vendredi 26 juin 2020

KRANT 231 . UN GRAIN

    J'ouvre la porte du carré des officiers au moment où le vent , changeant de direction
et prenant brusquement de la vitesse , pousse devant lui comme s'il le jetait sur nous un
énorme nuage aux larges épaules , plus noir que la nuit .

    Hume est assis sur les genoux du capitaine . Dans la pénombre qui vient de recouvrir
le Kritik , la fente de sa pupille s'est dilatée en un cercle parfait . Deux yeux de chat me
regardent .

- Krant : "Que répondez-vous à ceci , chef ?"
- Moi , debout dans le cadre de la porte . Le grain prévisible se met à cingler le dos de
ma vareuse : "Capitaine … à quelle question dois-je répondre ?"
- Krant , sourcil droit relevé : "Mais … ne voyez-vous pas qu'on vous questionne ?"
- Moi , silhouette figée sur fond d'orage : "……………"
- Krant . Du fourneau rougeoyant de sa pipe , c'est Hume qu'il me désigne .
- Moi : "Hume ?" . Le chat ne me quitte pas des yeux et il oriente vers ma personne le
pavillon de ses oreilles .
- Krant : "Vous ne lui répondez pas ?" . Il passe sur l'échine de Hume une main où ,
dans un dernier éclat de lumière , je vois les veines bleues .
- Moi : "Oui , capitaine … en effet ce chat m'interroge … mais comment ? …"
- Krant : "Dois-je traduire ?"
- Moi . La pluie maintenant , balayée par un front de rafales , déborde mes épaules et
marque le plancher du carré d'auréoles elliptiques : "Que me veut donc ce chat ?"
- Krant : "Qui êtes-vous ? … que venez-vous faire dans le carré des officiers ? …"
- Moi : "………….."
- Krant : "… et pourquoi fichtre ne fermez-vous pas cette fichue porte !?"

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