Les nuages du week-end furent d'incontestables nuages bas , mais de quel genre et ,
dans leur genre , de quelle variété ?
Le premier qui se présenta , poussé par un fort vent d'ouest , me sembla un cumulus
congestus des plus classiques , conforme à la photo 1 de la page 26 , puisque son exten-
sion verticale était forte et ses protubérances avaient l'apparence de dômes . Je fis part à
Simone de mes supputations …
Elle m'arracha le livre des mains et haussa les épaules . Ça , un cumulus congestus !?
… et son regard sardonique allait de l'incarnation de nuage qui nous passait dessus à la
photo 1 de la page 26 . Elle objecta (Simone fait de l'objection un système) en tapotant
du dos de la main la photo 2 de la page 27 qu'on avait affaire ici à un cumulus médiocris
… jamais de la vie à un congestus ! … et que si j'inaugurais ma nouvelle science avec une
erreur aussi manifeste ! … mais bien sûr , un mediocris ! … où avais-je vu des convections
thermiques d'air chaud ? … un 14 novembre ! … pourquoi pas pendant que j'y étais un
strato-cumulus stratiformis ou … ah , ah ! … un altocumulus lenticularis ! … non , non …
mediocris … cumulus mediocris … et Simone me colla le livre ouvert en travers de
l'estomac .
Que c'est joli les nuages dans le ciel mais il y a sur le sol les feuilles tombées des arbres
et , dans l'abri de jardin , un râteau parfaitement adapté à mes deux bras … que si je voulais
bien faire parenthèses de mes impayables rêveries …
Je contre-attaquai par le biais de la mécanique céleste … qu'au bout d'une révolution
tropique on est revenu au point de la mort des feuilles … mortes de mort cyclique … on
n'allait pas les ramasser et les raccrocher aux branches … sommes-nous condamnés à la
nécessité comme les bernaches aux routes de Sibérie ? . N'y a-t-il pas quelque part une
tangente à ce temps rotatif ? … les nuages par exemple , congestus ou mediocris ! …
leur majestueuse échappée … je clouai le bec à Simone .
Mais , bien que victorieux sur le plan théorique , j'empoignai le râteau pour la besogne
équinoxiale et , de la journée , je ne levai plus le nez .
Passèrent sur mes arbres dénudés des cumuli de toutes formes .
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