Me confier cette tâche délicate (oh combien !) , c'était une bonne idée . J'étais
d'ailleurs la seule personne capable de la mener à bien .
Sauf , qu'au milieu de la voie , il y avait un aiguillage ; … et un aiguilleur :
le Docteur K.
Je n'exigeai du Conseiller (le Conseiller du Prince) qu'une chose : que mon nom
n'apparaisse nulle part . Personne , à part évidemment le Conseiller lui-même , ne
devait savoir qui était assis sur la pointe de la pyramide .
Je conservai mon petit bureau au Ministère des Affaires Sociales où je poursuivis
une carrière aussi terne qu'officielle . Je communiquais avec le Secrétariat des Services
par mail et notes de service tamponnées "le Directeur" au cachet rouge .
Entre mes doigts , je tenais toutes les ficelles : celles de l'espionnage et du contre-
espionnage , du renseignement civil , du renseignement militaire , celles de la sécurité
intérieure et de la lutte anti-terroriste . J'avais toute la puissance mais aucune apparence ,
au point que le Conseiller m'effaça de sa mémoire .
Bouche cousue . Aucune confidence … même à Simone … surtout pas à Simone ! …
Le seul à qui je parlais de vive voix , c'était le Docteur K. , ex-professeur à l'Univer-
sité de Zlin en Moravie , personnage bas en couleur et verres fumés . Je le rencontrais
dans l'ascenseur d'un immeuble HLM .
Il était mon officier traitant ; j'étais son joe .
On peut dire sans exagérer que je fus la plus grosse taupe de l'Histoire ...
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