Au mois de mai 1968 , ma vie devint très compliquée . Je menais quatre aventures
dans des parallèles plus ou moins rectilignes . Elles avaient noms : Jeanne , Louise ,
Adèle et Violette . Je n'avais qu'un appartement où recevoir ces demoiselles , au cin-
quième étage , à Niort . Chacune d'elles estimait que je devais l'épouser et , à chacune ,
je promettais le mariage . C'était inextricable . Je téléphonai à Andy W. , cet ami new-
yorkais dont je vous ai déjà parlé pour lui demander ce qu'il en pensait . Il resta évasif .
A vrai dire , il n'en pensait rien et il avait assez à faire avec son travail . Il me donna
cependant ce conseil : produire de l'amour en série et minimiser mon rôle . "Essaie !" ,
dit-il avant de raccrocher . J'exigeai de mes quatre amies qu'elles soient désormais
accompagnées par une , deux , voire trois copines , histoire d'attirer les feux de l'amour
et atteindre une sorte de niveau industriel . Mon appartement se mit à ressembler à la
gare de triage de Young Yard . J'actionnais les leviers d'aiguillage , je prenais garde
qu'aucun convoi ne vint en percuter un autre . J'étais tellement absorbé par ces besognes
techniques , que bientôt plus personne ne faisait attention à moi . La surabondance
d'amour avait fini pas dissoudre son objet .
En juin , je me retrouvai seul .
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