Comment je suis devenue une star du heavy métal …
J'adore papa et maman . Ils m'ont eue sur un tard et maman me dit encore
aujourd'hui qu'ils ne m'attendaient plus . Ce qui a nourri mon art ce n'est pas ,
comme l'ont écrit des commentateurs , le délirant buffet Henri II et ce n'est pas
non plus le carillon d'horloge Polaris dont on retrouve cependant des traces dans
mes distorsions de guitare électrique . Je ne pense pas avoir puisé dans les radio-
crochets de Radio-Cité que papa écoutait sur la TSF Pathé-Marconi on dans les
travaux d'aiguilles de maman , mais que sait-on des influences ? … Pas plus
qu'on ne détecterait dans mes sweepings et mon chant éraillé des réminiscences
de l'organza brodé , des feuillages lie de vin imprimés sur le papier vinyle , des
faïences de Quimper ou du plat en étain à décor d'armoiries , ou une simple
évocation de la douce lumière qui tombait des verres opalins sur notre foetal
intérieur .
Non ! … Ce qui a véritablement marqué mon style trash , c'est l'odeur du
dessus de table en bulgomme . Dès que papa et maman ont été placés , j'ai subtilisé
ce noyau de notre cellule familiale et l'ai réduit en poudre .
Chaque soir , pendant que mes musiciens balancent leurs premiers riffs sur un
stade surchauffé , je m'asseois derrière la scène . Je roule entre deux feuilles de PQ
un spliff de poudre de bulgomme et , par le toncar , j'aspire à longues bouffées
les souvenirs d'une enfance heureuse .
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