Eclipsés par quelque relief , les feux de villages retirés à la marge du ciel
réapparaissaient , fragiles et tremblotants . Toms et moi avions posé nos coudes
sur le bastingage ; le constructeur de notre navire avait-il prévu l'usage nocturne
que nous faisions de cette rambarde de fer : reposer nos corps fourbus et les
embarquer dans la contemplation ? . Au-dessus de nos têtes , les astres défilaient
en un lent tournoiement et nous , infiniment esseulés , épaule contre épaule et
Toms fumant sa dernière cigarette , partagions cette rêverie : là-bas , dans ces
maisons , entraînés dans le même mouvement des étoiles , des êtres dormaient
d'un sommeil que par nature je supposais paisible et que le tempérament de
Toms peuplait de cauchemars entortillés .
- Toms , rompant le silence : "Y vois-tu clair ?"
- Moi , pressentant une discussion assommante : "Je vois comme toi … ce village
où des gens dorment paisiblement …"
- Toms : "Tu ne comprends pas "
- Moi , soupirant : "Qu'est-ce que je dois comprendre , Toms ?"
- Toms : "Ce village , je le vois comme toi … j'ai deux yeux ! … et j'imagine que
les gens dorment … j'imagine aussi leurs cauchemars et les draps entortillés …"
- Moi : "…………."
- Toms : "Vois-tu clair en toi ?"
- Moi : "Toms ! … ce qui est à voir est devant nous … vas te coucher !"
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire