Patrouille de nuit … ciel chargé … dernier quartier de lune … nous sommes six
et progressons à l'ouest de la tranchée dans un secteur déserté par l'ennemi … soudain ,
une sorte de val , un trou de verdure où luit du cresson bleu … Martial s'accroupit et
nous fait signe de l'imiter .
- Martial . A moi , en chuchotant : "Vois comme la lune accroche aux herbes ses haillons
d'argent …"
- Moi : "…….?…… C'est beau … c'est de toi ?"
- Martial : "… non …"
- Moi : "…………."
- Martial : "Il faut traverser … je passe le premier"
Un des gars derrière me souffle quelque chose à l'oreille .
- Moi . Je tire la manche de Martial : "Martial … notre patrouille … on est bien six ?"
- Martial . Il hausse les épaules : "Ben oui … six ! …"
- Moi . Je le secoue : "Martial !"
- Martial , agacé : "Quoi ? … qu'est-ce que tu veux ?"
- Moi : "Il y a quelque chose qui cloche"
- Martial : "Quoi ? … qu'est-ce qui cloche ?"
- Moi : "Six ? … tu es sûr ?"
- Martial . Il me regarde , effaré : "Oui , vieux … six … comme d'habitude !"
- Moi : "Martial !"
- Martial : "Quoi à la fin !?"
- Moi : "On est sept …"
- Martial : "…..??….."
Nous nous retournons . Les quatre camarades et nous , ça fait six et , quelques mètres
derrière la patrouille , une silhouette se découpe sur fond de ciel chahuté et brièvement
dégagé . Un type est tranquillement assis , le dos appuyé contre le moignon d'un arbre ,
comme s'il faisait un somme .
- Martial : "Qu'est-ce qu'il fout là !?"
- Martial sort son couteau : "J'y vais … ne bouge pas …"
Martial rampe vers la forme . Le type reste immobile . Nous entendons Martial lui
parler à voix basse puis pouffer en revenant vers nous .
- Martial . A moi : "C'est un boche … les parfums ne font pas frissonner sa narine …
il a froid … il dort , la main sur la poitrine … il a deux trous rouges dans la caboche …"
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