vendredi 3 avril 2020

KRANT 207 . PARTIR

    Je traversais le potager puis , après avoir serré dans mes bras mon père et ma petite
mère , je gagnais la forêt où ce qui restait des nuages de la nuit s'effilochait sur les arbres
en rougeoiements infinis . J'étais encore chez moi . Sur l'échine de nos vaches s'élevaient
avec lenteur des voiles de vapeur et le sac de marin pesait sur mon épaule de destinations
exotiques . Nous irions m'avait dit Toms la veille , à Nantes , à Cadix , et nous longerions
la côte d'Afrique . Je passais par-dessus des fossés où grouillaient la vie de la terre et mes
souvenirs d'enfant ; à chaque bon , la bandoulière me coupait le souffle . Derrière un
dernier rideau de verdure , mon ciel morcelé se révélait immense , bordé par l'ultime
cordon dunaire où des mouettes étincelaient comme la crénelure d'une couronne , celle
de l'océan-roi .

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