vendredi 9 mars 2018

LINGSTRÖM . VERSION V

    J'étais sonné … je n'aurais pas dû dormir … le soleil de mars était haut dans le ciel ,
pâle et suspendu dans une brume légère … je bâillai et roulai sur la hanche . Par-delà
la rangée d'oyats s'étendait l'immense plage qui longe d'un bout à l'autre la Wadden Zee .
Elle est déserte à cette époque de l'année . Pas de promeneurs , pas de véliplanchistes ,
pas un vététiste sur l'étroit sentier de la dune … 15h30 … je m'agenouillai et , les fesses
calées sur les talons , j'ouvris mon havresac . Merde , merde et merde : il était vide ! …
j'avais oublié mon Lüger sur la table de la salle à manger … ou peut-être sur la tablette
du lavabo … ou sur la télé … dans la boîte à gants ! … merde ! ... dans la boîte à gants
de la voiture de Bill !! … j'avais dans ma poche le chargeur et , dans le chargeur , les
balles ! … merde !!! … je m'affalai sur le ventre et tapai du poing sur la dune … 15h40
… je me suis mis à pleurer … 15h50 … Lingström apparut , point minuscule à 2 kilo-
mètres au moins . Deux puces de sable sautaient à 10 centimètres de mon nez …
j'abattis une main rageuse sur ces deux idiotes … 16h10 … Lingström passa devant moi ,
à 50 mètres , puis s'éloigna avec son porte-documents sous le bras .

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