mercredi 27 juillet 2016

LE ROI DES BELGES (suite) . L'ODB

    Nul grand règne sans statuaire téléphonique , nul grand règne non plus sans un
orchestre symphonique : je créai l'ODB , Orchestre Dysharmonique de Bruxelles
et j'enjoignis au Grand Chambellan de recruter sur le champ . Sur le champ mais
pas n'importe comment . La moisson devait suivre des sillons assurés : l'ODB
interprèterait des oeuvres résolument contemporaines et , dis-je , plus que des
oeuvres d'aujourd'hui , celles d'après-demain , de sorte que notre orchestre ait sur
toute autre formation trois symphonies d'avance ; les oeuvres seraient belges mais on
serait perméable aux influences katangaises ; enfin , je voulais que les musiciens
fussent heureux et je leur octroyai par avance le droit de venir jouer quand bon
leur semblerait .

    Les cordes furent le parent pauvre ; on comptait une guimbarde mouldouk et une
corde à sauter avec trois pinces à linge , et les instruments à vent n'étaient pas mieux
lotis : on y trouvait un quarteron de pipeaux et , en soutien , un biniou du pays bigou-
den .

    C'est avec les percussions que l'Orchestre Dysharmonique de Bruxelles donnait
sa mesure : pas moins de vingt hochets à grelots menés par les meilleurs Gilles de
Binche , quarante planches à laver grattées par des lavandières triées sur le volet ,
chacune équipée de dix dés à coudre , des racles imitant avec autant de réalisme
le coassement du crapaud et le croassement de la corneille et , pour rythmer le chant
des femmes , l'indispensable kpanouhoun , des timbales et des cymbales , des gongs
de toutes sortes , des calebasses , des crécelles , un balafon , un pain de dynamite ,
des lessiveuses , des casseroles par séries de douze et ce qui fait la batterie de cuisine
d'un honnête restaurant .

    Plus les perceuses à percussion …

    J'exigeai que cet ensemble fut opérationnel pour les 27e Musicales de Beloeil ,
bouclant ainsi la boucle .

                                                                                          (à suivre)

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