En Mer Adriatique .
- Toms : "Mon père ne parlait pas … ah , ah ! … avec les mains , oui … les poings …
quelles raclées j'ai prises ! … tudieu , quelle brute ! …"
- Le timonier : "Le mien ne valait pas mieux , Toms … à coups de ceinturon , ça se
réglait … il est mort … bon débarras ! … que son âme brûle en enfer ! … et toi ,
chef … comment ton père t'a-t-il étouffé ?"
- Moi : "Papa me prenait par la main et nous allions voir où l'épeire avait tissé sa toile
et comment elle disposerait son traquenard à gluaux . Nous observions à contre-jour
des filaments presque invisibles . Mon père m'expliquait à voix basse que les fils , si
fins soient-ils , sont creux et qu'en eux circule une sorte de gomme arabique ; ce qu'il
démontrait avec un brin de paille : deux ou trois rayons tremblotant dans la lumière
humide de Koenigsberg l'avaient à peine effleuré qu'il se trouvait prisonnier . Je
demandais à papa : mais pourquoi l'araignée ne se prend-elle pas à son propre piège ?
Papa , à l'aide d'une autre paille , me montrait la surface de la structure que l'araignée
se réserve et où le fil n'adhère pas . Nous passions des heures à observer cette extra-
ordinaire charpente …"
Les larmes me venaient aux yeux .
Bouche bée , Toms et le timonier m'écoutaient pendant que sur l'Adriatique
couvait un orage .
- Le timonier : "C'est une sorte de saint , ton père …"
- Moi : "Un saint ? … non , c'était mon père …"
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire