mercredi 15 avril 2020

KRANT 208 . HOPETOWN

    Aborder à Hopetown n'était pas chose aisée . La manoeuvre était complexe et
requérait toute ma science et celle de l'équipage . Quand enfin le Kritik était lié à
son quai , le capitaine conviait dans sa cabine ses trois officiers , sortait de son coffre
une bouteille de kvas et quatre gobelets d'argent . Monsieur Lee , en tenue de céré-
monie et portant sur l'avant-bras une impeccable serviette blanche , versait l'alcool à
ras-bord des petits récipients puis , nous quatre les tenant sans en perdre une goutte
écoutions le toast que Krant marmonnait à la gloire et en l'honneur de la marine
lettonne . A un imperceptible mouvement de son sourcil droit , nous faisions cul-sec .

    Quand les hommes avaient quitté le navire pour boire toute la nuit et mettre sur
leurs genoux les dames de l'endroit , je regardais du pont le quai mélangé de marins
et d'autochtones . Alors , Monsieur Lee s'approchait de moi , perplexe , et lui qui
connaissait les us les plus étranges des plus étranges peuplades , celles de Guinée ,
celles du cercle polaire et comme je l'ai déjà écrit celles des Okakis , et les plus bur-
lesques traditions de tribus pratiquement inconnues , murmurait : "Quelles drôles de
coutumes vous avez ! … hi , hi , hi …"

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