samedi 22 juin 2019

KRANT 168 . BIJGÖFN

    La ville est en retrait de la côte ; nous y abordons en contournant ses bancs de sable .
C'est cette route malaisée qu'ont empruntée les descendants directs des Pères Fondateurs
pour remettre à l'Evêque le crucifix en or volé à Byzance et qui fait encore aujourd'hui
le renom de la cité . Décembre déjà ! . Bijgöfn est suspendue à un nuage translucide ,
le même chaque année , au travers duquel on voit le bleu glacé du ciel . Des étendards
claquent comme des tambours en haut du rempart mais , la porte passée , cette allure
martiale tombe au moment où nous réduisons la vapeur et le Kritik glisse sur son élan
entre deux quais serrés au milieu d'une foule affairée , les façades des boutiques si pro-
ches de notre bastingage et dressées au-dessus de lui . Pas de cris , mais un brouhaha
paisible enveloppé dans l'expiration de milliers de poumons . Il fait froid , diablement
froid ! . Notre arrivée semble ne susciter aucun intérêt et ne distrait quiconque de ses
occupations . Demain nous quitterons ce hâvre et sa rumeur studieuse . A peine sa mu-
raille franchie , Bijgöfn s'éteindra comme une flamme soufflée par le charivari du grand
large .

- Krant dira : "Où fichtre étions-nous il y a à peine une minute ?"

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