Elle s'est présentée un soir à la porte de l'appartement que j'occupais au 5e étage
dans une rue de Niort . Elle venait de Gorée . L'Île de Gorée , dans la baie de Dakar .
Ce qu'elle voulait : m'épouser . Je l'ai fait entrer , elle a posé ses valises , et j'ai débou-
ché la seule bouteille que j'avais au frigo : un cidre de Normandie brut bouché dont ,
je l'avoue , j'avais complètement oublié qui me l'avait offert . Monia ? … Gaby ? …
ou Zerline ? … Mais pour le moment , j'avais trois questions pour Néné , car elle me
l'apprit : elle se prénommait Néné . Aimait-elle le cidre ? , est-ce que ça l'embêtait si
celui-ci était largement passé de date (de fait , il ne pétillait plus) et pourquoi - nous ne
nous connaissions absolument pas , nous ne nous étions jamais rencontrés , nous
n'avions tenu aucune correspondance - elle voulait m'épouser ? . Elle me répondit
qu'elle adorait le cidre bouché de Normandie , surtout s'il ne pétillait plus , qu'en outre
elle avait vachement soif . Avant de répondre à la question subalterne du mariage , elle
tourna la tête , puis les épaules , puis le buste , le bassin et toujours sa tête tournait avec
un cran d'avance sur le reste de son corps , elle s'agenouilla sur le canapé pour retrouver
finalement sa position d'origine , assise en face de moi . "C'est vous qui avez tapissé ?" ,
dit-elle . J'acquiesçai puisque , en effet , j'avais couvert la totalité des murs de l'appar-
tement et les plafonds avec le même papier - 50 rouleaux ! - un imprimé de cactus
hilarant . "J'ai le même à la maison" . Moi : "A la maison ?" . Elle : "A Gorée" .
Bizarrement , notre mariage ne s'est pas fait ...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire