mercredi 27 septembre 2017

LA RACINE D'ARBRE

    Il y a 800.000 ans , quelque part sur l'Ile de Java , au bord d'un fleuve antédiluvien :

-"Urb ! … warb ! … abr ! … bouarb ! …"

    Un petit être (1m02) enlace le tronc d'un hévéa …

-"Abr ! … arp ! … abr ! …" . C'est une femelle . A 50 mètres , un mâle un peu plus gros
et velu est accroupi sur un dépôt de gravier ; il lape dans le creux de sa paume l'eau tirée
du fleuve et surveille le mouvement de la frondaison sur l'autre rive et la surface limoneuse
du torrent qui , ici , court à débit assagi . Il est sur un qui-vive de faible intensité et le
comportement de la femelle l'intrigue .

    Ce cri : "… Abr ! … arb ! … arb ! …" est inusité . On n'entend et on ne produit rien
de tel dans une jungle du pléistocène . Ni colère , ni peur dans cet étrange phonème formé
la bouche ouverte … "Abr !" … Aucune gestuelle en doublure , comme signal ou solli-
citation … "Abr ! … arb ! …" et rien qui exprime l'urgence ou la nécessité … effort
gratuit , pour le fun …

    Or , au pléistocène , rien de gratuit et rien pour le fun … c'est le struggle for life …
ses deux bras étreignent le tronc … "Abr ! …" . Le mâle s'approche en bipède incertain
et pose sa patte (sa main ?) sur l'épaule maigrichonne de la femelle . Elle psalmodie :
"Abr , abr !" comme un eurêka . Sa voix est aigüe . Le mâle s'écarte et considère la cime
de l'arbre : "Ubr ! … oubr ! … ubr ! …" . La femelle tourne sa petite tête sans lâcher
le tronc : "Abr ! … arb ! … arbr ! … arbr ! …". Le mâle une octave en-dessous :
"Abr ! … abr ! … arb ! …" et il se dandine d'une patte (un pied ?) sur l'autre ...

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