Madame Delplanque était assise sur le tansad . "Stop !" cria-t-elle .
Je me retournai . La chaude exclamation avait formé sur la laine de
son passe-montagne un petit ovale de glace si divertissant que je ne
vis pas la fondrière perfide et comblée où je plantai le nez de la moto-
neige . Je - et Madame Delplanque avec moi dans un arc synchronisé -
passâmes par-dessus le guidon et nous trouvâmes une fois le moteur
calé dans le silence blanc de la toundra . "La piste ! … ne jamais la
quitter des yeux !" m'avait prévenu la fille de chez Hertz à Tjäktja en
me tendant les clés . "Pourquoi avez-vous crié ?" . Cette question , je
la posai à brûle-pourpoint en cherchant mes lunettes qui , quelque part ,
devaient être piquées dans la neige . "Pourquoi ?" … et j'observai à ras
de mon nez l'empreinte caractéristique - doigts de pattes écartés - d'un
lapin arctique . "Là !" . Madame Delplanque indiquait de la moufle une
fleur minuscule . Elle était blanche et radiée . Cinq sépales et cinq pétales .
Trois carpelles soudés . Cinq étamines . Elle mesurait à peine deux centi-
mètres . "Diapensia Lapponica … je vais faire un bouquet" … "Un bou-
quet !?" répliquai-je … "avec une fleur si seule et si petite !? … . Il y en
a certainement d'autres" dit Madame Delplanque en se relevant . Et , ce
faisant , elle se débarrassa de la neige qui collait à sa combinaison .
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