s'ennuient . Ils tuent le temps en tuant leur prochain . Le capitaine , Bertin , Martial et moi
formons , debout , un cercle étroit . Nous buvons l'excellent café de notre camarade dans
un total mutisme . Il tombe une petite pluie froide . Le ciel est gris pâle .
Silence donc . Soudain , Martial :
- "L'Homme est une bête féroce"
Silence . Soudain , le capitaine :
- "Encore un de vos aphorismes , Martial ?"
Silence , puis , Martial :
- "Un quoi , mon capitaine ?"
- Le capitaine : "Un aphorisme … une sentence qui résume une vérité éminente"
- Martial : "Eminente , en effet"
Silence . Puis , le capitaine :
- "Qu'en pensez-vous , Bertin ? … l'Homme est-il une bête féroce ?"
- Bertin hausse les épaules : "Bof ! "
Nous rions tristement .
- Le capitaine à moi , en regardant le fond de son quart maintenant vide : "Et vous ?"
- Moi : "Moi ?"
- Le capitaine : "Que pensez-vous de l'aphorisme de Martial ?"
- Moi : "Euh … mon capitaine … une bête féroce … je ne me sens ni bête , ni féroce …
je suis en général un gentil garçon"
- Martial proteste : "Non mais tu ne t'es pas vu !? … l'assaut de la cote 137 avant-hier ! …
tu hurlais … tu balançais tes grenades en beuglant des insultes ! … même à moi , tu faisais
peur !"
- Moi : "Jamais ! … jamais de la vie ! … hurler !? … beugler !? … moi !?"
- Martial : "Une bête féroce ! … un tigre ! …"
- Moi : "Tu me fais marcher , Martial"
- Martial : "Un tigre , je te dis !"
- Moi : "Tu me fais marcher"
Silence . Finalement :
- Le capitaine : "L'Homme serait donc un tigre qui s'ignore"
- Martial : "Et nos généraux ne l'ignorent pas "
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