vendredi 8 mai 2020

KRANT 213 . NUITS GÉOMÉTRIQUES

    Parfois , le soir , je voyais la mer comme un cercle : elle projetait une ombre elliptique
sur la voie lactée où les corps célestes gravitaient mécaniquement en d'immuables trajec-
toires et s'accordaient aux non moins perpétuels va-et-vient des pistons Stirling . L'univers
- ou était-ce la géométrie ? - m'emportait vers le sommeil et toute chose me semblait alors
un cycle ; les éléments s'emboitaient les uns dans les autres en un jeu nécessaire où l'instal-
lation rituelle de Hume sur mes genoux quand je laissais mon quart et le déclenchement de
ses ronronnements avaient le premier rôle . J'étais le foyer de cette courbe plane , à l'inter-
section du ciel et de la mer , dormeur au centre du monde . Pouvais-je être ailleurs qu'au
centre du monde dans ce fauteuil de toile porté par un océan à des milliers de miles de la
première terre ?

    Un matin , Krant me surprit au sortir d'une de ces nuits à forme ovale : "Il me semble ,
chef , que vous dormiez dans un cône …"

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