- "La terre des Okakis est un miracle ; une improbabilité si improbable que son existence
tient du prodige ; et d'un prodige si prodigieux qu'on peut - qu'on doit ! - douter de son
existence .
Monsieur Lee ne se lassait pas de convoquer l'esprit des Okakis au milieu d'un océan .
- "Ont-ils tort , Monsieur le chef mécanicien ?"
Monsieur Lee et moi étions affalés sur des chaises longues en toile que nous avions
traînées sur le pont . Hume ronronnait sur mes genoux . La nuit tropicale donnait son
immense mesure .
- "Que voyons-nous là-haut ? … gaz , minéral et vide … un somptueux désert …"
Hume , insensible à l'infiniment grand se mit à une toilette systématique et méticuleuse .
- "Une telle vacuité au-dessus , une telle profusion en-dessous ! … une fleur de pommier
a plus d'accessoires que Vénus toute entière : un pédoncule , des sépales , une corolle de
pétales , un pistil , des étamines … et plus de reflets que la Voie Lactée : à l'aube , albâtre ,
soufre ou topaze , virant rosé au lever du soleil , au bleu dragée s'il pleut , grisâtre le soir ,
cuisse de nymphe ou coquille d'oeuf sous le vent … une simple fleur de pommier ,
Monsieur le chef mécanicien ! … qu'on pourrait décrire à l'infini ! …
Hume baîlla .
- "Aussi les Okakis n'en croient pas leurs yeux . Ce monde-ci n'existe pas " .
- Moi , caressant Hume : "Est-il trop beau notre monde ?"
- Monsieur Lee , hilare : "Hi , hi , hi …"
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