samedi 22 avril 2017

MAURICE DELETTE

    Les tranchées sont une horreur . Des rats , des poux , la mort ; et ça pue l'homme ,
ça pue des milliers d'hommes . Dans les tranchées , pas de femmes . Pas de tendresse ,
pas de roses …

    T'imagines des roses à Verdun ?

    Ainsi aurait parlé Maurice Delette du 11e régiment d'artillerie de Tournai, mon
grand-oncle , amateur de femmes .

    Le 21 février 1916 , premier jour de la bataille de Verdun , à 6 heures du matin ,
Maurice fut écrabouillé par un obus de 400 . L'obus creusa un trou assez profond pour
enfouir ses morceaux et ceux de ses trois camarades servants , ceux aussi de son canon
De Bange sans recul et des deux chevaux de trait . De cette batterie on ne retrouva rien
et quand les boches ont attaqué une heure plus tard , ils ont traversé mon oncle sans s'en
rendre compte .

    Le caporal Delette s'est évaporé au champ d'honneur . Cet amateur de femmes passa
de l'être au néant en un milliardième de seconde , avec sa tendresse et son réservoir de
sperme .

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