mercredi 19 juin 2019

ANATUYA

    Anatuya , il faut l'imaginer . Rien ne sert d'aller y voir . J'apprends qu'il y a là-bas
une cathédrale , c'est ce qu'on dit , et qu'un lac y aurait établi ses eaux , pas loin . Si
on connaissait le plan de cette ville , son histoire et comment sont ses maisons , cons-
truites avec quels matériaux et dans quel style - style colonial espagnol ? , style jésuite ? ,
baroque ? - si on savait de quoi vivent ses habitants et à quoi ils passent leur temps ,
s'il y a vraiment , pas loin , un lac (peut-être ce lac se trouve-t-il dans la ville même ?) ,
si on lisait dans le journal local , le matin à la terrasse d'un café , que l'équipe junior de
Tacanitas (un derby) s'est inclinée 2-0 devant celle d'Anatuya grâce à un doublé d'Agus-
tin Gonzalès , l'ailier droit à qui on prédit (bien imprudemment !) une carrière profession-
nelle (et même internationale !) et si on pouvait décrire dans le détail la fresque peinte
sur la façade  de la cathédrale ou donner au kilo près le poids du battant de sa cloche ,
il n'y aurait pas lieu d'imaginer Anatuya . Je vois , moi , cette ville comme un vieux diable
(ou un raton laveur) à face grise - diable ou raton laveur guarani - ou diable portant un
masque de raton laveur - masque gris - masque dissimulant la face grise d'un vieux diable
guarani - parce qu'il s'agit pour Anatuya de dissimuler quelque chose et de guetter par ses
fausses orbites un éclat de soleil qui - si rarement - vient frapper la ville .

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