ève , tu es ma plus belle créature … si tu étais le jour ,
tu serais un matin de rosée … la nuit , tu serais étoilée …"
- Ève . Elle le coupe : "Oh , oh ! … arrête ton charme , Ben Hur !"
- Dieu : "Pardon ?"
- Ève : "Tu me dragues , là"
- Dieu : "Qu'est-ce que tu racontes ? … qu'est-ce que c'est que ce langage ? … et
qui c'est ce … ce Benure ?"
- Ève : "Il l'a vu au cinéma"
- Dieu : "Qui ça , il ?"
- Ève : "Adam … il a vu Ben Hur au cinéma"
- Dieu : "Où ?"
- Ève : "Au cinoche"
- Dieu : "Ève ! … je ne te suis pas du tout … Adam a vu ce Binoche au cinure ?"
- Ève . Elle corrige : "Ce Ben Hur au cinoche … oui , il l'a vu"
- Dieu : "Et toi ?"
- Ève . Elle fait la moue : "Non"
- Dieu : "C'est où ce cinoche ? … c'est pas au Paradis … Adam est sorti du Paradis ?"
- Ève . Elle cafte : "Ça lui arrive"
- Dieu , pour changer de sujet : "Et tes enfants ?"
- Ève : "Abel ça va … mais Caïn , il est insupportable … jaloux de son frère ! (Gn 4,5)"
chauve , sévère et portant une longue barbe blanche : "Tu connais ce type ?"
- Ève . Elle jette un oeil distrait : "Pouah ! … jamais vu !"
- Dieu : "Dieu soit loué !"
- Ève . Elle confirme : "Ce papy , je l'ai jamais vu"
- Dieu , râvi (et soulagé) : "Ève , tu es ma plus belle créature … si tu étais le jour ,
tu serais un matin de rosée … la nuit , tu serais étoilée …"
- Ève . Elle le coupe : "Oh , oh ! … arrête ton charme , Ben Hur !"
- Dieu : "Pardon ?"
- Ève : "Tu me dragues , là"
- Dieu : "Qu'est-ce que tu racontes ? … qu'est-ce que c'est que ce langage ? … et
qui c'est ce … ce Benure ?"
- Ève : "Il l'a vu au cinéma"
- Dieu : "Qui ça , il ?"
- Ève : "Adam … il a vu Ben Hur au cinéma"
- Dieu : "Où ?"
- Ève : "Au cinoche"
- Dieu : "Ève ! … je ne te suis pas du tout … Adam a vu ce Binoche au cinure ?"
- Ève . Elle corrige : "Ce Ben Hur au cinoche … oui , il l'a vu"
- Dieu : "Et toi ?"
- Ève . Elle fait la moue : "Non"
- Dieu : "C'est où ce cinoche ? … c'est pas au Paradis … Adam est sorti du Paradis ?"
- Ève . Elle cafte : "Ça lui arrive"
- Dieu , pour changer de sujet : "Et tes enfants ?"
- Ève : "Abel ça va … mais Caïn , il est insupportable … jaloux de son frère ! (Gn 4,5)"
COTE 137 . 56 . A QUI SONT CES JAMBES ?
Deux brancardiers ramènent la moitié d'un sénégalais .
- Martial , comme ils passent devant nous : "Qu'est-ce que vous avez fait de l'autre
moitié ?"
- Un brancardier : "On a cherché … près de Montrepont … une marmite"
- Martial saisit le poignet du cadavre : "Pauvre vieux , tu rentres à la maison sans tes
pattes …"
- Les brancardiers : "………………."
La pluie tombe sur nos capotes et sur le torse du tirailleur privé de ses jambes .
- Martial : "Mon capitaine ! "
- Le capitaine , sans quitter son observation de la cote 137 : "Martial ?"
- Martial : "Mon capitaine … vous souvenez-vous de cette paire de jambes ?" . Dési-
gnant un vague secteur du champ de bataille … "Par-là"
- Le capitaine : "Oui … vaguement … une paire de jambes"
- Martial : "A qui étaient-elles ?"
- Le capitaine , derrière ses jumelles : "Qu'en sais-je ? … c'était une paire de jambes
en effet"
- Martial à moi : "Tu te rends compte , vieux … une paire de jambes et personne à
côté ! …"
- Moi : "………..?……….."
- Martial , la main posée à plat sur la poitrine du sénégalais : "Des jambes abandonnées
là-bas et ici , un gars qui n'en a plus !"
- Moi et les brancardiers : "……..?………"
- Martial aux brancardiers : "C'était par-là … peut-être qu'elles y sont encore … avec un
peu de chance …"
Les brancardiers reprennent leur pénible progression . Ils s'éloignent …"
- Martial gueule : "Avec deux … pour en faire un !"
- Le capitaine , aux jumelles toujours : "Martial , à propos de votre humour ,
je suis partagé " .
- Martial , comme ils passent devant nous : "Qu'est-ce que vous avez fait de l'autre
moitié ?"
- Un brancardier : "On a cherché … près de Montrepont … une marmite"
- Martial saisit le poignet du cadavre : "Pauvre vieux , tu rentres à la maison sans tes
pattes …"
- Les brancardiers : "………………."
La pluie tombe sur nos capotes et sur le torse du tirailleur privé de ses jambes .
- Martial : "Mon capitaine ! "
- Le capitaine , sans quitter son observation de la cote 137 : "Martial ?"
- Martial : "Mon capitaine … vous souvenez-vous de cette paire de jambes ?" . Dési-
gnant un vague secteur du champ de bataille … "Par-là"
- Le capitaine : "Oui … vaguement … une paire de jambes"
- Martial : "A qui étaient-elles ?"
- Le capitaine , derrière ses jumelles : "Qu'en sais-je ? … c'était une paire de jambes
en effet"
- Martial à moi : "Tu te rends compte , vieux … une paire de jambes et personne à
côté ! …"
- Moi : "………..?……….."
- Martial , la main posée à plat sur la poitrine du sénégalais : "Des jambes abandonnées
là-bas et ici , un gars qui n'en a plus !"
- Moi et les brancardiers : "……..?………"
- Martial aux brancardiers : "C'était par-là … peut-être qu'elles y sont encore … avec un
peu de chance …"
Les brancardiers reprennent leur pénible progression . Ils s'éloignent …"
- Martial gueule : "Avec deux … pour en faire un !"
- Le capitaine , aux jumelles toujours : "Martial , à propos de votre humour ,
je suis partagé " .
vendredi 8 avril 2016
DESMOND 52 . IGNACE
- "Desmond , I've a problem … montez s'il vous plaît …"
- Je monte quatre à quatre . Le Président m'attend à la porte du Bureau Ovale :
"Asseyez-vous , Desmond … I've a problem … j'ai besoin de vous"
Lui reste debout . Il prend un livre posé sur le Wilson Desk et l'agite devant moi .
- Le Président : "Un livre d'histoire … une biographie"
- Moi : "……………"
- Lui : "Ignace de Loyola … vous connaissez ?"
- Moi : "Yes , Mister President … le fondateur de la Compagnie de Jésus … les jésuites"
- Lui : "Passionnant , Desmond … et instructif …"
- Moi : "Certainement , Monsieur le Président"
- Lui . Il fait les cent pas derrière mon dos , en silence , puis : "Le cilice , ça vous dit
quelque chose ?"
- Moi . Je lui réponds en aveugle : "… Euh … le cilice … voulez-vous dire , Monsieur le
Président … ce vêtement en poils de chèvre ?"
- Lui , surpris : "Ah bon !? … je voyais plutôt ça comme une ceinture avec des pointes …"
- Moi : "oui , Monsieur le Président … ça peut-être ça aussi … ce sont des outils de mor-
tification"
- Lui : "Ignace portait ce genre de truc"
- Moi "………………"
- Lui : "Vous le saviez ?"
- Moi : "Oui , Monsieur le Président … dans sa jeunesse … pour résister aux tentations
de la chair …"
- Le Président se remet à arpenter le bureau derrière moi . Soudain et s'arrêtant de
marcher : "On trouve encore ce genre de ceinture ?"
- Moi : "………?……. euh , Monsieur le Président … de nos jours ?"
- Lui , un peu énervé : "Oui … bien entendu … aujourd'hui , pas au Moyen-Âge ! …
sinon je ne vous poserais pas la question !"
- Moi : "Euh … dans Indiana Avenue , il y a un magasin d'articles religieux , je crois …
mais …"
- Lui : "Renseignez-vous , Desmond"
- Moi : "…….?……"
- Lui : "Discrètement … et ça ne doit pas se voir sous un complet veston …"
- Moi : "………….."
- Lui : "Budget illimité … priorité absolue … trouvez-moi ça , Desmond !"
- Moi : "Mais , Monsieur le Pr …"
- Lui : "Desmond , I've a problem ! … Marilyn … elle me rend fou !"
- Je monte quatre à quatre . Le Président m'attend à la porte du Bureau Ovale :
"Asseyez-vous , Desmond … I've a problem … j'ai besoin de vous"
Lui reste debout . Il prend un livre posé sur le Wilson Desk et l'agite devant moi .
- Le Président : "Un livre d'histoire … une biographie"
- Moi : "……………"
- Lui : "Ignace de Loyola … vous connaissez ?"
- Moi : "Yes , Mister President … le fondateur de la Compagnie de Jésus … les jésuites"
- Lui : "Passionnant , Desmond … et instructif …"
- Moi : "Certainement , Monsieur le Président"
- Lui . Il fait les cent pas derrière mon dos , en silence , puis : "Le cilice , ça vous dit
quelque chose ?"
- Moi . Je lui réponds en aveugle : "… Euh … le cilice … voulez-vous dire , Monsieur le
Président … ce vêtement en poils de chèvre ?"
- Lui , surpris : "Ah bon !? … je voyais plutôt ça comme une ceinture avec des pointes …"
- Moi : "oui , Monsieur le Président … ça peut-être ça aussi … ce sont des outils de mor-
tification"
- Lui : "Ignace portait ce genre de truc"
- Moi "………………"
- Lui : "Vous le saviez ?"
- Moi : "Oui , Monsieur le Président … dans sa jeunesse … pour résister aux tentations
de la chair …"
- Le Président se remet à arpenter le bureau derrière moi . Soudain et s'arrêtant de
marcher : "On trouve encore ce genre de ceinture ?"
- Moi : "………?……. euh , Monsieur le Président … de nos jours ?"
- Lui , un peu énervé : "Oui … bien entendu … aujourd'hui , pas au Moyen-Âge ! …
sinon je ne vous poserais pas la question !"
- Moi : "Euh … dans Indiana Avenue , il y a un magasin d'articles religieux , je crois …
mais …"
- Lui : "Renseignez-vous , Desmond"
- Moi : "…….?……"
- Lui : "Discrètement … et ça ne doit pas se voir sous un complet veston …"
- Moi : "………….."
- Lui : "Budget illimité … priorité absolue … trouvez-moi ça , Desmond !"
- Moi : "Mais , Monsieur le Pr …"
- Lui : "Desmond , I've a problem ! … Marilyn … elle me rend fou !"
TROIS MOUCHES 57 . LE PRINTEMPS , ENFIN !
Trois mouches vermeilles et merveilleuses bourdonnent contre nos chapeaux de
paille . Leurs ailes translucides vibrent dans l'air décousu de ce printemps si précoce
que Berthe s'exclame : "La saison sera aussi chaude qu'un grille-pain !"
Trois mouches vibrent dans le grille-pain … "Ce printemps , quelle merveille !"
s'exclame Berthe , translucide sous la paille décousue de son chapeau . Saison chaude
car l'air bourdonne d'ailes précoces .
L'air précoce bourdonne dans la paille comme un grille-pain car le printemps ,
translucide saison , vibre de mouches aux ailes décousues . Je m'exclame : "Berthe ,
mon chapeau !"
paille . Leurs ailes translucides vibrent dans l'air décousu de ce printemps si précoce
que Berthe s'exclame : "La saison sera aussi chaude qu'un grille-pain !"
Trois mouches vibrent dans le grille-pain … "Ce printemps , quelle merveille !"
s'exclame Berthe , translucide sous la paille décousue de son chapeau . Saison chaude
car l'air bourdonne d'ailes précoces .
L'air précoce bourdonne dans la paille comme un grille-pain car le printemps ,
translucide saison , vibre de mouches aux ailes décousues . Je m'exclame : "Berthe ,
mon chapeau !"
GARE AUX OISEAUX !
Je ne vois pas pourquoi on ne retracerait pas aujourd'hui l'histoire de Pica Eschato-
logica , cet oiseau de malheur … On a bien fait ce travail pour le pluvier argenté dont
pourtant l'existence ne porte pas à conséquence . Pica Eschatologica a vécu jusqu'à sa
funeste conversion sur les herbiers (zostères) d'Eucla , en bordure maritime de la plaine
de Nullarbor et , bien que certains le prétendent , aucune étude ne prouve qu'elle fut
omnivore et aucune observation qu'elle consommât les bigorneaux de ce rivage . Com-
me son biotope d'origine est cerné au nord par le Grand Désert De Victoria et , au sud ,
par l'Océan Indien , Pica Eschatologica fut contrainte à l'endogamie et , pendant des mil-
lénaires (au moins depuis la dernière glaciation) , sa population fut stable , limitée par
l'espace , les subsistances et la pratique systématique de l'élimination des vieux et des
faibles . Tout allait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes . Jusqu'à l'arrivée
de l'homme , cet éternel gaffeur , au néolithique . L'homme (Homo sapiens sapiens !)
investit la baie d'Eucla d'abord au compte goutte à raison de misérables groupes puis -
ainsi en va-t-il avec cette engeance invasive - en une ruée non moins misérable comme
on en a connue en d'autres lieux et en d'autres temps . Or , sur les herbiers d'Eucla , il
n'y avait pas place pour Pica Eschatologica et ces préhistoriques colonisateurs . L'oiseau
abandonna le territoire pour en conquérir un autre qu'à cause de siècles de bien-être et
d'insouciance il avait négligé : le Grand Désert de Victoria . A première vue , il n'y a
rien dans ce désert qui convienne à un oiseau herbivore . Mais c'était sans compter sur
l'extraordinaire adaptabilité de Pica Eschatologica . Par grandes nuées , elle sauta une
latitude , s'abattit sur les maigres buissons du bush et , ceux-ci engloutis , périt en quasi-
totalité . On put croire que s'en était fini de l'espèce et l'humanité eut été bien aise que
c'eut été le cas . Quelques échantillons cependant survécurent , les plus aptes , les plus
inventifs , en modifiant du tout au tout leurs habitudes alimentaires . La chronique orni-
thologique n'a pas d'exemple plus foudroyant de reconversion . De végétarienne , Pica
Eschatologica se fit carnivore avec férocité . Les kangourous firent les frais de ce cham-
boulement gastronomique . La race profita de ce régime carné . De générations en gé-
nérations , les individus doublèrent et triplèrent de volume , leur population et leur ter-
ritoire aussi , en proportion . De délicate oie nicheuse , comptable de ses oeufs et volon-
tiers casanière , Pica Eschatologica se tailla l'habit d'oiseau de proie . Et l'homme , incor-
risible migrant , fut le vecteur de l'apocalypse . Pica suivait l'homme , ses basses-cours ,
ses clapiers et ses enclos où elle prélevait sa part . Ses escadrons attaquaient ici un pou-
lailler , là un porc dans sa fange ou un boeuf isolé et , en moins de temps qu'il ne faut
pour l'écrire , ils abandonnaient aux chiens des carcasses impeccablement décharnées .
L'homme , comme toujours , s'accommodait des plaies . Il poussa l'étourderie , moyen-
nant une poignée de dollars , jusqu'à exporter cet oiseau de malheur sur d'autres conti-
nents et l'on voit ce qu'on voit de nos jours : hier à Berdiansk , au bord de la Mer d'Azov ,
une colonie de vacances décimée , hier encore , à Pirisk dans les marais du Pripet à deux
mille kilomètres de Berdiansk , un autobus scolaire décapé à coups de becs , aujourd'hui
dans notre propre et paisible pays , à Croix (59170) , un bambin énucléé dans son landau !
logica , cet oiseau de malheur … On a bien fait ce travail pour le pluvier argenté dont
pourtant l'existence ne porte pas à conséquence . Pica Eschatologica a vécu jusqu'à sa
funeste conversion sur les herbiers (zostères) d'Eucla , en bordure maritime de la plaine
de Nullarbor et , bien que certains le prétendent , aucune étude ne prouve qu'elle fut
omnivore et aucune observation qu'elle consommât les bigorneaux de ce rivage . Com-
me son biotope d'origine est cerné au nord par le Grand Désert De Victoria et , au sud ,
par l'Océan Indien , Pica Eschatologica fut contrainte à l'endogamie et , pendant des mil-
lénaires (au moins depuis la dernière glaciation) , sa population fut stable , limitée par
l'espace , les subsistances et la pratique systématique de l'élimination des vieux et des
faibles . Tout allait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes . Jusqu'à l'arrivée
de l'homme , cet éternel gaffeur , au néolithique . L'homme (Homo sapiens sapiens !)
investit la baie d'Eucla d'abord au compte goutte à raison de misérables groupes puis -
ainsi en va-t-il avec cette engeance invasive - en une ruée non moins misérable comme
on en a connue en d'autres lieux et en d'autres temps . Or , sur les herbiers d'Eucla , il
n'y avait pas place pour Pica Eschatologica et ces préhistoriques colonisateurs . L'oiseau
abandonna le territoire pour en conquérir un autre qu'à cause de siècles de bien-être et
d'insouciance il avait négligé : le Grand Désert de Victoria . A première vue , il n'y a
rien dans ce désert qui convienne à un oiseau herbivore . Mais c'était sans compter sur
l'extraordinaire adaptabilité de Pica Eschatologica . Par grandes nuées , elle sauta une
latitude , s'abattit sur les maigres buissons du bush et , ceux-ci engloutis , périt en quasi-
totalité . On put croire que s'en était fini de l'espèce et l'humanité eut été bien aise que
c'eut été le cas . Quelques échantillons cependant survécurent , les plus aptes , les plus
inventifs , en modifiant du tout au tout leurs habitudes alimentaires . La chronique orni-
thologique n'a pas d'exemple plus foudroyant de reconversion . De végétarienne , Pica
Eschatologica se fit carnivore avec férocité . Les kangourous firent les frais de ce cham-
boulement gastronomique . La race profita de ce régime carné . De générations en gé-
nérations , les individus doublèrent et triplèrent de volume , leur population et leur ter-
ritoire aussi , en proportion . De délicate oie nicheuse , comptable de ses oeufs et volon-
tiers casanière , Pica Eschatologica se tailla l'habit d'oiseau de proie . Et l'homme , incor-
risible migrant , fut le vecteur de l'apocalypse . Pica suivait l'homme , ses basses-cours ,
ses clapiers et ses enclos où elle prélevait sa part . Ses escadrons attaquaient ici un pou-
lailler , là un porc dans sa fange ou un boeuf isolé et , en moins de temps qu'il ne faut
pour l'écrire , ils abandonnaient aux chiens des carcasses impeccablement décharnées .
L'homme , comme toujours , s'accommodait des plaies . Il poussa l'étourderie , moyen-
nant une poignée de dollars , jusqu'à exporter cet oiseau de malheur sur d'autres conti-
nents et l'on voit ce qu'on voit de nos jours : hier à Berdiansk , au bord de la Mer d'Azov ,
une colonie de vacances décimée , hier encore , à Pirisk dans les marais du Pripet à deux
mille kilomètres de Berdiansk , un autobus scolaire décapé à coups de becs , aujourd'hui
dans notre propre et paisible pays , à Croix (59170) , un bambin énucléé dans son landau !
mercredi 6 avril 2016
KRANT 57 . LE TIMONIER
A tous , le timonier semblait un rhinocéros . Le sel et le vent avaient épaissi ses
téguments jusqu'à l'aspect de carapace . Il avait mené le Kritik sur toutes les mers du
globe , de l'Arctique à la Terre de Feu et tenu contre les plus grosses déferlantes la
barre dans sa poigne velue . L'homme , brut d'épaules et de moeurs , avait cependant
son jardin secret . Je l'appris en entrant par inadvertance dans sa cabine . Il était assis .
Je vis d'abord son large dos et le nuage bleu de son cigarillo . Je fis le tour de la table
où il était appuyé et apparut comme une pure vallée au débord d'une crête jusqu'alors
infranchissable le monde rentré du timonier . Il avait aligné sur une vieille carte marine
des pinces , des pointes , des limes et des gouges miniatures qu'il confectionnait lui-
même , des fins pinceaux , des pots de colle et de peinture , du fil de chanvre , des
lamelles de bois , une boîte de corned-beef découpée et toutes sortes de petites choses
ramassées sur les quais .
- Moi : "Ça alors , timonier !" … je m'assis face à lui . Ses doigts aussi épais que des
torons de caret et couverts d'une brousse rousse (leur réputation à l'escale était faite
depuis que la marine marchande lettonne existe . Combien de matelots avaient laissé le
col dans leur étreinte et combien portaient sur le nez ou la mâchoire la trace de leurs
jointures ?) enfilaient les dernières pièces d'un Kritik miniature par le goulot d'une bou-
teille de kvas . Ma bouche était entrouverte comme une écoutille mal fermée : "Ça alors ,
timonier ! … qu'est-ce que tu fais ?"
- Lui , sans quitter des yeux son ouvrage : "Ça se voit pas , chef ? … j'enferme ce steamer
de malheur dans cette satanée bouteille ! …"
Rien ne manquait à ce Kritik en réduction . Je voyais à travers le verre soufflé chaque
détail : les passerelles , les mâts de charge , les bossoirs et jusqu'aux cabestans … rien
n'y manquait … pas même les plus petits taquets …
- Moi : "Ça alors , timonier ! …"
Il ouvrit un tiroir et sortit sans un mot des pipes en os sculpté , des dents de morse gra-
vées , des colliers d'ambre , des bracelets en coquillage .
- Moi : "Ça alors , timonier ! …"
- Lui : "Tudieu , chef ! … je m'occupe !"
téguments jusqu'à l'aspect de carapace . Il avait mené le Kritik sur toutes les mers du
globe , de l'Arctique à la Terre de Feu et tenu contre les plus grosses déferlantes la
barre dans sa poigne velue . L'homme , brut d'épaules et de moeurs , avait cependant
son jardin secret . Je l'appris en entrant par inadvertance dans sa cabine . Il était assis .
Je vis d'abord son large dos et le nuage bleu de son cigarillo . Je fis le tour de la table
où il était appuyé et apparut comme une pure vallée au débord d'une crête jusqu'alors
infranchissable le monde rentré du timonier . Il avait aligné sur une vieille carte marine
des pinces , des pointes , des limes et des gouges miniatures qu'il confectionnait lui-
même , des fins pinceaux , des pots de colle et de peinture , du fil de chanvre , des
lamelles de bois , une boîte de corned-beef découpée et toutes sortes de petites choses
ramassées sur les quais .
- Moi : "Ça alors , timonier !" … je m'assis face à lui . Ses doigts aussi épais que des
torons de caret et couverts d'une brousse rousse (leur réputation à l'escale était faite
depuis que la marine marchande lettonne existe . Combien de matelots avaient laissé le
col dans leur étreinte et combien portaient sur le nez ou la mâchoire la trace de leurs
jointures ?) enfilaient les dernières pièces d'un Kritik miniature par le goulot d'une bou-
teille de kvas . Ma bouche était entrouverte comme une écoutille mal fermée : "Ça alors ,
timonier ! … qu'est-ce que tu fais ?"
- Lui , sans quitter des yeux son ouvrage : "Ça se voit pas , chef ? … j'enferme ce steamer
de malheur dans cette satanée bouteille ! …"
Rien ne manquait à ce Kritik en réduction . Je voyais à travers le verre soufflé chaque
détail : les passerelles , les mâts de charge , les bossoirs et jusqu'aux cabestans … rien
n'y manquait … pas même les plus petits taquets …
- Moi : "Ça alors , timonier ! …"
Il ouvrit un tiroir et sortit sans un mot des pipes en os sculpté , des dents de morse gra-
vées , des colliers d'ambre , des bracelets en coquillage .
- Moi : "Ça alors , timonier ! …"
- Lui : "Tudieu , chef ! … je m'occupe !"
mardi 5 avril 2016
PARADIS 57 . BINETTE
- Adam , fourbu . Il rentre des champs , binette sur l'épaule : "Ève !?"
- En effet , Ève est là , au bord du chemin . Elle cueille des baies de cassis :
"Adam !? … qu'est-ce que tu fous là !?"
- Adam . Il s'arrête et s'appuie sur sa binette : "Je reviens des champs"
- Ève : "T'es bien sale !"
- Adam : "J'ai travaillé"
- Ève : "Qu'est-ce que c'est ce truc ?" . Elle désigne la binette .
- Adam : "Une binette"
- Ève : "Ça sert à quoi ?"
- Adam : "A biner"
- Ève : "……….?………. c'est Di-Di qui t'a donné ?"
- Adam : "Non" . Un peu fier de lui : "Je l'ai fabriquée moi-même !"
- Ève : "C'est quoi biner ?"
- Adam : "C'est gagner son pain à la sueur de son front"
- Ève : "………..?………."
- Adam : "Bon … faut que j'y aille … les vaches à rentrer .
………………………………………………………………………………………
- Ève file chez Dieu . Elle entre dans son atelier : "Tu sais pas qui j'ai vu ?"
- Dieu , penché sur son établi , loupe de diamantaire à l'oeil : "Ève ! … je vois pas qui
tu as pu voir à part Adam !"
- Ève : "Gagné !"
- Dieu : "Qu'est-ce qu'il raconte ?"
- Ève : "J'ai rien compris … des trucs bizarres … son front … sa sueur … son pain …
sa binette …"
- Dieu : "Sa binette ?"
- Ève : "Un machin qu'il a fabriqué lui-même qu'il dit … un machin comme ça" . Elle
tend le doigt vers un outil pendu à un clou derrière l'établi . C'est la houe dont Dieu se
sert pour ameublir la terre du Paradis .
- Dieu : "Ça s'appelle une houe"
- Ève : "C'est avec ça qu'il gagne son pain"
- Dieu relève subito son glorieux buste et arque les sourcils : "T'a-t-il dit qu'il gagne
son pain à la sueur de son front ?"
- Ève : "Ouah !! … exactement ça ! … comment t'as deviné ?"
- Dieu hausse ses sublimes épaules : "C'est de Moi , Ève … Genèse … chapitre 3 …
verset 19" . Et il se remet au montage de sa dernière maquette : Coccinella Septem-
punctata , Coccinelle à 7 points .
- En effet , Ève est là , au bord du chemin . Elle cueille des baies de cassis :
"Adam !? … qu'est-ce que tu fous là !?"
- Adam . Il s'arrête et s'appuie sur sa binette : "Je reviens des champs"
- Ève : "T'es bien sale !"
- Adam : "J'ai travaillé"
- Ève : "Qu'est-ce que c'est ce truc ?" . Elle désigne la binette .
- Adam : "Une binette"
- Ève : "Ça sert à quoi ?"
- Adam : "A biner"
- Ève : "……….?………. c'est Di-Di qui t'a donné ?"
- Adam : "Non" . Un peu fier de lui : "Je l'ai fabriquée moi-même !"
- Ève : "C'est quoi biner ?"
- Adam : "C'est gagner son pain à la sueur de son front"
- Ève : "………..?………."
- Adam : "Bon … faut que j'y aille … les vaches à rentrer .
………………………………………………………………………………………
- Ève file chez Dieu . Elle entre dans son atelier : "Tu sais pas qui j'ai vu ?"
- Dieu , penché sur son établi , loupe de diamantaire à l'oeil : "Ève ! … je vois pas qui
tu as pu voir à part Adam !"
- Ève : "Gagné !"
- Dieu : "Qu'est-ce qu'il raconte ?"
- Ève : "J'ai rien compris … des trucs bizarres … son front … sa sueur … son pain …
sa binette …"
- Dieu : "Sa binette ?"
- Ève : "Un machin qu'il a fabriqué lui-même qu'il dit … un machin comme ça" . Elle
tend le doigt vers un outil pendu à un clou derrière l'établi . C'est la houe dont Dieu se
sert pour ameublir la terre du Paradis .
- Dieu : "Ça s'appelle une houe"
- Ève : "C'est avec ça qu'il gagne son pain"
- Dieu relève subito son glorieux buste et arque les sourcils : "T'a-t-il dit qu'il gagne
son pain à la sueur de son front ?"
- Ève : "Ouah !! … exactement ça ! … comment t'as deviné ?"
- Dieu hausse ses sublimes épaules : "C'est de Moi , Ève … Genèse … chapitre 3 …
verset 19" . Et il se remet au montage de sa dernière maquette : Coccinella Septem-
punctata , Coccinelle à 7 points .
COTE 137 . 55 . FLEUR AU FUSIL
- Martial . Il lit un journal : "Écoute vieux : "Les poilus sont enragés et brûlent de se
battre !"
- Moi : "Qui dit ça ?"
- Martial : "Un général … le général De Maud'huy"
- Moi : "…………….."
- Martial : "Tu brûles de te battre , hein !?"
- Moi : "…………….."
- Martial à Bertin : "Bertin ! … tu brûles de te battre ?"
- Bertin : "Bof !"
- Martial : "Mon capitaine !"
- Le capitaine est dans la casemate . Il passe la tête par-dessus les sacs de sable : "Qui
m'appelle ?"
- Martial : "Mon capitaine … je suis sûr que vous brûlez de vous battre …"
- Le capitaine : "Me battre ? … mais contre qui ?"
- Martial : "Ne sommes-nous pas en guerre , mon capitaine ? … moi , je brûle de pren-
dre la cote 137 …"
- Le capitaine : "…………."
- Martial : "Mais , mon capitaine , je suis entouré de mauviettes … fort heureusement ,
je lis dans ce journal (Martial tend au capitaine les feuilles détrempées car il pleut) qu'il
y a des hommes déterminés … un certain général De Maud'huy … vous connaissez ?"
- Le capitaine : "Entendu ce nom … c'est à l'État-Major …"
- Martial : "Un brave ! … il brûle de se battre !"
- Le capitaine : "…………."
- Martial à Pouverau , notre radio ; "Pouverau ! … appelle donc l'État-Major … général
Maud'huy … dis-lui que je brûle de prendre la cote 137 … je fais le coup avec lui … dis-
lui que les gants blancs c'est inutile …"
- Le capitaine rentre dans sa casemate : "Vous avez des mauvaises lectures , Martial !"
battre !"
- Moi : "Qui dit ça ?"
- Martial : "Un général … le général De Maud'huy"
- Moi : "…………….."
- Martial : "Tu brûles de te battre , hein !?"
- Moi : "…………….."
- Martial à Bertin : "Bertin ! … tu brûles de te battre ?"
- Bertin : "Bof !"
- Martial : "Mon capitaine !"
- Le capitaine est dans la casemate . Il passe la tête par-dessus les sacs de sable : "Qui
m'appelle ?"
- Martial : "Mon capitaine … je suis sûr que vous brûlez de vous battre …"
- Le capitaine : "Me battre ? … mais contre qui ?"
- Martial : "Ne sommes-nous pas en guerre , mon capitaine ? … moi , je brûle de pren-
dre la cote 137 …"
- Le capitaine : "…………."
- Martial : "Mais , mon capitaine , je suis entouré de mauviettes … fort heureusement ,
je lis dans ce journal (Martial tend au capitaine les feuilles détrempées car il pleut) qu'il
y a des hommes déterminés … un certain général De Maud'huy … vous connaissez ?"
- Le capitaine : "Entendu ce nom … c'est à l'État-Major …"
- Martial : "Un brave ! … il brûle de se battre !"
- Le capitaine : "…………."
- Martial à Pouverau , notre radio ; "Pouverau ! … appelle donc l'État-Major … général
Maud'huy … dis-lui que je brûle de prendre la cote 137 … je fais le coup avec lui … dis-
lui que les gants blancs c'est inutile …"
- Le capitaine rentre dans sa casemate : "Vous avez des mauvaises lectures , Martial !"
samedi 2 avril 2016
TROIS MOUCHES 56 . LA CIGALE ET LA FOURMI
Berthe lisait à haute voix :
"La cigale ayant chanté tout l'été , se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue" …
Trois mouches vermeilles et merveilleuses bourdonnaient contre nos chapeaux de
paille .
Berthe lisait … Une bise merveilleuse bourdonnait à haute voix contre son chapeau
de paille quand une cigale dépourvue d'été trouva trois mouches venues là .
Berthe lisait … Trois mouches dépourvues de voix vinrent contre son chapeau où
elles trouvèrent une cigale qui chantait haut la bise de l'été .
"La cigale ayant chanté tout l'été , se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue" …
Trois mouches vermeilles et merveilleuses bourdonnaient contre nos chapeaux de
paille .
Berthe lisait … Une bise merveilleuse bourdonnait à haute voix contre son chapeau
de paille quand une cigale dépourvue d'été trouva trois mouches venues là .
Berthe lisait … Trois mouches dépourvues de voix vinrent contre son chapeau où
elles trouvèrent une cigale qui chantait haut la bise de l'été .
DESMOND 51 . L'ARROSEUR S'ARROSE
- Le Président par la ligne intérieure cryptée : "Allo Desmond …"
- Moi : "Bonjour , Monsieur le Président"
- Lui : "Je vais bousculer votre naturelle modestie , Desmond … je pense que vous
êtes mon meilleur spécialiste en langue française"
- Moi : "Oh , Monsieur le Président … je ne …"
- Lui : "Si , si … j'ai d'ailleurs l'intention d'appeler Bob … vos appointements …"
- Moi : "… Monsieur le Président …"
- Lui : "Ta-ta-ta , Desmond … cependant , j'aimerais tester une dernière fois vos
connaissances … Desmond , je vous cite une phrase prise au hasard dans la littéra-
ture française … ce truc énorme … et vous me donnez le nom de l'auteur … ok ? …"
- Moi : "Euh … oui , Monsieur le Président …"
- Lui : "Vous êtes prêt ? … "Rien ne sert de courir , il faut partir à point"
- Moi : "Jean de La Fontaine , Monsieur le Président"
- Lui : "Dans ?"
- Moi : "C'est la morale d'une fable : "Le lièvre et la tortue"
- Lui : "Fabulous , Desmond ! … ah , vous m'épatez … une autre : "Le coeur a ses
raisons que la raison ne connaît point"
- Moi : "… Monsieur le Président … Pascal ? … Blaise Pascal … "Les Pensées"
- Lui . Il siffle : "Desmond , vous êtes un puits de science ! … où avez-vous appris
tout ça !? … attention … celle-là est difficile : "Ralliez-vous à mon panache blanc !"
- Moi : "Henri IV , Monsieur le Président !"
- Lui : "Desmond , vous êtes incollable ! … je n'aurais répondu à aucune … ce cher
Henry a eu zéro … Gerald aussi … allez , Desmond , une dernière : "Mon point fort ,
si j'en ai un , c'est la performance"
- Moi : "… Euh … Monsieur le Président … je ne vois pas …"
- Lui : "Ah ! … Desmond … une faille dans votre culture ! … que pensez-vous de cette
citation ?"
- Moi : "Monsieur le Président … peut-être l'auteur est-il quelque peu … euh … comment
dirais-je ? …"
- Lui : "Oui , Desmond , comment diriez-vous ?"
- Moi : "… quelque peu vaniteux …"
- Lui . Il s'esclaffe : "C'est américain , Desmond ! … c'est de moi ! … c'est de moi ! …
ah , ah , ah !!"
- Moi : "Bonjour , Monsieur le Président"
- Lui : "Je vais bousculer votre naturelle modestie , Desmond … je pense que vous
êtes mon meilleur spécialiste en langue française"
- Moi : "Oh , Monsieur le Président … je ne …"
- Lui : "Si , si … j'ai d'ailleurs l'intention d'appeler Bob … vos appointements …"
- Moi : "… Monsieur le Président …"
- Lui : "Ta-ta-ta , Desmond … cependant , j'aimerais tester une dernière fois vos
connaissances … Desmond , je vous cite une phrase prise au hasard dans la littéra-
ture française … ce truc énorme … et vous me donnez le nom de l'auteur … ok ? …"
- Moi : "Euh … oui , Monsieur le Président …"
- Lui : "Vous êtes prêt ? … "Rien ne sert de courir , il faut partir à point"
- Moi : "Jean de La Fontaine , Monsieur le Président"
- Lui : "Dans ?"
- Moi : "C'est la morale d'une fable : "Le lièvre et la tortue"
- Lui : "Fabulous , Desmond ! … ah , vous m'épatez … une autre : "Le coeur a ses
raisons que la raison ne connaît point"
- Moi : "… Monsieur le Président … Pascal ? … Blaise Pascal … "Les Pensées"
- Lui . Il siffle : "Desmond , vous êtes un puits de science ! … où avez-vous appris
tout ça !? … attention … celle-là est difficile : "Ralliez-vous à mon panache blanc !"
- Moi : "Henri IV , Monsieur le Président !"
- Lui : "Desmond , vous êtes incollable ! … je n'aurais répondu à aucune … ce cher
Henry a eu zéro … Gerald aussi … allez , Desmond , une dernière : "Mon point fort ,
si j'en ai un , c'est la performance"
- Moi : "… Euh … Monsieur le Président … je ne vois pas …"
- Lui : "Ah ! … Desmond … une faille dans votre culture ! … que pensez-vous de cette
citation ?"
- Moi : "Monsieur le Président … peut-être l'auteur est-il quelque peu … euh … comment
dirais-je ? …"
- Lui : "Oui , Desmond , comment diriez-vous ?"
- Moi : "… quelque peu vaniteux …"
- Lui . Il s'esclaffe : "C'est américain , Desmond ! … c'est de moi ! … c'est de moi ! …
ah , ah , ah !!"
vendredi 1 avril 2016
SORTIR DE NULLE PART POUR ALLER OÙ ?
La meilleure sortie pour aller ici ou là , c'est de sortir de nulle part . On entre de ce
fait n'importe où . C'est en gros (je schématise) ce qu'a fait l'humanité (ou le Créateur)
à l'aube des temps . Suffit de lire la Bible : "La terre était vague et vide , le Verbe planait
sur les eaux" . Nous débarquons d'un pays informe , si chaud et si condensé que physi-
quement indescriptible , "Haçor repaire de chacals" (4e Lamentation de Jérémie) . Mais
qu'importe par où nous sommes venus , c'est antédiluvien et on n'en saura jamais rien ,
foi d'archéologues : le Déluge a tout effacé . Où allons-nous , that is the bonne question .
Question en forme de réponse : au nulle part s'accole le n'importe où "comme deux noirs
papillons" (Colette) . Nous sommes , patients lecteurs (y en a-t-il ?) , dans une porte bat-
tante . Prospecteurs , éclaireurs et peseurs d'avenir nous rapportent d'hasardeux pronos-
tics . Nous avançons à tâtons . Bien heureux que le bon Dieu ait placé entre deux nuits
un jour et dans ses merveilleux soirs d'été des vers luisants , sans quoi nous ne saurions
même pas ce que c'est que voir et ce que c'est qu'être quelque part .
D'où - pour singer Son Oeuvre (et l'améliorer ? … avez-vous suivi la progression logi-
que de l'affaire ? … non ? … l'auteur admet que le syllogisme … il y a un syllogisme ? …
est tiré par les cheveux) , l'idée (la mauvaise idée) du nucléaire .
fait n'importe où . C'est en gros (je schématise) ce qu'a fait l'humanité (ou le Créateur)
à l'aube des temps . Suffit de lire la Bible : "La terre était vague et vide , le Verbe planait
sur les eaux" . Nous débarquons d'un pays informe , si chaud et si condensé que physi-
quement indescriptible , "Haçor repaire de chacals" (4e Lamentation de Jérémie) . Mais
qu'importe par où nous sommes venus , c'est antédiluvien et on n'en saura jamais rien ,
foi d'archéologues : le Déluge a tout effacé . Où allons-nous , that is the bonne question .
Question en forme de réponse : au nulle part s'accole le n'importe où "comme deux noirs
papillons" (Colette) . Nous sommes , patients lecteurs (y en a-t-il ?) , dans une porte bat-
tante . Prospecteurs , éclaireurs et peseurs d'avenir nous rapportent d'hasardeux pronos-
tics . Nous avançons à tâtons . Bien heureux que le bon Dieu ait placé entre deux nuits
un jour et dans ses merveilleux soirs d'été des vers luisants , sans quoi nous ne saurions
même pas ce que c'est que voir et ce que c'est qu'être quelque part .
D'où - pour singer Son Oeuvre (et l'améliorer ? … avez-vous suivi la progression logi-
que de l'affaire ? … non ? … l'auteur admet que le syllogisme … il y a un syllogisme ? …
est tiré par les cheveux) , l'idée (la mauvaise idée) du nucléaire .
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