lundi 30 septembre 2019

DESMOND 113 . UN AVENANT AU CONTRAT

    Le Président , William P. Rogers le Secrétaire d'État , Henry Kissinger alors Conseiller
à la Sécurité Nationale , et moi . Le Président est blême . Il nous a convoqué tous les trois
dans le Bureau Ovale après une conversation téléphonique avec le Secrétaire Général
Brejnev : "Je viens d'avoir Leonid … les Accords SALT … William , tout était bouclé ,
non ? … on pouvait traiter ?"
- Rogers : "Oui , Monsieur le Président … tout est ok … que se passe-t-il ?"
- Le Président : "Il a ajouté une clause à l'accord … je ne l'avais pas prévue !"
- Rogers excédé : "Si c'est encore pour modifier le nombre de lanceurs , c'est non ,
Monsieur le Président ! … this big fat git' ! (ce gros plein de soupe !) … he's driving us
crazy ! (il nous fait tourner en bourrique !)"
- Le Président : "Il ne s'agit pas de ça , William … une clause supplémentaire … le nombre
de lanceurs , Leonid s'en fout … c'est beaucoup plus grave !"
- Henry Kissinger allume un cigare : "De quoi s'agit-il , Monsieur le Président ?"
- Le Président : Maryline"
- Rogers et Kissinger : "Maryline !?"
- Le Président jette ses lunettes sur le bureau : "Il veut que je lui cède Maryline"
- Rogers : "Qu'est-ce qu'il veut en faire ?"
- Le Président : "L'avoir dans son bureau"
- Rogers : "Pas question que vous baissiez votre pantalon , Monsieur le Président !"
- Le Président : "Euh , William … lui est prêt à le faire , qu'est-ce que vous croyez ! …
avec Maryline au Kremlin !"
- Kissinger (il a toujours une bonne idée , une idée constructive) : "On pourrait la louer …
avec une caution … un état des lieux … un contrat d'un an renouvelable …"
- Le Président : "Vous allez lui vendre ça !?"
- Kissinger : "Vendre ça à Leonid ? … j'en fais mon affaire"
- Le Président : "Non , Henry … à Maryline … vous allez lui vendre ça ?"
- Kissinger : "………."
- Le Président : "Vous allez prendre une baffe !"

dimanche 29 septembre 2019

TROIS MOUCHES 165 . JEUX DE MAUX

    Berthe marchait sans but , suivant des rues rectilignes , bordées de maisons de
deux étages , ayant chacune son petit carré d'herbe . Trois mouches vermeilles et
merveilleuses bourdonnaient contre son chapeau de paille . Puis elle passa devant
un centre commercial , des pompes à essence , des motels , des établissements de
pompes funèbres . Comme on était dimanche , la plupart des boutiques étaient
fermées .

    Dimanche funèbre : des établissements pompeux bordent des maisons fermées .
Berthe , en chapeau de paille , passe devant des boutiques et des motels la plupart
à trois étages , chacun avec son carré d'herbe où bourdonnent des petites mouches
vermeilles . Les deux pompes à essence du centre commercial marchent sans but
dans la rue rectiligne .

    Les boutiques du centre commercial bourdonnent comme des mouches contre un
chapeau de paille . Elles bordent des maisons ayant chacune deux étages . La plupart ,
comme les motels et les établissements de pompes funèbres , sont fermés . On passe
devant leur petit carré d'herbes rectilignes et d'essences pompeuses . Berthe marche
sans but en suivant les rues car c'est dimanche .

samedi 28 septembre 2019

EUCALYPTUS DALRYMPLEANA

- "Êtes-vous déjà allé en Tasmanie ?"

    C'est Madame Delplanque au téléphone .

- Moi : "Non … et je n'ai pas envie d'y aller"
- Elle : "Ça tombe bien ! … j'ai les billets … deux allers-retours"
- Moi : "Avec qui allez-vous là-bas ?"
- Elle : "La bonne question est : "Pourquoi allez-vous là-bas ?"
- Moi , bien que la réponse à cette "bonne question" m'indiffère : "Oui , pourquoi ?"
- Elle , emphatique : "Eucalyptus Dalrympleana"
- Moi : "Redites-moi ça !"
- Elle répète , sur le même ton cérémonieux : "Eucalyptus Dalrympleana"
- Moi : "Un eucalyptus !? … c'est un arbre … immense ! … ça peut atteindre … euh … 
dans les 50 mètres ! … vous allez ramener ça comment ? … dans un avion-cargo ?"
- Elle : "Vous mesurez combien ?"
- Moi : "1m70 … quel rapport ?"
- Elle : "Vous avez commencé petit : 40cm … 3,5kgs … vous teniez dans une boîte à 
chaussures"
- Moi : "Écoutez , c'est très intéressant , mais rappelez-moi plus tard (ou ne me rappelez 
pas) je suis occupé … bon voyage !"
- Elle : "Attendez !"
- Moi : "Quoi ?"
- Elle : "Votre première question"
- Moi : "Quelle question ?"
- Elle : "Avec qui ? … avec qui ai-je la ferme intention de décoller d'Orly demain matin 
à 4h32 , destination Hobart ?"
- Moi : "Comment le saurais-je ?"

    Le lendemain matin , à 4h32 , je décollai d'Orly pour Hobart (30h20 de vol - 
2 escales !) . A côté de moi , Madame Delplanque était retenue sur son fauteuil par sa 
ceinture (welcome aboard , please fasten your seatbelt !) . Sur ses genoux serrés , un livre : "L'eucalyptus" , édité par Actes Sud . Je remarquai ses ongles couleur végétale . 
Elle surprit mon regard : "Yves Rocher … vernis 72 eucalyptus" , dit-elle .

DE LA PENSÉE COMME DÉSASTRE

Avant de penser quoi que ce soit , nous tâtons de la Félicité .

A H+5 , la t° de notre corps est de 37° centigrades .
La tension de la pile est si faible qu'elle maintient à peine notre conscience du Monde
et n'autorise aucun avis .
A l'âge de 5 minutes , nous ne pensons à rien .

Ceux qui sont arrivés avant nous savent de quoi il retourne , mais il est trop tard .
Ils se penchent sur nos corps minuscules avec des opinions qui leur pourrissent la vie
et ils ont beau convoiter notre vacuité sous la capote de nos landaus , le come-back
est impossible .

D'autres - les chats par exemple , ou les araignées - n'ont pas lâché la rampe de l'innocence .
Ils sont là , sans croyance et sans point de vue .

Sans la tristesse de penser .

PROTAGORAS

Protagoras a dit :
"L'Homme est la mesure de toute chose"

Mais les choses sont trop grandes
Ou l'Homme trop petit .

L'homme sage ne mesure pas les choses .
L'homme sage n'a que faire des choses .

Il s'asseoit dessus .

vendredi 27 septembre 2019

COTE 137 . 133 . CORVÉE DE PLUCHES

    Les cuisines sont débordées . Notre compagnie est réquisitionnée : corvée de
pluches , besogne sans fin mais inoffensive s'il en est ! . J'épluche , Martial épluche ,
Bertin  épluche , la compagnie épluche . Nous sommes repliés en deuxième ligne .

- Martial : "Vous n'épluchez pas , mon capitaine ?"
- La voix du capitaine nous parvient de la cagna sommairement aménagée : "Joffre non
plus n'épluche pas les patates ! … et ne vous plaignez pas , Martial : les allemands
épluchent les leurs"
- Martial : "Remarquez , mon capitaine , la corvée de pluches est une activité pacifique" .
Puis , considérant le tas pyramidal de tubercules : "Pacifique et sans fin" . De sa voix de
ténor , il improvise une chanson obscure et décousue sur la mélodie d'"Il pleut bergère"
où surnagent , entrecoupés de mmmm-mmmm et de la-la-la quand manquent les paroles ,
les mots "patates" , "fridolins" , "kartoffeln" , "pluches" … et , soudain , s'interrompant
couteau en l'air comme s'il allait étriper les blancs moutons : "Ainsi , mon capitaine ,
vous pensez que nos amis de la 137 épluchent des pommes de terre"
- Le capitaine sort de son abri : "C'est possible … le front est calme ici … quoi faire
d'autre ?"
- Martial , un brin sentencieux : "Éplucher des patates , tous les peuples le font"
- Le capitaine , refermant les boutons de sa capote , l'admet d'un air las : "En effet …
tous …"

    Un agent de liaison déboule dans la tranchée . Il tend au capitaine un papier plié en
quatre . Martial a repris son épluchage . Dans les courts espaces de silence absolu que
tolère le marmitage opiniâtre de feu Montrepont , on peut entendre le pelage d'une
tripotée de couteaux , ceux de la compagnie , notre compagnie réquisitionnée .

- Martial : "Pourquoi est-ce qu'on ne la finirait pas comme ça ?"
- Le capitaine , après l'avoir lu , replie le papier . Il est pensif et attristé : "Finir quoi ?"
- Martial , moulinant si ardemment son couteau sous les nuages saturés d'eau qu'on
craindrait qu'il les crève : "On finirait la guerre en épluchant des patates … nous …
les fridolins … éplucher , éplucher , remplir les tranchées d'épluchures , plutôt que …"
- Le capitaine suit mécaniquement le délire de Martial , mais à coup sûr , il est ailleurs .
Il tapote de la main gauche le papier replié qu'agite sa main droite : "Plutôt que ?"
- Martial : "Plutôt que s'entretuer"
- Le capitaine revient subitement sur terre et , d'une voix forte bien que bizarrement
étranglée : "Compagnie ! … ordre du Commandement : retour en première ligne …
nous attaquons dans une heure !"

jeudi 26 septembre 2019

SHITOUSHAN

    Shitoushan est une ville qui s'étire sur un axe est-ouest . Axe parallèle à d'autres axes .
L'axe autoroutier : une autoroute à deux chaussées de deux voies de circulation la borde .
Axes ferroviaires : deux voies ferrées . Mais il n'y a ni bretelle d'accès ni gare . Le train
à grande vitesse frôle Shitoushan à 300km/h . Les poids lourds font trembler jour et nuit
les chaussées de la nouvelle autoroute et les immeubles érigés sur sa bordure où sont
logés les habitants qui , il y a peu , vivaient dans les rizières à cent kilomètres à la ronde
et assemblent aujourd'hui des circuits électroniques pour les industries automobiles et
ferroviaires . Parallèle aussi , Shitoushan l'est à une piste d'atterrissage réservée au frêt où
se posent les avions-cargo car il faut fournir aux usines - deux usines flambant neuves  -
les composants et livrer aux donneurs d'ordre le produit semi-fini . La croissance écono-
mique de la ville est à deux chiffres depuis quinze ans . Elle est inversement proportion-
nelle à la production poétique de sa population .

    Au sud , au-delà de l'enchevêtrement des rizières où palpitent mille nuances de vert ,
la Grande Muraille se tortille .

mercredi 25 septembre 2019

DESMOND 112 : TAUX D'INTÉRÊT

    Le Président et moi gagnons l'Aile Ouest par la Colonnade .

- Lui : "J'ai consulté Madame Kishi à propos des taux d'intérêt"
- Moi : "Madame Kishi ? … votre voyante !?"
- Lui : "Oui … pourquoi ? … ça a l'air de vous étonner"
- Moi : "Euh … non , Monsieur le Président … enfin … en général , Madame Kishi
voit-elle clair ?"
- Lui : "Elle se trompe une fois sur deux"
- Moi : "…….?….."
- Lui : "Moins que Connally" … (note : John Bowden Connally est le Secrétaire au
Trésor) … "John se trompe deux fois sur trois"
- Moi : "…….?….." . Nous entrons dans le Bureau Ovale .
- Lui , appuyant sur une touche de la batterie de téléphones : "D'ailleurs , nous allons
le vérifier" . Au téléphone : "Maryline … demandez à John … John Connally …
 de venir dans le Bureau Ovale … je suis avec Desmond"
- Lui , en attendant Connally : "Question prévisions , vous allez voir : il est nul"
- Connally frappe .
- Le Président : "Comme in , John !"
- Connally entre : "Bonjour Monsieur le Président … hi , Desmond !"
- Le Président : "John … pouvez-vous me dire quel temps il a fait hier ?"
- Connally , déconcerté : "Hier !? … je n'en ai pas la moindre idée … j'étais dans mon
 bureau … je travaillais avec mes collaborateurs … vous savez , Monsieur le Président :
les taux d'intérêt"
- Le Président : "Ok John … merci … vous pouvez disposer"
- Connally sort , éberlué .
- Le Président , la porte du Bureau à peine refermée sur le Secrétaire au Trésor :
"Vous voyez , Desmond … John est même incapable de prévoir le temps qu'il a fait
hier ! …  alors , les effets d'une hausse des taux d'intérêt , je vous laisse imaginer !! …
c'est pourquoi j'ai recours à Madame Kishi pour ces questions économiques :
elle n'y comprend rien !"

mardi 24 septembre 2019

KRANT 179 . RÉCITAL À OUTS KAMTCHATK

    Peu importait l'hémisphère ou la latitude .

    Où qu'il s'assît , sur une caisse en bois ou sur le bord d'un ponton , dès que Vinc
actionnait son soufflet et que ses doigts reprenaient contact après des semaines de
navigation avec les claviers , il se trouvait , sortis d'une mangrove , d'une steppe ,
d'un entrepôt ou d'un bar , des marchands , des marins , des dockers et - toujours -
des êtres démunis et une foule d'enfants pour l'entourer . Les enfants surtout l'écou-
taient bouche bée ; ils buvaient son solfège et j'ose dire que les mélodies de Vinc
semblaient les nourrir .

    Je me souviens de ce jour où , ayant quitté les eaux froides de la Mer d'Okhotsk
pour celles , glacées , de Behring à la fin de l'hiver , nous faisions route vers Outs
Kamtchatk et ce port sibérien pointait à quelques miles devant notre étrave quand
le Kritik fut pris par une formation de glaces tardives . Il nous fallut patienter …

    La moitié de l'équipage était descendue sur cette provisoire banquise et elle entou-
rait Vinc . Lui était assis sur un tabouret et s'échauffait les doigts , sortant de son ins-
trument des blanches et des noires cristallines . Du brouillard poudreux apparut
comme tombée du ciel ou sortie de dessous la couche durcie de la mer - "ce sont des
tchoutchkes" me dit Monsieur Lee - une tribu de chasseurs avec femmes et enfants .
Ils firent autour de notre petite communauté un large cercle muet et - me sembla-t-il -
déférent , où l'on voyait briller dans le soleil qui perçait par le haut la pointe des
harpons .

    Haleine et silence . Vinc joua une complainte de chez nous et les enfants qu'aucune
femme ne retint approchèrent . Nous brisâmes notre rang et bientôt ils furent près de
Vinc . Une petite fille - elle devait avoir cinq ans - tendit le bras et toucha son épaule
comme pour vérifier que la musique sortait bien de cet homme-là . Vinc cependant ne
s'en aperçut pas car il était en Prusse Orientale , dans une forêt de bouleaux , à des
milliers de verstes d'Outs Kamtchatk ...

lundi 23 septembre 2019

ENCULÉ !

    Après son travail , mon père allait en ville - à X , la station balnéaire près de chez
nous - pour acheter des cigarillos ou un journal . Ma mère , quelquefois , me poussait
vers lui et disait : "Emmène-le" . Et lui , bougonnant , m'entraînait vers sa voiture ,
une Oldsmobile Cutlass F-85 . Je sentais sa main sèche sur ma nuque . Il m'attachait
sur la banquette arrière (j'avais 6 ans) , claquait la lourde portière et je me trouvais un
instant suspendu , avant qu'il ouvre celle du chauffeur et prenne sa place derrière le
volant en faisant grincer l'armature de son siège , dans un cocon feutré et qui sentait le
tabac froid , un interstice du monde , fugitif , que j'essayais de faire durer en arrêtant
de respirer . Mon père démarrait . Au bout du chemin qui donnait accès à la maison ,
nous passions sous la voie rapide et nous rejoignions assez vite la route qui longe
l'Atlantique . Mon père conduisait d'une main . Quand il jetait un coup d'oeil à l'océan ,
je voyais son profil d'oiseau atténué par la fumée du cigarillo . Jamais il ne parlait .
Je  me souviens de cette fin d'après-midi en juillet pendant les vacances . Comme
d'habitude , mon père avait garé l'auto à l'entrée de la petite ville et nous remontions à
pieds la rue commerçante parallèle à la mer , à l'ombre à cette heure du jour , vers le
débit de tabac . Au bout des impasses perpendiculaires qui donnaient sur la digue ,
les voiliers aux ailes blanches éclatantes étaient posés sur l'Atlantique comme des
jouets . Mon père ne me donnait pas la main . Je le suivais en trottinant car il marchait
vite . Il avait toujours l'air pensif , mon père . A quoi pensait-il ? . A son travail à la
banque ? . A ses poètes grecs ? . A Sophocle , son préféré ? . Il m'avait fait apprendre
par-coeur ce vers : "C'était la nuit ; les feux s'étaient évanouis" qu'aujourd'hui encore
je me répète cent fois pour m'endormir . Toujours est-il (peu importe à quoi il pensait
ce jour-là) qu'il a heurté du pied la timbale d'un monsieur mal rasé , assis par-terre .
Des pièces de monnaie ont roulé sur le trottoir . Mon père s'est baissé pour les ramasser
et s'excuser avec son air d'oiseau maléfique . "Enculé !" , a dit le monsieur . Le menton
de mon père a tremblé et ses yeux pâles sont devenus plus pâles encore . Il a maugréé
quelque chose que je n'ai pas compris et a repris sa marche rapide tandis que la timbale
roulait sur la chaussée . J'ai dit : "Enculé , qu'est-ce que ça veut dire ?" . "Rien" , a dit
mon père . A la porte du débit de tabac , j'ai insisté . "J'ai bien entendu : il a dit "enculé".
Mon père (je crois que s'il avait pu m'étrangler , il l'aurait fait) a frémi : "Tu veux bien te
taire !" et il est entré dans la boutique pour acheter ses cigarillos . Le soir , dans la biblio-
thèque , j'ai ouvert le gros dictionnaire sur la moquette . J'ai cherché le mot . Je l'ai pas
trouvé .

dimanche 22 septembre 2019

TROIS MOUCHES 164 . CARNETS EN MARGE

    Les meilleurs pêcheurs laissent leur ligne à la maison , et vont s'installer le plus
loin  possible de la rivière . Ils s'efforcent même de ne plus penser au poisson . Alors
le  poisson  vient et se laisse prendre … c'est au moment où Berthe et moi plantions
notre tente  au  bord de la Blackfoot River que je me souvins de cette recommandation
de Roland et que  trois mouches vermeilles et merveilleuses se mirent à bourdonner
contre nos chapeaux de paille .

    Les trois poissons de la Blackfoot River se souvenaient que le meilleur moment pour
penser était de s'installer au bord de la rivière , le plus loin possible des pêcheurs , de
leurs chapeaux de paille et de leurs lignes bourdonnantes de mouches . Cette merveilleuse recommandation venait de Roland qui plantait notre tente contre sa maison . Ces poissons ,
alors , s'efforcèrent de venir et se laisser prendre par Berthe et moi .

    Trois pêcheurs s'efforçaient de planter leur tente le plus loin possible des poissons .
Roland leur avait recommandé de laisser leurs meilleures lignes contre sa maison et de
ne même plus penser à la Blackfoot River . Ils prirent par leur bord vermeil mon chapeau
de paille et celui de Berthe et , dès ce moment , des mouches s'installèrent dans leurs
souvenirs et la rivière se mit à bourdonner de poissons qui se laissaient prendre .

PARADIS 113 . PSINOZA

    Dieu lit . Ça a l'air passionnant . Ève est là , derrière Lui . Elle se coiffe :
- "Qu'est-ce que tu lis ?"
- Dieu retourne le bouquin : "Traité théologico-politique … la préface"
- Ève : "La vraie face de qui ?"
- Dieu : "La préface , Ève … laisse-moi tranquille , ma chérie … tu sais qu'il ne faut pas
me déranger quand je lis"
- Ève : "Qui c'est qu'a écrit ?" , demande-t-elle en tirant sur le peigne .
- Dieu : "Spinoza"
- Ève : "Psinoza !? … je le connais ce mec ! … enfin , c'est pas un mec . Au Paradis y'a
qu'un mec : Adam ! … tu parles d'une affaire !"
- Dieu pose son livre sur l'établi en gardant le pouce pincé entre les pages 5 et 6 …
Il tourne vers Ève son profil surnaturel : "Psinoza ? … qui c'est celui-là ?"
- Ève : "Le serpent"
- Dieu se retourne franchement . Nom de … nom d'une pipe , qu'elle est belle ! …
la Vénus de Botticelli ! … : "Il y a un serpent qui porte ce nom ?"
- Ève : "C'est moi qui l'appelle comme ça" . Elle tire sur ses longues mèches . A chacun
de ces étirements , elle cligne des yeux et ses lèvres font une moue douloureuse et
suprêmement attendrissante .
- Dieu : "Pourquoi ?"
- Ève : "J'sais pas … je trouvais que ça lui allait bien … peut-être parce qu'il siffle …
J'ai hésité entre Psinoza et Barouk … me demande pas pourquoi"
- Dieu vérifie le nom de l'auteur sur la couverture : "C'est étonnant ! … coïncidence !"
- Ève : "Quoi ?"
- Dieu rouvre le livre à la page 5 , un peu ébranlé : "Peu importe , Ève ! … laisse-moi ! …
mon Spinoza n'est pas un serpent , c'est un philosophe …" . Mais le Créateur , bon sang ,
veut en savoir plus . Il fait face à Ève (je ne rappelle pas ici le rôle du tabouret à vis grâce
auquel Dieu , dans de rares et impérieuses occasions , dévoile Sa Face) : "Où habite-t-il
ce Psi … Psi … ce serpent-siffleur ?"
- Ève : "Psinoza ? …". Elle hésite … elle en a trop dit … "Au pied du pommier"
- Dieu lève un index menaçant , en mouvement pendulaire : "Attention , Ève ! …
n'oublie pas ! … tu n'en mangeras point ! … ne vas pas fricoter avec ce Psinoza !"
- Ève : "Mais non ! … il est tout mignon … je l'adore"
- Dieu : "C'est pas ça qui me rassure !" . Dieu reprend sa lecture là où il l'a laissée : Préface ,
page 5 , tandis qu'Ève trace une ligne légèrement ovalisée au milieu de sa chevelure qu'elle
ramène sur l'avant de son visage et dont elle dégrade les pointes pour lui donner mouvement
et volume .
- Dieu : "Écoute-ça , Ève … écoute ce que Spinoza écrit : "l'Homme veut que la nature soit
complice de son délire et , fécond en fictions ridicules , il l'interprète de mille façons mer-
veilleuses" … tu devrais répéter ça à Adam , ou lui prêter le livre"
- Ève : "Qu'est-ce que ça veut dire ?"
- Dieu pose son bouquin sur l'établi : "Ça veut dire que l'Homme est un idiot … qu'il prend
ses désirs pour des réalités"
- Ève suspend le mouvement de son peigne dans sa chevelure de Vénus : "Ça alors ! …
c'est ce que Psinoza m'a dit l'aut'jour … qui faut prendre ses désirs pour des réalités …"
- Dieu : "A quel propos ?"
- Ève : "A propos de la pomme"

vendredi 20 septembre 2019

DESMOND 111 . COCKTAIL

    Le Président , le Vice-Président Gerald Ford , Kissinger et moi . Vermeil Room
au rez-de-chaussée de la Maison Blanche . Les fenêtres sont ouvertes sur la Pelouse
Sud . Ambiance décontractée . Le Président est debout derrière une table où sont
posées pas mal de bouteilles et quatre verres . Il confectionne un cocktail . Nous
trois sommes assis de l'autre côté de la table . Aux murs : sept portraits de Premières
Dames des États-Unis .

- Le Président , s'adressant aux sept portraits : "Mesdames , fermez les yeux car il
sera question ici d'alcool … Inländer-Rum pour commencer … 2cl" . Il verse dans
un shaker 2cl de ce liquide étrange .
- Gerald Ford : "Inländer-Rum ? … qu'est-ce que c'est ?"
- Le Président : 'C'est autrichien … un ersatz de rhum … 80° … un cadeau de mon
ami Bruno"
- Gerald Ford : "Bruno ?"
- Le Président : "Kreisky , le Chancelier …" . Débouchant une bouteille de Spirytus
Rektyfikowany : "Ça , c'est du polonais … un alcool éthylique d'origine agricole …
96° … c'est pour les hommes , les vrais … 2cl , pas plus !
- Nous observons religieusement le versement de ces deux nouveaux cl .
- Le Président : "Pat s'en sert pour récurer les casseroles et pour désinfecter les toilettes"
- Gerald Ford : "Ça se boit ?"
- Le Président : "En Pologne , oui … c'est un cadeau de mon ami Gierek , le 1er
Secrétaire quand je suis allé à Varsovie en juin"
- Le Président , à moi : "Desmond … soyez gentil … dans le bar , il y a une flasque
de Bruichladdich … un single malt écossais … 91,2° … Lyndon a dû l'oublier là , je
suppose … plus de 2cl , vous pouvez devenir aveugle !"
- J'ouvre le bar , je bouscule quelques bouteilles . La flasque est derrière . Je la tend au
Président .
- Le Président : "Pendant que vous y êtes , Desmond … il doit y avoir un reste de cette
vodka que Leonid a apportée … la Balkan … vous vous souvenez ? … les accords Salt
… 88° … j'ai cru mourir !"
- Nous suivons dans un silence total l'élaboration du cocktail .
- Le Président : 2cl de Balkan … j'ajoute 2cl de Cocoroco … c'est bolivien … cadeau
de mon ami le Général Suarez … 96° … je le garde dans le bar pour nettoyer les égra-
tignures de Chechers , ce chien turbulent"
- Le Président : "2cl de Tequila … cadeau de mon ami le Président Alvarez … 2cl de
Cognac , cadeau de mon ami Georges … Georges Pompomgirl . Je secoue le tout …
qui goûte ? … Henry ?"
- Kissinger sort un cigare de sa poche : "Merci , Monsieur le Président … je préfère le
cigare"
- Le Président : "Desmond ? … toujours fidèle au Coca light ? … vous savez ,
Desmond , que le Coca Cola est un poison violent ?"
- Moi : "Oui , Monsieur le Président , mais je prendrai bien un verre de Coca light"
- Le Président : "Gerald ?"
- Gerald Ford : "Ma foi , ce cocktail m'a l'air sympathique …"
- Le Président : "You're crazy , Gerald ! … I'm won't let you commit suicide !"
("je ne vous laisserai pas vous suicider !")

jeudi 19 septembre 2019

KRANT 178 . UN PORT ACTIF

    Il y a des ports qui n'en finissent pas : des darses , des entrepôts , des grues , des
croisements noirs de ferraille , des montagnes de minerais , des fûts , des darses ,
des entrepôts interminables , des ballots , des madriers , des rails , des quais et encore
des grues , des bassins , des cales …

    Rotterdam .

    Souvent nous y accostâmes .

    A peine avions nous assuré nos aussières que les dockers investissaient le Kritik
et nos soutes résonnaient bientôt de leur langue brutale . Alors , partout , par les cinq
panneaux de cales , toutes sortes d'engins de levage plongeaient pinces , bennes et
crocs dans le ventre du navire , énervés comme des pies sur une charogne . Les hol-
landais , diablement efficaces , croisaient les sangles sous les ballots , des treuils en-
roulaient des filins , les grues pivotaient sur leurs roulements , des câbles glissaient
dans les gorges des palans et nos mâts de charge eux-mêmes entraient dans cette danse
frénétique . Des palanquées d'oranges passaient sur nos têtes , des godets dégueulaient
le sable , des barres d'acier élinguées tournoyaient , un grappin fouillait les entrailles du
Kritik , les chaînes râclaient le bord des écoutilles , les cartahus hissaient très haut des
grumes qu'ils posaient sur le quai avec une singulière délicatesse . Le Kritik entravé se
débattait dans ses cordages et c'était autour de lui une confusion de grincements , de
couinements , d'ordres brefs et codés et montait des cales un son de cymbales car les
manilles manoeuvrées à la hâte cognaient leurs parois .

    Enfin , au début de la nuit , une benne cherchait au fond de la dernière soute quelque
reliquat de minerais à se mettre sous les dents mais il n'y avait plus rien ; elle sortait vide
et inassouvie au bout de son moufle et s'écrasait sur le quai dans un ultime soupir de
ferraille . Un silence extravagant montait du ballast comme une brume , enveloppait les
grues et se fourrait dans les recoins de la darse . Entre les nuages de la nuit , la lune
inspectait nos cales : elles étaient vides . Le Kritik , accouché , pesait le poids d'un fétu
de paille .

 - Krant , pipe au bec , mains croisées derrière le dos , au bord de la soute n°3 : "Chef ,
demain , nous chargeons à ras bord" . Et , désignant du menton la ligne des magasins :
"Les entrepôts sont pleins …"

mercredi 18 septembre 2019

KRANT 177 . LA CUISINE DE MONSIEUR LEE

    Parfois , la nuit , j'allais rôder du côté de chez Monsieur Lee . La porte de sa cuisine
donnait sur l'entrepont et - sauf sérieuse tempête - il la laissait ouverte . Dans l'immensité
obscure , ce rectangle de lumière jaune était comme un hâvre flottant . J'y respirais la
friture des beignets ou l'odeur du pain quand Monsieur Lee s'activait autour de ses feux
et agitait d'impeccables casseroles . Hume , à moins qu'il eut choisi la caisse aux pieds
du timonier pour se reposer de n'avoir rien fait , était couché sur une sorte de comptoir
et observait , l'oeil mi-clos et cependant aux aguets , les allées et venues de son compère
qui ne manquerait pas de poser sous son museau un rogaton . Quand ils me voyaient
entrer , Monsieur Lee émettait son hi-hi-hi d'usage et Hume tournait ses oreilles vers
l'intrus qui venait perturber la quiétude du lieu et peut-être soustraire quelques restes .
Je m'asseyais sur un tabouret et nous ne disions rien . Je regardais les pâles éclats
 d'écume par-delà le bastingage et je caressais une à une les vertèbres de Hume .

    Puis je me levais et , sans un mot , je sortais . Au moment où je franchissais l'écou-
tille ,  Hume baillait et dévoilait ses deux immenses crocs . Monsieur Lee me saluait
d'un hi-hi-hi . C'était sa façon de me dire "bonne nuit" .

mardi 17 septembre 2019

TROIS MOUCHES 164 . UNE FEMME , UNE VRAIE

    Trois mouches vermeilles et merveilleuses bourdonnaient contre nos chapeaux
de paille mais le murmure général des conversations était complètement retombé ,
bien que Berthe eut réuni chez elle assez de personnages loquaces , hauts en couleur
et prestigieux pour m'impressionner , quels que pussent être mes goûts personnels .

    Berthe a du goût pour la conversation . Ses murmures en couleur , bien que
complétés de bourdonnements , impressionnent les hauts personnages qu'elle réunit
chez elle , quels qu'ils soient , en général assez prestigieux et loquaces . Mais , person-
nellement , je tombe comme une mouche contre un chapeau de paille .

    Des personnages aux chapeaux de paille vermeille conversaient avec Berthe .
Personnellement , ils n'étaient pas à mon goût et , bien qu'impressionnants et quel que
fut leur merveilleux prestige , leurs murmures retombaient en général aussi complè-
tement que le bourdon haut en couleur d'une réunion de mouches loquaces .

lundi 16 septembre 2019

SUR LA TERRASSE

    Ma mère ne lisait pas . Sauf , parfois , aux premiers beaux jours . Elle s'installait
sur la terrasse où elle avait tiré un de ces fauteuils de fer laqué blanc qui hibernaient
dans une remise . Du salon dont elle avait ouvert les baies , je pouvais la voir assise
avec un livre tiré au hasard de la bibliothèque dont elle feuilletait nerveusement les
pages à la recherche d'une phrase - ou d'un mot - qui aurait accroché son attention .
L'une de mes petites soeurs , comme pour investir un territoire et le tenir à l'abri des
convoitises , se hissait sur ses genoux et elle me regardait par-dessus  l'épaule mater-
nelle . J'étais dès lors sous sa prunelle curieuse et pensive cette amibe prise entre lame
et lamelle , incompréhensible à force d'étrangeté , mais avec qui , malgré tout , elle
allait devoir compter et partager quelque chose de l'amour .

DESMOND 110 . LE BRÛLAGE DISJONCTIF

- "Croyez-vous en la vie éternelle , Desmond ?"

    C'est en ces termes interrogatifs que le Président m'intercepte sur le chemin de 
l'incinérateur .

- "Posez-ça par-terre … vous n'allez pas salir ces saloperies , elles le sont déjà !" . 
Je m'exécute . "Croyez-vous à une vie après la mort ?"
- Moi . Je pose soigneusement ma pile de documents contre le mur : "Euh … une vie 
après la mort ?"
- Lui s'impatiente : "Laissez donc tomber tout ça ! … dans cinq minutes , ces saletés 
seront parties en fumée dans votre incinérateur !"
- Moi : "C'est que je dois les classer avant de les brûler"
- Lui : "Hein !? … c'est idiot !"
- Moi : "Monsieur le Président , il y a du papier , du carton , des microfilms , des bandes 
magnétiques , des supports en aluminium … tout ça ne va pas dans le même foyer"
- Lui : "Dites donc , c'est plus compliqué que je pensais !"
- Moi : "Oui , nous voulons être sûrs que rien ne subsiste"
- Lui : "Parce que vous pensez que quelque chose peut résister à l'incinération ?"
- Moi : "C'est arrivé dans le temps … un document très confidentiel s'est retrouvé dans 
le bac à cendres pratiquement intact"
- Lui : "Bigre ! … on a remédié à ça ?"
- Moi : "Oui , Monsieur le Président … le tri sélectif … et le brûlage disjonctif"
- Lui : "Et plus rien ne reste de nos cochonneries ?"
- Moi : "Rien"
- Lui : "Alors , c'est foutu !"
- Moi : "Euh … c'est le Secret Service qui l'exige"
- Lui : "Le Secret Service ! … qu'est-ce qu'il a à voir là-dedans ?"
- Moi : "……?….."
- Lui : "Qu'est-ce que le Secret Service a à voir avec la vie éternelle ?"

COTE 137 . 132 . RECETTE

- Martial : "De la farine de blé noir … environ 500grs"
 
L'artillerie lourde allemande , celle de ce freluquet de Kronprinz , tente de démolir la
nôtre , celle du général-boucher Nivelle . La nôtre réplique . Tout ceci - le bousillage et le
carnage escomptés - a lieu loin de notre position , un bon kilomètre derrière elle et à dix
kilomètres côté boche . Martial vaque à son occupation quotidienne : faire de son bout de
tranchée un endroit aussi ordonné que l'arrière-cuisine de sa bonne maman . Et c'est en
agitant son balai de sorcière sur le caillebotis qu'il instruit trois bleuets tout juste mis au
feu , terrorisés par le bastringue des artiflots . Thème de l'instruction : la confection d'un
traditionnel plat breton .

- Martial : "1kg de lard , 1 rutabaga , des oignons , des échalotes …"
 
Un obus (du gros !) passe en chuintant . Les trois jeunes gars s'accroupissent , mains sur
le casque.

- Martial : "210mm … vous inquiétez pas les gars , c'est pas pour nous … c'est pour nos
artilleurs … au bruit : 210mm … probablement un Langer Mörser" . Et , reprenant son
balayage : "500grs de blé noir , je l'ai déjà dit … un peu de graisse de porc … cuisson :
quatre heures .
 
Énorme ronflement . Les trois bleuets se jettent sur le parados où ils semblent s'imprimer .

- Martial , appuyé des deux mains sur le manche de son balai , lève le nez en l'air et
commente : "Langer Max … 380mm … rien à craindre … il y a longtemps qu'on ne l'a
pas entendu celui-là … c'est un canon de marine monté sur un affût terrestre … il doit se
trouver à 10kms , ce salaud ! … vous inquiétez pas !"
 
A un kilomètre , gigantesque déflagration , monstrueux geyser de terre .

- Martial : "Délayer la farine à l'eau froide … quantité d'eau variable , suivant les goûts ,
mais la pâte doit être épaisse … saler … pas trop … verser dans un sac et ficeler"
 
Le ciel se déchire . Les trois bleuets ne font qu'un , collé au parapet .

- Martial : "Celui-là vient de chez nous … il est pour les chleus … 270mm … ou
220mm … mortier De Bange … obus explosif de 100 ou 150kgs …"
- Le capitaine sort de sa casemate , l'oreille tendue : "A mon avis , c'est un De Bange
270mm … portée : 7kms"
- Martial : "Vous avez raison , mon capitaine : un De Bange 270mm"
 
Les trois gars , à peine relevés , se tassent au fond de la tranchée : vrombissement sinistre
s'amplifiant . Martial rentre la tête dans les épaules : "Attention les gars , celui-ci va tomber
pas loin" . La terre encaisse le choc à moins de 200 mètres derrière nous et se soulève .
"Krupp 120mm … obusier modèle 1905 … ce con a mal ajusté sa hausse" . Aux trois
morts de trouille : "Plonger le sac dans la marmite , avec le lard et les légumes … cuire
doucement , comme un pot au feu"
- Le capitaine : "Qu'est-ce que vous racontez , Martial ?"
- Martial : "C'est la recette du Kig Ha Farz , mon capitaine … vous connaissez ?"
- Le capitaine : "Non … qu'est-ce que c'est ?"
- Martial : "Fallait suivre au début , mon capitaine … comme ces trois-là"
 
Ces trois-là sont pâles comme la mort .

- Le capitaine : "Vous croyez qu'ils ont faim , Martial ?"

dimanche 15 septembre 2019

L'ÉTÉ XVI

L'été touche à sa fin .

L'été-Martinique ,
L'été à l'huile
Signé en bas à droite .

C'en est fini de lui ,
Presque .

Au loin (mais pas si loin) ,
D'orageux nuages
S'organisent .