J'ai grossi .
C'est l'âge .
Fini le temps où je grimpais aux arbres ,
Fini celui des amours .
Je suis à l'aise dans ma vaste anatomie
Où j'aime à me perdre .
Je m'oblige à l'immobilité ,
Je m'astreins au confort ,
Je choisis les fauteuils profonds .
Mon lieu privilégié est la véranda ,
En été , à midi ,
Comme centre de gravité du monde
Quand la fusion nucléaire bat son plein ,
Que son rayonnement traverse mes tissus
Et pénètre mes os .
Jamais je ne mourrai .
Impassibilité , éternité ,
Le temps , en vérité , n'existe pas .
Autour de mes refuges ,
On se précipite , on s'affole , on court .
Moi , je ne bouge pas .
C'est inutile .
Le temps est un attrape-nigaud .
Finis aussi les jeux idiots .
Tout cela m'ennuie
Et le chapardage
Est un sport que je ne pratique plus .
Même les oiseaux m'indiffèrent
( Dieu sait comme ils m'ont passionné ! )
Le soir , je suis en pleine forme .
Je saute sur les genoux de mon maître harassé ...
samedi 24 mai 2014
TROU NOIR
En toi , l'extrême gravité
Des lumières effondrées .
Nul rayonnement aux si denses horizons ,
Nul quantum .
J'attends pourtant de toi
Un signal faible .
Des lumières effondrées .
Nul rayonnement aux si denses horizons ,
Nul quantum .
J'attends pourtant de toi
Un signal faible .
vendredi 16 mai 2014
COTE 137 . 6 . LE PRISONNIER
En mars 1917 , il nous tomba entre les mains un officier allemand .
C'était un colonel ; il fut de toute la guerre notre plus belle prise . Comme il
parlait deux mots de boche , le capitaine chargea Martial de l'interroger ; et ,
comme il sembla au capitaine que ce colonel était de haut lignage - Von Kekelberg
lut-il sur ses papiers militaires - il prêta sa casemate pour l'instruction et il pressa
Martial de rester poli . Martial ferma la porte en fer . Dans la tranchée , sous cette
pluie qui ne prendrait fin qu'avec la guerre , nous nous étions groupés derrière
le capitaine pour savoir comment notre camarade allait tirer les vers du nez de ce
prussien …
D'abord Martial l'injuria . C'est ce que nous déduisîmes du ton car Martial
hurlait et frappait du poing sur la table . A un charabia teuton , Martial mêlait
des expressions tout à fait françaises et des plus ordurières . L'autre répondait avec
calme et peu de mots . Puis la conversation - car l'interrogatoire tournait à la conver-
sation - s'apaisa et les répliques s'équilibrèrent . Au bout de dix minutes , nous
entendîmes le rire de Martial , suivi de près par celui de Von Kekelberg … un
bouchon sauta - prosit ! - et des verres s'entrechoquèrent …
Martial ouvrit la porte . Il était hilare .
- Martial : "Il a parlé , capitaine !"
- Le capitaine : "Qu'a-t-il dit ?"
- Martial : "Il demeure en Basse-Saxe … il tient une ferme comme moi et n'est
point noble … trente têtes de bétail … des laitières … un peu de céréales … sa
femme s'appelle Hilda … il a trois filles : 16 , 8 et 6 ans … blondes … il passe
ses vacances à Saint Jean de Luz … il préfère Saint Jean de Luz à Verdun …
et le bordeaux aux vins d'Alsace … capitaine ! : votre champagne est de première
bourre !" .
- Le capitaine : "Martial ! … avec des gars comme vous , on va peut-être gagner
cette foutue guerre" .
La 52e compagnie a éclaté de rire .
C'était un colonel ; il fut de toute la guerre notre plus belle prise . Comme il
parlait deux mots de boche , le capitaine chargea Martial de l'interroger ; et ,
comme il sembla au capitaine que ce colonel était de haut lignage - Von Kekelberg
lut-il sur ses papiers militaires - il prêta sa casemate pour l'instruction et il pressa
Martial de rester poli . Martial ferma la porte en fer . Dans la tranchée , sous cette
pluie qui ne prendrait fin qu'avec la guerre , nous nous étions groupés derrière
le capitaine pour savoir comment notre camarade allait tirer les vers du nez de ce
prussien …
D'abord Martial l'injuria . C'est ce que nous déduisîmes du ton car Martial
hurlait et frappait du poing sur la table . A un charabia teuton , Martial mêlait
des expressions tout à fait françaises et des plus ordurières . L'autre répondait avec
calme et peu de mots . Puis la conversation - car l'interrogatoire tournait à la conver-
sation - s'apaisa et les répliques s'équilibrèrent . Au bout de dix minutes , nous
entendîmes le rire de Martial , suivi de près par celui de Von Kekelberg … un
bouchon sauta - prosit ! - et des verres s'entrechoquèrent …
Martial ouvrit la porte . Il était hilare .
- Martial : "Il a parlé , capitaine !"
- Le capitaine : "Qu'a-t-il dit ?"
- Martial : "Il demeure en Basse-Saxe … il tient une ferme comme moi et n'est
point noble … trente têtes de bétail … des laitières … un peu de céréales … sa
femme s'appelle Hilda … il a trois filles : 16 , 8 et 6 ans … blondes … il passe
ses vacances à Saint Jean de Luz … il préfère Saint Jean de Luz à Verdun …
et le bordeaux aux vins d'Alsace … capitaine ! : votre champagne est de première
bourre !" .
- Le capitaine : "Martial ! … avec des gars comme vous , on va peut-être gagner
cette foutue guerre" .
La 52e compagnie a éclaté de rire .
jeudi 15 mai 2014
AEL EST MORT
Quai des Indes .
Qui avait l'oreille attentive ( et qui n'avait pas l'oreille attentive
ce 20 janvier à 11h30 ? ) attrapait les dernières vibrations de la
voix éraillée d'Ael , vendeur de poissons à la criée ; elle crissait
comme un saphir sur la spirale centripète d'un disque vinyle et
elle aurait tourné ad vitam aeternam autour des comptoirs de la
halle si quelqu'un ou un cancer de la gorge n'avait décollé le
bras de la platine . Une flotille de chalutiers s'empressait main-
tenant dans la passe de Gâvres et , doublant la tour-balise des
Trois Pierres , elle beugla par cent cornes . Ael Jouanic était
dans sa tombe depuis moins d'une heure et la bêche du fossoyeur
encore plantée dans la terre fraîche ...
Qui avait l'oreille attentive ( et qui n'avait pas l'oreille attentive
ce 20 janvier à 11h30 ? ) attrapait les dernières vibrations de la
voix éraillée d'Ael , vendeur de poissons à la criée ; elle crissait
comme un saphir sur la spirale centripète d'un disque vinyle et
elle aurait tourné ad vitam aeternam autour des comptoirs de la
halle si quelqu'un ou un cancer de la gorge n'avait décollé le
bras de la platine . Une flotille de chalutiers s'empressait main-
tenant dans la passe de Gâvres et , doublant la tour-balise des
Trois Pierres , elle beugla par cent cornes . Ael Jouanic était
dans sa tombe depuis moins d'une heure et la bêche du fossoyeur
encore plantée dans la terre fraîche ...
mercredi 14 mai 2014
KAMIKAZE 1
Le dimanche à l'aube , j'avais pris l'habitude de lire un passage de la Bible sur
le pont d'envol . J'allais vers l'avant , au-delà du parc où , ailes pliées , sont
stationnés les appareils . A cette heure , la superstructure est déserte et , ce jour-
là , il faisait beau temps sur le Pacifique sud . Je méditais Jérémie L XX 28-58 :
- "Ainsi parle yahvé Sabaot …"
J'entendis son subtil bourdonnement . Il était très haut , comme un éclat de métal …
- "Le large rempart de Babylone …"
Nos sirènes se mirent à meugler et nos hauts-parleurs à vociférer "Attack … attack !"
- "… sera rasé totalement …"
Le Zéro passa à 30 mètres au-dessus du pont par le travers et je vis que le pilote me
regardait .
- "et ses hautes portes seront brûlées …"
L'avion ne portait aucune arme parce que l'arme , c'était lui : kamikaze ! . Les
mitrailleurs sortaient par les écoutilles et couraient vers leur poste .
- "Ainsi les peuples travaillent pour le néant …"
Le pilote fit un virage pour revenir vers nous au ras de l'eau . Les tracés de balles
convergeaient vers lui … "Attack , attack !" . Le cockpit explosa , puis une aile
se détacha ; le Zéro se désintégra à 20 mètres de notre étrave et je vis le corps du
kamikaze dans une gerbe de flammes .
- "… et les nations peinent pour le feu " .
le pont d'envol . J'allais vers l'avant , au-delà du parc où , ailes pliées , sont
stationnés les appareils . A cette heure , la superstructure est déserte et , ce jour-
là , il faisait beau temps sur le Pacifique sud . Je méditais Jérémie L XX 28-58 :
- "Ainsi parle yahvé Sabaot …"
J'entendis son subtil bourdonnement . Il était très haut , comme un éclat de métal …
- "Le large rempart de Babylone …"
Nos sirènes se mirent à meugler et nos hauts-parleurs à vociférer "Attack … attack !"
- "… sera rasé totalement …"
Le Zéro passa à 30 mètres au-dessus du pont par le travers et je vis que le pilote me
regardait .
- "et ses hautes portes seront brûlées …"
L'avion ne portait aucune arme parce que l'arme , c'était lui : kamikaze ! . Les
mitrailleurs sortaient par les écoutilles et couraient vers leur poste .
- "Ainsi les peuples travaillent pour le néant …"
Le pilote fit un virage pour revenir vers nous au ras de l'eau . Les tracés de balles
convergeaient vers lui … "Attack , attack !" . Le cockpit explosa , puis une aile
se détacha ; le Zéro se désintégra à 20 mètres de notre étrave et je vis le corps du
kamikaze dans une gerbe de flammes .
- "… et les nations peinent pour le feu " .
mardi 13 mai 2014
PARADIS 7 . ALPHABET
Ève est assise sur un tabouret dans l'atelier du Bon Dieu . Lui met la dernière
main au Minotaure Typhée , un gros coléoptère noir .
- Ève : "C'est quoi ton p'tit nom ?"
- Dieu : "C'est imprononçable …"
- Ève : "On peut pas l'dire ? … Peut-être , ça s'écrit ?"
- Dieu : "Oui , Ève … si tu veux , je peux l'écrire sur le sable … mais tu ne sais
pas lire …"
- Ève : "Non , mais montre moi …"
Dieu saisit une tige filetée et trace sur le sable de l'atelier : Y H W H
- Ève : "C'est joli … mais comment ça se prononce ?"
- Dieu : "Je t'ai dit Ève … mon nom est imprononçable … nul ne peut dire mon nom"
- Ève : "Comment je t'appelle alors ?"
- Dieu : "Dieu ! … tu m'appelles Dieu , comme d'habitude" . Il se remet au travail et
microsoude un trident sur le corselet du minotaure ( c'est un mâle ) .
- Ève : "J'aimerais bien t'appeler par ton p'tit nom" . Elle est limite boudeuse .
- Dieu , concentré car le montage est hyper délicat : "C'est impossible … je n'ai pas
inventé les voyelles … trop de boulot !…"
- Ève : "Les voyelles ? … c'est quoi les voyelles ?"
- Dieu . Il se redresse et décrit des cercles explicatifs avec son chalumeau : "Les voyelles ,
Ève , c'est des sons et des signes … tu sais , c'est très compliqué … moi-même , je m'y
perds …"
- Ève : ………………………….
- Dieu : "Tu as remarqué comme tu produits un son différent suivant la forme de ta
bouche" … il démontre : "aaeeiioouu … essaye !"
- Ève : "aaeeiioouu …aaeeiiiooouuu…aaeeiiiooouuu …aaaaeeeeeiiiiioooooouuuuuu …"
- Dieu : "Oh , oh , stop … Ève , stop !"
- Ève : "C'est amusant !"
- Dieu : "C'est amusant et c'est des voyelles"
- Ève : "A quoi ça sert ?"
- Dieu : "A raccrocher les consonnes entre elles … les consonnes , elles sont au point " .
Il ouvre un tiroir de l'établi … "J'en ai plein là-dedans"
- Ève : "Y en a combien ?"
- Dieu : "20"
- Ève : "Avec les voyelles , ça fait 25 …"
- Dieu : "Tu sais compter ? " . Fataliste : "Tu m'as encore piqué une pomme !"
- Ève : "Et le i grec ?"
- Dieu : "C'est quoi çà ?"
main au Minotaure Typhée , un gros coléoptère noir .
- Ève : "C'est quoi ton p'tit nom ?"
- Dieu : "C'est imprononçable …"
- Ève : "On peut pas l'dire ? … Peut-être , ça s'écrit ?"
- Dieu : "Oui , Ève … si tu veux , je peux l'écrire sur le sable … mais tu ne sais
pas lire …"
- Ève : "Non , mais montre moi …"
Dieu saisit une tige filetée et trace sur le sable de l'atelier : Y H W H
- Ève : "C'est joli … mais comment ça se prononce ?"
- Dieu : "Je t'ai dit Ève … mon nom est imprononçable … nul ne peut dire mon nom"
- Ève : "Comment je t'appelle alors ?"
- Dieu : "Dieu ! … tu m'appelles Dieu , comme d'habitude" . Il se remet au travail et
microsoude un trident sur le corselet du minotaure ( c'est un mâle ) .
- Ève : "J'aimerais bien t'appeler par ton p'tit nom" . Elle est limite boudeuse .
- Dieu , concentré car le montage est hyper délicat : "C'est impossible … je n'ai pas
inventé les voyelles … trop de boulot !…"
- Ève : "Les voyelles ? … c'est quoi les voyelles ?"
- Dieu . Il se redresse et décrit des cercles explicatifs avec son chalumeau : "Les voyelles ,
Ève , c'est des sons et des signes … tu sais , c'est très compliqué … moi-même , je m'y
perds …"
- Ève : ………………………….
- Dieu : "Tu as remarqué comme tu produits un son différent suivant la forme de ta
bouche" … il démontre : "aaeeiioouu … essaye !"
- Ève : "aaeeiioouu …aaeeiiiooouuu…aaeeiiiooouuu …aaaaeeeeeiiiiioooooouuuuuu …"
- Dieu : "Oh , oh , stop … Ève , stop !"
- Ève : "C'est amusant !"
- Dieu : "C'est amusant et c'est des voyelles"
- Ève : "A quoi ça sert ?"
- Dieu : "A raccrocher les consonnes entre elles … les consonnes , elles sont au point " .
Il ouvre un tiroir de l'établi … "J'en ai plein là-dedans"
- Ève : "Y en a combien ?"
- Dieu : "20"
- Ève : "Avec les voyelles , ça fait 25 …"
- Dieu : "Tu sais compter ? " . Fataliste : "Tu m'as encore piqué une pomme !"
- Ève : "Et le i grec ?"
- Dieu : "C'est quoi çà ?"
LETTRE DU NORDESTE
Mon nom est Joào Matos . Je survis à Ipupiarà . Est-ce qu'on peut parler
d'un village à propos d'Ipupiarà ? . Est-ce qu'un village n'est pas ramassé
autour d'un lieu de culte , ou d'une fontaine ou - prosaïquement - d'un bar ?
où la communauté se retrouve dans la supplication , la purification ou l'alcool ?
Or , à Ipupiarà , il n'y a ni église , ni source et pas même un établissement où ,
pour un quart de peso et un verre de cachaça , noyer sa tristesse d'exister …
Pas de centre et pas de rues non plus . L'habitat est diffus . On ne vit pas
ensemble mais chacun pour soi , dans la promiscuité familiale et animale
des baraques où s'entassent la nuit progéniture et bovins , au milieu des
sables accablants du sertào . Le bouvier mène chaque matin son cheptel
famélique à pâturer dans la caatinga et si - par quelles suites absurdes de
conjectures ? - il croise un voyageur , il ne lui adresse ni parole ni salut ,
car nul n'est bienvenu à Ipupiarà ; et cette façon inhospitalière est bien la
seule action solidaire que le caboclo , lorsqu'il se présentera devant Lui ,
pourra déposer entre les mains du Bon Jésus , car on n'incite personne à
rester ici , non que la brousse infinie soit impartageable mais parce qu'on
n'en réchappe que sous un tas de cailloux ainsi qu'en témoignent les croix
qui jalonnent les chemins de travail .
d'un village à propos d'Ipupiarà ? . Est-ce qu'un village n'est pas ramassé
autour d'un lieu de culte , ou d'une fontaine ou - prosaïquement - d'un bar ?
où la communauté se retrouve dans la supplication , la purification ou l'alcool ?
Or , à Ipupiarà , il n'y a ni église , ni source et pas même un établissement où ,
pour un quart de peso et un verre de cachaça , noyer sa tristesse d'exister …
Pas de centre et pas de rues non plus . L'habitat est diffus . On ne vit pas
ensemble mais chacun pour soi , dans la promiscuité familiale et animale
des baraques où s'entassent la nuit progéniture et bovins , au milieu des
sables accablants du sertào . Le bouvier mène chaque matin son cheptel
famélique à pâturer dans la caatinga et si - par quelles suites absurdes de
conjectures ? - il croise un voyageur , il ne lui adresse ni parole ni salut ,
car nul n'est bienvenu à Ipupiarà ; et cette façon inhospitalière est bien la
seule action solidaire que le caboclo , lorsqu'il se présentera devant Lui ,
pourra déposer entre les mains du Bon Jésus , car on n'incite personne à
rester ici , non que la brousse infinie soit impartageable mais parce qu'on
n'en réchappe que sous un tas de cailloux ainsi qu'en témoignent les croix
qui jalonnent les chemins de travail .
lundi 12 mai 2014
LETTRE DE TOMÀS DE TORQUEMADA AU BON JÉSUS
Doux Jésus , je te remercie . Tu as accueilli ton fils au Paradis .
Certes , la place que Tu m'as attribuée est en-deçà de celle que
j'espérais eu égard au mal que je me suis donné en Ton Nom .
Mais Tu es le Maître et je suis ton humble serviteur , l'homme
des basses oeuvres . Un homme aux mains sales peut-il siéger
dans le Saint des Saints ? Ici , au bout de la ligne B du RER ,
comme jadis sur les plateaux chauffés à blanc de ma belle
Espagne , je sais ce que Tu attends de moi . Cet exil si loin de
Ta Face , Doux Jésus , et de Tes Plaies Saignantes , j'en vois
aujourd'hui le sens .
J'agirai pour la Gloire de Ton Père et de Son Infinie Bonté , je
purgerai Ton Paradis de ses brebis galeuses , j'allumerai le feu ,
j'irai torturant , crucifiant , garrotant et broyant les os aux marches
de Ton Royaume . Je ferai de Ta Banlieue une auréole de pureté !
Certes , la place que Tu m'as attribuée est en-deçà de celle que
j'espérais eu égard au mal que je me suis donné en Ton Nom .
Mais Tu es le Maître et je suis ton humble serviteur , l'homme
des basses oeuvres . Un homme aux mains sales peut-il siéger
dans le Saint des Saints ? Ici , au bout de la ligne B du RER ,
comme jadis sur les plateaux chauffés à blanc de ma belle
Espagne , je sais ce que Tu attends de moi . Cet exil si loin de
Ta Face , Doux Jésus , et de Tes Plaies Saignantes , j'en vois
aujourd'hui le sens .
J'agirai pour la Gloire de Ton Père et de Son Infinie Bonté , je
purgerai Ton Paradis de ses brebis galeuses , j'allumerai le feu ,
j'irai torturant , crucifiant , garrotant et broyant les os aux marches
de Ton Royaume . Je ferai de Ta Banlieue une auréole de pureté !
samedi 10 mai 2014
TROIS MOUCHES 10 . SANG D'ENCRE
Trois mouches vermeilles et merveilleuses - mais se pouvait-il
qu'on entendit des mouches par une nuit d'encre ? - bourdonnaient
contre nos chapeaux de paille . "Se peut-il" demanda Berthe "que
des mouches bourdonnent en pleine nuit ?" . Je lui répondis que
cela se pouvait puisqu'en effet elles bourdonnaient . Ça lui glaça
le sang .
Berthe se faisait un sang d'encre car la nuit bourdonnait . Elle me
demanda pourquoi une nuit si pleine bourdonnait . Je lui répondis
que ce qu'on entendait c'était les mouches dans la paille glacée
de nos chapeaux .
Par nuits glacées , le sang des mouches bourdonne . "Cette
merveille se peut-elle ?" demande Berthe … "Des mouches
peuvent-elles bourdonner comme l'encre d'une nuit ?" .
"Cela se peut" réponds-je "comme la paille de mon chapeau
à plein bourdonne …"
qu'on entendit des mouches par une nuit d'encre ? - bourdonnaient
contre nos chapeaux de paille . "Se peut-il" demanda Berthe "que
des mouches bourdonnent en pleine nuit ?" . Je lui répondis que
cela se pouvait puisqu'en effet elles bourdonnaient . Ça lui glaça
le sang .
Berthe se faisait un sang d'encre car la nuit bourdonnait . Elle me
demanda pourquoi une nuit si pleine bourdonnait . Je lui répondis
que ce qu'on entendait c'était les mouches dans la paille glacée
de nos chapeaux .
Par nuits glacées , le sang des mouches bourdonne . "Cette
merveille se peut-elle ?" demande Berthe … "Des mouches
peuvent-elles bourdonner comme l'encre d'une nuit ?" .
"Cela se peut" réponds-je "comme la paille de mon chapeau
à plein bourdonne …"
vendredi 9 mai 2014
RUE LEPIC
Heureusement , il y a le passé-composé : un auxiliaire au présent
et un participe passé .
"J'ai vécu" rue Lepic .
Si on admet que vivre est une action , je dois à l'auxiliaire avoir
et à l'ambiguïté du passé-composé de connaître que l'enfant qui
traversait la rue Lepic , du restaurant tenu par ma mère à la librairie
de Madame Arnaud , c'était et c'est moi .
"J'ai vécu" rue Lepic mais je n'y vis plus ; c'est au moyen du participe
passé de ce verbe du troisième groupe - vivre - que j'ai coupé le
cordon qui me tenait à une mère étouffante .
L'Aronde bleu pâle aux pneus crevés , c'était celle de mon père : je
liquidais mon oedipe ; et sur le trottoir , je dessinais des formes
hermétiques où j'entraînais à cloche-pied la fille de Madame Arnaud .
et un participe passé .
"J'ai vécu" rue Lepic .
Si on admet que vivre est une action , je dois à l'auxiliaire avoir
et à l'ambiguïté du passé-composé de connaître que l'enfant qui
traversait la rue Lepic , du restaurant tenu par ma mère à la librairie
de Madame Arnaud , c'était et c'est moi .
"J'ai vécu" rue Lepic mais je n'y vis plus ; c'est au moyen du participe
passé de ce verbe du troisième groupe - vivre - que j'ai coupé le
cordon qui me tenait à une mère étouffante .
L'Aronde bleu pâle aux pneus crevés , c'était celle de mon père : je
liquidais mon oedipe ; et sur le trottoir , je dessinais des formes
hermétiques où j'entraînais à cloche-pied la fille de Madame Arnaud .
jeudi 8 mai 2014
LE CONNÉTABLE
Je me suis battu toute ma vie .
On peut dire que je n'ai fait que ça . Mioche , je me colletais avec tout
ce que la Basse-Normandie comptait de vauriens et , depuis l'âge de
quinze ans , j'ai manié l'épée pour deux maîtres : Charles de Blois et
le Roi de France . Je sais qu'un jour pas si lointain , je mourrai les ar-
mes à la main , au cours d'un siège , ou d'une expédition en Espagne
ou - peut-être - dans une échauffourée anglaise . Mon prénom est
Bertrand , et mon grade dans l'armée , connétable .
Parfois , entre deux castagnes , je me repose en mon château de la
Motte-Broons . Je sors sur la terrasse du donjon ce fauteuil cosy que
j'affectionne parce que c'est une prise de guerre . Je ne l'ai pas acheté ,
on ne me l'a pas donné ; je l'ai pris . C'est un siège de style Ferdinand II
avec sa tapisserie d'origine . Il a appartenu à Pierre Ier de Castille ,
le demi-frère de mon camarade Henri de Trastamare . C'est le seul
meuble du château .
En vérité , je ne possède que trois objets : ma cuirasse , mon épée et
ce fauteuil . Tout le reste , je m'en fous ...
On peut dire que je n'ai fait que ça . Mioche , je me colletais avec tout
ce que la Basse-Normandie comptait de vauriens et , depuis l'âge de
quinze ans , j'ai manié l'épée pour deux maîtres : Charles de Blois et
le Roi de France . Je sais qu'un jour pas si lointain , je mourrai les ar-
mes à la main , au cours d'un siège , ou d'une expédition en Espagne
ou - peut-être - dans une échauffourée anglaise . Mon prénom est
Bertrand , et mon grade dans l'armée , connétable .
Parfois , entre deux castagnes , je me repose en mon château de la
Motte-Broons . Je sors sur la terrasse du donjon ce fauteuil cosy que
j'affectionne parce que c'est une prise de guerre . Je ne l'ai pas acheté ,
on ne me l'a pas donné ; je l'ai pris . C'est un siège de style Ferdinand II
avec sa tapisserie d'origine . Il a appartenu à Pierre Ier de Castille ,
le demi-frère de mon camarade Henri de Trastamare . C'est le seul
meuble du château .
En vérité , je ne possède que trois objets : ma cuirasse , mon épée et
ce fauteuil . Tout le reste , je m'en fous ...
KRANT 6 . L'ESPACE
- "Chef !"
C'était la voix de Krant .
- Moi : "Oui , Capitaine !"
- Krant : "Venez donc par ici !"
Nous voguions vers Trelleborg par vent de travers régulier . Depuis deux jours ,
nous gitions d'à peu près 15° sur tribord mais , tous , nous avions spontanément
rectifié l'assiette . Krant était assis à la table à cartes .
- Krant : "Asseyez-vous , chef !"
Je m'assis face à lui , le buste incliné à 15° par rapport à l'acajou de la table .
Krant jouait machinalement avec l'ampoulette que , toutes les 28 secondes , il
retournait sans la lâcher de sorte qu'elle n'aille rouler sur le plancher de la cabine .
Son visage était tourné vers le hublot où je voyais défiler la ligne quasi-virtuelle
de l'horizon , identique à elle-même de mile en mile , mais je ne comprenais pas
que le Capitaine avait tourné son visage vers l'étendue géométrique que consti-
tuent les paysages marins pour ne rien voir , s'abstraire des choses , de ses cartes ,
compas , de l'ampoulette que ses gros doigts trituraient et approcher les concepts .
Cela je le compris des années plus tard quand tous deux nous avions cessé de
naviguer .
- Krant : "Chef … faites attention aux réponses que vous ferez"
- Moi : …………………..
- Krant : "Votre chaudière … la chaudière du Kritik … comment la rapportez-vous
comme extérieure à vous ?"
- Moi :"Dame , Capitaine ! … elle n'est ni moi ni en moi !"
- Krant : "Et comment faites-vous pour distinguer le piston Stirling n°1 du n°2 ?"
- Moi : "Et bien , Capitaine , ils ne sont pas à la même place !"
- Krant : "Bien , bien , chef … imaginez maintenant que vous n'ayez pas la notion
d'espace …"
- Moi : "Mais , Capitaine , c'est impossible ! …"
- Krant : "Bien entendu , chef … l'espace est une intuition , avec une certitude
apodictique … ce n'est pas un concept !"
- Moi : "??????????????????????"
- Krant . Enfin il se tourna vers moi . Son regard bleu clair revenait aux affaires
courantes : "Allez , chef … retournez à vos machines …"
C'était la voix de Krant .
- Moi : "Oui , Capitaine !"
- Krant : "Venez donc par ici !"
Nous voguions vers Trelleborg par vent de travers régulier . Depuis deux jours ,
nous gitions d'à peu près 15° sur tribord mais , tous , nous avions spontanément
rectifié l'assiette . Krant était assis à la table à cartes .
- Krant : "Asseyez-vous , chef !"
Je m'assis face à lui , le buste incliné à 15° par rapport à l'acajou de la table .
Krant jouait machinalement avec l'ampoulette que , toutes les 28 secondes , il
retournait sans la lâcher de sorte qu'elle n'aille rouler sur le plancher de la cabine .
Son visage était tourné vers le hublot où je voyais défiler la ligne quasi-virtuelle
de l'horizon , identique à elle-même de mile en mile , mais je ne comprenais pas
que le Capitaine avait tourné son visage vers l'étendue géométrique que consti-
tuent les paysages marins pour ne rien voir , s'abstraire des choses , de ses cartes ,
compas , de l'ampoulette que ses gros doigts trituraient et approcher les concepts .
Cela je le compris des années plus tard quand tous deux nous avions cessé de
naviguer .
- Krant : "Chef … faites attention aux réponses que vous ferez"
- Moi : …………………..
- Krant : "Votre chaudière … la chaudière du Kritik … comment la rapportez-vous
comme extérieure à vous ?"
- Moi :"Dame , Capitaine ! … elle n'est ni moi ni en moi !"
- Krant : "Et comment faites-vous pour distinguer le piston Stirling n°1 du n°2 ?"
- Moi : "Et bien , Capitaine , ils ne sont pas à la même place !"
- Krant : "Bien , bien , chef … imaginez maintenant que vous n'ayez pas la notion
d'espace …"
- Moi : "Mais , Capitaine , c'est impossible ! …"
- Krant : "Bien entendu , chef … l'espace est une intuition , avec une certitude
apodictique … ce n'est pas un concept !"
- Moi : "??????????????????????"
- Krant . Enfin il se tourna vers moi . Son regard bleu clair revenait aux affaires
courantes : "Allez , chef … retournez à vos machines …"
mercredi 7 mai 2014
TROIS MOUCHES 9 . MUSETTE
Berthe était à l'accordéon et moi , j'étais au violon . Trois mouches
vermeilles et merveilleuses bourdonnaient contre nos chapeaux de
paille . Les molécules d'air vibraient dans l'onde sonore . Les tranches
d'air se comprimaient et propageaient nos mélodies à travers la pâture
où nous avions dressé nos tréteaux .
Les molécules d'air bourdonnaient contre les soufflets de Berthe . Elle
était à l'accordéon . La pâture vibrait d'ondes et comprimait les mélo-
dies sous les chapeaux de paille . J'étais au violon près d'une mouche
à tréteaux
L'accordéon de Berthe propageait entre les chapeaux de paille des
tranches de molécules comprimées . La pâture vibrait de mouches
mélodieuses . Mon archet glissait dans l'onde sonore : j'avais posé
mon violon contre un tréteau .
vermeilles et merveilleuses bourdonnaient contre nos chapeaux de
paille . Les molécules d'air vibraient dans l'onde sonore . Les tranches
d'air se comprimaient et propageaient nos mélodies à travers la pâture
où nous avions dressé nos tréteaux .
Les molécules d'air bourdonnaient contre les soufflets de Berthe . Elle
était à l'accordéon . La pâture vibrait d'ondes et comprimait les mélo-
dies sous les chapeaux de paille . J'étais au violon près d'une mouche
à tréteaux
L'accordéon de Berthe propageait entre les chapeaux de paille des
tranches de molécules comprimées . La pâture vibrait de mouches
mélodieuses . Mon archet glissait dans l'onde sonore : j'avais posé
mon violon contre un tréteau .
COTE 137 . 5 . PATROUILLE
Martial revenait de patrouille :
- A moi : "Mon vieux , tu ne me croiras pas … j'ai trouvé un trésor"
Je haussai les épaules .
- Lui : "Un trésor je te dis … à 200 mètres d'ici" . Du pouce , par-dessus
son épaule , il me montra l'endroit . Il y avait eu derrière nous une ferme
mais il n'en restait rien .
- Moi , rigolard : "Le trésor du cul-terreux ? … des pièces d'or ?"
- Lui : "Mieux que ça ! … je t'emmènerai …"
Le lendemain , nous nous portâmes volontaires pour une reconnaissance .
Je suivais Martial dans des boyaux désaffectés . Nous allions à demi-courbés
pour échapper aux tireurs d'en face . Nous arrivâmes près d'un angle de murs ,
ce qu'il en restait , à peine 1m50 .
- "C'est derrière" dit Martial . Il fallait se découvrir . En trois bonds , nous
contournâmes le mur avant de nous aplatir dans la boue .
Un pommier ! … il y avait dans l'angle fermé de ce reste de murs un pommier
décapité , avec des pommes ! …
- Martial riait : "Alors ! … qu'est-ce que t'en dis ?"
Assis et dos calés contre les briques , nous nous goinfrâmes de pommes
encore vertes mais qui semblaient les plus fondantes que le paradis eut
portées , et nous en bourrâmes nos sacoches .
Puis , saisissant nos fusils , nous nous jetâmes dans le même boyau .
- Martial : "Nom de Dieu , au printemps ce crétin va fleurir … il se fera
repérer !" . Il se jeta contre moi en se marrant : "Bah ! … au printemps ,
nous serons morts …"
- A moi : "Mon vieux , tu ne me croiras pas … j'ai trouvé un trésor"
Je haussai les épaules .
- Lui : "Un trésor je te dis … à 200 mètres d'ici" . Du pouce , par-dessus
son épaule , il me montra l'endroit . Il y avait eu derrière nous une ferme
mais il n'en restait rien .
- Moi , rigolard : "Le trésor du cul-terreux ? … des pièces d'or ?"
- Lui : "Mieux que ça ! … je t'emmènerai …"
Le lendemain , nous nous portâmes volontaires pour une reconnaissance .
Je suivais Martial dans des boyaux désaffectés . Nous allions à demi-courbés
pour échapper aux tireurs d'en face . Nous arrivâmes près d'un angle de murs ,
ce qu'il en restait , à peine 1m50 .
- "C'est derrière" dit Martial . Il fallait se découvrir . En trois bonds , nous
contournâmes le mur avant de nous aplatir dans la boue .
Un pommier ! … il y avait dans l'angle fermé de ce reste de murs un pommier
décapité , avec des pommes ! …
- Martial riait : "Alors ! … qu'est-ce que t'en dis ?"
Assis et dos calés contre les briques , nous nous goinfrâmes de pommes
encore vertes mais qui semblaient les plus fondantes que le paradis eut
portées , et nous en bourrâmes nos sacoches .
Puis , saisissant nos fusils , nous nous jetâmes dans le même boyau .
- Martial : "Nom de Dieu , au printemps ce crétin va fleurir … il se fera
repérer !" . Il se jeta contre moi en se marrant : "Bah ! … au printemps ,
nous serons morts …"
DESMOND 1 . deuxième partie
( Rappel : je viens d'écraser une merde de chien sur la moquette
blanche du Bureau Ovale )
- Moi , me déchaussant : "Monsieur le Président , je suis confus …"
- Le Président : "Laissez-moi faire Desmond ! … je vous adore …"
Il fait le tour de son bureau et appuie sur la touche étoile du télé-
phone rouge : "Hello , Karen ! … du trichlo , my baby ! … dans
le bar ? … OK , babe …" . Il raccroche et ouvre le réfrigérateur de
bureau : "Porto … whisky … gin … ah ! trichlo … qu'est-ce que
je vous sers Desmond ? … whisky ? …"
- Moi : "Un Coca , Monsieur le Président"
Le Président sort deux verres . Coca pour moi . Scotch pour lui .
- Lui : "C'est un caniche ?"
- Moi : "Un caniche , Monsieur le Président ?"
- Le Président : "Desmond … c'est de la crotte de caniche … je m'y
connais en merde … la merde de démocrate … la merde de hippies …
la merde communiste … la merde de Cuba … la merde du Vietnam …
du nord … du sud … je suis un spécialiste en merde …"
- Moi : "Je n'ai pas d'animaux à la maison , Monsieur le Président"
- Le Président : "Pas d'animaux … oh , quelle horreur ! … pas même
un poisson rouge ?"
Ça puait . Lui et moi : "Cheers , Desmond ! … cheers , Mister President !"
- Moi : "Non , Monsieur le président … je suis allergique"
- Le président , s'esclaffant : "Ah , ah , Desmond ! décidément , vous
êtes impayable !"
blanche du Bureau Ovale )
- Moi , me déchaussant : "Monsieur le Président , je suis confus …"
- Le Président : "Laissez-moi faire Desmond ! … je vous adore …"
Il fait le tour de son bureau et appuie sur la touche étoile du télé-
phone rouge : "Hello , Karen ! … du trichlo , my baby ! … dans
le bar ? … OK , babe …" . Il raccroche et ouvre le réfrigérateur de
bureau : "Porto … whisky … gin … ah ! trichlo … qu'est-ce que
je vous sers Desmond ? … whisky ? …"
- Moi : "Un Coca , Monsieur le Président"
Le Président sort deux verres . Coca pour moi . Scotch pour lui .
- Lui : "C'est un caniche ?"
- Moi : "Un caniche , Monsieur le Président ?"
- Le Président : "Desmond … c'est de la crotte de caniche … je m'y
connais en merde … la merde de démocrate … la merde de hippies …
la merde communiste … la merde de Cuba … la merde du Vietnam …
du nord … du sud … je suis un spécialiste en merde …"
- Moi : "Je n'ai pas d'animaux à la maison , Monsieur le Président"
- Le Président : "Pas d'animaux … oh , quelle horreur ! … pas même
un poisson rouge ?"
Ça puait . Lui et moi : "Cheers , Desmond ! … cheers , Mister President !"
- Moi : "Non , Monsieur le président … je suis allergique"
- Le président , s'esclaffant : "Ah , ah , Desmond ! décidément , vous
êtes impayable !"
DESMOND 1 . première partie
- le Président : "Desmond ! … entrez donc !"
Le Président quitte deux interlocuteurs : ce cher Henry K. , le secrétaire
d'état et le speaker de la Chambre des Représentants "Cactus Jack" Garner .
Les bras chargés de "dossiers strictement confidentiels" , je me dirigeais
vers le destructeur d'archives ( un incinérateur ) .
- Le Président : "Bye Henry , bye Jack …" . Puis me poussant dans son
bureau : "Entrez Desmond … posez tout ça là … asseyez-vous …" . Je
le précède .
- Le Président : "Oh , Desmond ! … we have a problem !"
Je me retourne . Le Président regarde la moquette blanche et cinq traces de
merde de chien … damned ! … crotte et crotte ! … c'est moi .
- Moi : "Monsieur le président … Monsieur le Président … je suis quite
désolé ! … my God ! … comment …?"
- Le Président . Le pouce et l'index de la main gauche pressés dans le
coin de ses yeux , la paume droite tendue et levée dans ma direction :
"Stop … stop , Desmond … be quiet ! … je maîtrise la situation …
enlevez votre chaussure droite , ça pue … c'est la droite … mettez-la sur
le balcon …"
( à suivre )
Le Président quitte deux interlocuteurs : ce cher Henry K. , le secrétaire
d'état et le speaker de la Chambre des Représentants "Cactus Jack" Garner .
Les bras chargés de "dossiers strictement confidentiels" , je me dirigeais
vers le destructeur d'archives ( un incinérateur ) .
- Le Président : "Bye Henry , bye Jack …" . Puis me poussant dans son
bureau : "Entrez Desmond … posez tout ça là … asseyez-vous …" . Je
le précède .
- Le Président : "Oh , Desmond ! … we have a problem !"
Je me retourne . Le Président regarde la moquette blanche et cinq traces de
merde de chien … damned ! … crotte et crotte ! … c'est moi .
- Moi : "Monsieur le président … Monsieur le Président … je suis quite
désolé ! … my God ! … comment …?"
- Le Président . Le pouce et l'index de la main gauche pressés dans le
coin de ses yeux , la paume droite tendue et levée dans ma direction :
"Stop … stop , Desmond … be quiet ! … je maîtrise la situation …
enlevez votre chaussure droite , ça pue … c'est la droite … mettez-la sur
le balcon …"
( à suivre )
NOS FEMMES
Parfois , nous quittons nos femmes …
Nous en avons assez de leur sorte .
Nous dévalons l'escalier B entrée A et poussons dans le local
à poubelles un cri primal , celui du nouveau-né à qui manque
l'oxygène .
Car nous , hommes , manquons d'air et d'espace . Nous , hommes ,
étouffons dans ces ventres à rideaux et quotidiens devoirs .
Nous avons à chasser , nous avons à faire la guerre , à défroisser
nos foetus .
Or , dans un local à poubelles , il n'y a pas de gibier et personne
pour contester nos frontières . Aussi nous remontons sans gloire ,
par l'escalier B entrée A , nos enveloppes d'anciens chasseurs ,
d'anciens guerriers , de vieux prématurés , pour retrouver nos
femmes .
Nous en avons assez de leur sorte .
Nous dévalons l'escalier B entrée A et poussons dans le local
à poubelles un cri primal , celui du nouveau-né à qui manque
l'oxygène .
Car nous , hommes , manquons d'air et d'espace . Nous , hommes ,
étouffons dans ces ventres à rideaux et quotidiens devoirs .
Nous avons à chasser , nous avons à faire la guerre , à défroisser
nos foetus .
Or , dans un local à poubelles , il n'y a pas de gibier et personne
pour contester nos frontières . Aussi nous remontons sans gloire ,
par l'escalier B entrée A , nos enveloppes d'anciens chasseurs ,
d'anciens guerriers , de vieux prématurés , pour retrouver nos
femmes .
KARGASOK
On n'aura pas tort de situer cette ville en Sibérie ; et encore moins de la
situer sur le cours de l'Ob et plus précisément sur sa rive gauche ( les
quartiers anciens ) , là où conflue le Vas'Ugan chargé des eaux grises
et tumultueuses des hautes steppes du Vas'Uganje . Mais quand on aura
sur une carte repéré à la loupe ce point minuscule au milieu de nulle part ,
on n'aura qu'une maigre compréhension de ce qu'est une ville isolée
n'ayant d'autre image que d'elle-même . A Kargasok on est à mille verstes
de ce qui ressemble à autre chose que Kargasok : une mer , une montagne ,
une forêt ou une vraie ville . Quoique , au début du printemps , la débâcle
donne à l'habitant d'ici l'idée de ce qu'est , sinon une mer , au moins une
étendue d'eau satisfaisante , car alors l'Ob charrie d'énormes plaques de
glace qui rabotent les berges et emportent avec elles les buissons de l'an-
cien été ; les eaux envahissent les pâtures basses et c'est tout juste si on
distingue les immeubles des nouveaux faubourgs implantés sur la rive
droite , comme si les modernes occupations de la ville se trouvaient d'un
coup sur l'autre bord d'un détroit . Mises à part les crues de printemps ,
le paysage et sa géologie sont à Kargasok aussi lisse que le papier glacé
de la page d'un atlas .
situer sur le cours de l'Ob et plus précisément sur sa rive gauche ( les
quartiers anciens ) , là où conflue le Vas'Ugan chargé des eaux grises
et tumultueuses des hautes steppes du Vas'Uganje . Mais quand on aura
sur une carte repéré à la loupe ce point minuscule au milieu de nulle part ,
on n'aura qu'une maigre compréhension de ce qu'est une ville isolée
n'ayant d'autre image que d'elle-même . A Kargasok on est à mille verstes
de ce qui ressemble à autre chose que Kargasok : une mer , une montagne ,
une forêt ou une vraie ville . Quoique , au début du printemps , la débâcle
donne à l'habitant d'ici l'idée de ce qu'est , sinon une mer , au moins une
étendue d'eau satisfaisante , car alors l'Ob charrie d'énormes plaques de
glace qui rabotent les berges et emportent avec elles les buissons de l'an-
cien été ; les eaux envahissent les pâtures basses et c'est tout juste si on
distingue les immeubles des nouveaux faubourgs implantés sur la rive
droite , comme si les modernes occupations de la ville se trouvaient d'un
coup sur l'autre bord d'un détroit . Mises à part les crues de printemps ,
le paysage et sa géologie sont à Kargasok aussi lisse que le papier glacé
de la page d'un atlas .
PARADIS 6 . LA CONNAISSANCE
L'atelier est ouvert sur une pommeraie qui jute de soleil : violettes de Montbéliard ,
Black Stayman rouges à maturité tardive , reinettes grand-mère , Bohnapfel fines et
fondantes , parfaites pour les tartes , pigeonnets d'Armor pour le cidre , pattes de loup
gris-marron . Dieu , aujourd'hui , soude à l'arc .
- Adam . Il est appuyé sur le chambranle de la porte : "Je peux te poser une question ?"
- Dieu : "Une question ?" . Il relève son masque de soudeur . "Tu poses des questions ?"
Il considère sa dernière création en frottant ses mains sur son tablier de cuir … Méfiant :
"Quel genre de question , Adam ? …"
- Adam : "… euh … à propos de la Connaissance …"
- Dieu : "Ouh là !! … c'est un domaine réservé …" . Il regarde par la porte la pomme-
raie … "Tu n'as pas touché aux pommes au moins !?" . Il brandit son chalumeau …
"Attention Adam !" … Puis , abaissant son masque et remettant à l'étau sa création
du jour , le tapir Pinchaque : "C'est quoi ta question ? …"
- Adam : "… C'est difficile à formuler …"
- Dieu . Il sursaute : "Parce que tu formules , maintenant !?" . En lui-même : "J'étais
si tranquille avec les belettes , les chats et les araignées … qu'est-ce qui m'a pris de
filer à celui-là un bout de mon image ? … "Je t'écoutes …"
- Adam : "… A quoi ça sert ?"
- Dieu , pour gagner du temps : "A quoi ça sert quoi ?"
- Adam : "… ben la Connaissance , ça sert à quoi ?"
- Dieu , soudant mais n'en pensant pas moins : "Tu ne te rends pas compte , Adam …
la Connaissance … c'est un super cadeau que je t'ai fait " . D'ailleurs , il regrette .
- Adam , bougon : "Tu as fait le même à Ève …"
- Dieu : "Tu es jaloux ?"
- Adam : ………………………….
- Dieu : "Alors , comme ça , tu sais pas à quoi ça sert … tu sais pas t'en servir ?"
C'est plutôt une bonne nouvelle .
- Adam : "… ben …"
- Dieu : "Et Ève ?"
- Adam : "Ève , si … elle a croqué une pomme …"
- Dieu : "Nom de Dieu !!" ...
Black Stayman rouges à maturité tardive , reinettes grand-mère , Bohnapfel fines et
fondantes , parfaites pour les tartes , pigeonnets d'Armor pour le cidre , pattes de loup
gris-marron . Dieu , aujourd'hui , soude à l'arc .
- Adam . Il est appuyé sur le chambranle de la porte : "Je peux te poser une question ?"
- Dieu : "Une question ?" . Il relève son masque de soudeur . "Tu poses des questions ?"
Il considère sa dernière création en frottant ses mains sur son tablier de cuir … Méfiant :
"Quel genre de question , Adam ? …"
- Adam : "… euh … à propos de la Connaissance …"
- Dieu : "Ouh là !! … c'est un domaine réservé …" . Il regarde par la porte la pomme-
raie … "Tu n'as pas touché aux pommes au moins !?" . Il brandit son chalumeau …
"Attention Adam !" … Puis , abaissant son masque et remettant à l'étau sa création
du jour , le tapir Pinchaque : "C'est quoi ta question ? …"
- Adam : "… C'est difficile à formuler …"
- Dieu . Il sursaute : "Parce que tu formules , maintenant !?" . En lui-même : "J'étais
si tranquille avec les belettes , les chats et les araignées … qu'est-ce qui m'a pris de
filer à celui-là un bout de mon image ? … "Je t'écoutes …"
- Adam : "… A quoi ça sert ?"
- Dieu , pour gagner du temps : "A quoi ça sert quoi ?"
- Adam : "… ben la Connaissance , ça sert à quoi ?"
- Dieu , soudant mais n'en pensant pas moins : "Tu ne te rends pas compte , Adam …
la Connaissance … c'est un super cadeau que je t'ai fait " . D'ailleurs , il regrette .
- Adam , bougon : "Tu as fait le même à Ève …"
- Dieu : "Tu es jaloux ?"
- Adam : ………………………….
- Dieu : "Alors , comme ça , tu sais pas à quoi ça sert … tu sais pas t'en servir ?"
C'est plutôt une bonne nouvelle .
- Adam : "… ben …"
- Dieu : "Et Ève ?"
- Adam : "Ève , si … elle a croqué une pomme …"
- Dieu : "Nom de Dieu !!" ...
LETTRE DE JÉSUS À L'ATTENTION DE CEUX QUI SONT À LA PORTE DU PARADIS
Lettre rédigée après l'affaire Torquemada .
Tous , vous entrerez au Paradis .
Mais tous vous n'y aurez pas la même place .
Au centre , prés de moi , seront ceux qui ont douté car ils ont eu
raison de douter . Ils partageront les meilleurs sièges avec ceux
qui n'ont pas cru en moi car ceux-là aussi ont eu raison de ne pas
croire en moi . Ceux qui ont douté et ceux qui n'ont pas cru me
verront en pleine lumière et , parmi eux , je chérirai plus que tous
ceux qui , malgré tout , s'obstineront à douter et ne pas croire .
A la périphérie seront les indifférents à qui je ficherai la paix et ,
dans les lointaines banlieues , ceux qui avaient la foi . Ceux-là
n'ont pas besoin de me voir . Dans les zones au-delà de la ligne B
du RER seront ceux qui ont oeuvré en Mon Nom .
Amen .
Tous , vous entrerez au Paradis .
Mais tous vous n'y aurez pas la même place .
Au centre , prés de moi , seront ceux qui ont douté car ils ont eu
raison de douter . Ils partageront les meilleurs sièges avec ceux
qui n'ont pas cru en moi car ceux-là aussi ont eu raison de ne pas
croire en moi . Ceux qui ont douté et ceux qui n'ont pas cru me
verront en pleine lumière et , parmi eux , je chérirai plus que tous
ceux qui , malgré tout , s'obstineront à douter et ne pas croire .
A la périphérie seront les indifférents à qui je ficherai la paix et ,
dans les lointaines banlieues , ceux qui avaient la foi . Ceux-là
n'ont pas besoin de me voir . Dans les zones au-delà de la ligne B
du RER seront ceux qui ont oeuvré en Mon Nom .
Amen .
MADAME DELPLANQUE 1 . LES TOURNESOLS DU DÉSERT
Madame Delplanque a demandé au chauffeur de s'arrêter . Elle est
descendue de la voiture pour cueillir ces fleurs jaunes qu'on ne voit
qu'ici , au bord du désert . Une abeille solitaire vrombissait , sortie
d'un arbre . J'en ai pour une minute . Lointaine et parfumée d'asphalte -
il faisait déjà si chaud ! - Extinct City dressait ses échafaudages au
pied du volcan . Nous avions hésité . Nous aurions pu louer une voi-
ture à Kingman dans le comté de Mohave mais nous avons préféré
prendre un taxi à l'aéroport , à 30 miles d'EC . Les rues , me dit le
chauffeur un bras passé par-dessus la banquette , toutes les rues et
les axes routiers sont fermés à la circulation pour cause de travaux .
Il y a des parkings à l'extérieur . Quatre . Je vous déposerai au Par-
king Nord . Après , il vous faudra … il vous faudra… . Madame
Delplanque s'était redressée et elle s'extasiait . Quel étrange bouquet !
Nous avons retenu deux chambres au centre-ville , dis-je . Le chauf-
feur : un hôtel au centre-ville !? … je criai : Madame Delplanque ! …
y allons-nous ? . Elle se penchait par la portière ouverte … oui …
allons-y … quel bouquet ! chaque fleur sur sa tige velue et ces feuilles
gris-vert ! … Toutnesols du désert … ça pousse dans le sable ...
descendue de la voiture pour cueillir ces fleurs jaunes qu'on ne voit
qu'ici , au bord du désert . Une abeille solitaire vrombissait , sortie
d'un arbre . J'en ai pour une minute . Lointaine et parfumée d'asphalte -
il faisait déjà si chaud ! - Extinct City dressait ses échafaudages au
pied du volcan . Nous avions hésité . Nous aurions pu louer une voi-
ture à Kingman dans le comté de Mohave mais nous avons préféré
prendre un taxi à l'aéroport , à 30 miles d'EC . Les rues , me dit le
chauffeur un bras passé par-dessus la banquette , toutes les rues et
les axes routiers sont fermés à la circulation pour cause de travaux .
Il y a des parkings à l'extérieur . Quatre . Je vous déposerai au Par-
king Nord . Après , il vous faudra … il vous faudra… . Madame
Delplanque s'était redressée et elle s'extasiait . Quel étrange bouquet !
Nous avons retenu deux chambres au centre-ville , dis-je . Le chauf-
feur : un hôtel au centre-ville !? … je criai : Madame Delplanque ! …
y allons-nous ? . Elle se penchait par la portière ouverte … oui …
allons-y … quel bouquet ! chaque fleur sur sa tige velue et ces feuilles
gris-vert ! … Toutnesols du désert … ça pousse dans le sable ...
mardi 6 mai 2014
KRANT 5 . CARGAISON . deuxième partie
Alors Krant sortait de la cabine et le quartier-maître et moi , nous
l'escortions tels les thuriféraires d'une insolite liturgie ou d'un exor-
cisme jusqu'à la cale 10 . Nous approchions le cône blanc déférents
et craintifs comme s'il se fut agit d'un dieu destructeur ou d'un dé-
mon et que la cale 10 fut possédée . Nous faisions trois fois le tour
de l'orifice sans quitter des yeux le monstre encagé qui vivait ses
ultimes tassements . Krant s'accroupissait , tendant un bras timide
comme si le démon ( ou le dieu ) , pour se venger , allait le happer
par les épaulettes , puis il l'effleurait du bout des doigts pour se
convaincre de son inertie et , rassuré , plongeait les deux mains et
laissait couler entre elles l'admirable matériau .
- Krant : "Ne m'avez-vous pas dit que le temps n'existe pas ?"
Il s'adressait à moi , lui toujours accroupi , et moi debout derrière
lui , avec le quartier-maître , mais comme si le quartier-maître
pensait moins qu'un hareng fumé .
- Moi : …………………………
- Krant : "Savez-vous ce qu'on fait de ce sable ?"
- Moi : "… dame non , capitaine …"
- Krant : "… des horloges à sablon … voilà ce qu'on fait de ce
sable … des sabliers … pour mesurer ce qui - selon vous - n'existe
pas …"
Et , pendant qu'il parlait , je revoyais sur la table de sa cabine
l'ampoulette que le capitaine , dans ses méditations , retournait
toutes les 28 secondes .
l'escortions tels les thuriféraires d'une insolite liturgie ou d'un exor-
cisme jusqu'à la cale 10 . Nous approchions le cône blanc déférents
et craintifs comme s'il se fut agit d'un dieu destructeur ou d'un dé-
mon et que la cale 10 fut possédée . Nous faisions trois fois le tour
de l'orifice sans quitter des yeux le monstre encagé qui vivait ses
ultimes tassements . Krant s'accroupissait , tendant un bras timide
comme si le démon ( ou le dieu ) , pour se venger , allait le happer
par les épaulettes , puis il l'effleurait du bout des doigts pour se
convaincre de son inertie et , rassuré , plongeait les deux mains et
laissait couler entre elles l'admirable matériau .
- Krant : "Ne m'avez-vous pas dit que le temps n'existe pas ?"
Il s'adressait à moi , lui toujours accroupi , et moi debout derrière
lui , avec le quartier-maître , mais comme si le quartier-maître
pensait moins qu'un hareng fumé .
- Moi : …………………………
- Krant : "Savez-vous ce qu'on fait de ce sable ?"
- Moi : "… dame non , capitaine …"
- Krant : "… des horloges à sablon … voilà ce qu'on fait de ce
sable … des sabliers … pour mesurer ce qui - selon vous - n'existe
pas …"
Et , pendant qu'il parlait , je revoyais sur la table de sa cabine
l'ampoulette que le capitaine , dans ses méditations , retournait
toutes les 28 secondes .
KRANT 5 . CARGAISON . première partie
Le Kritik était à quai . Nous avions contourné l'île de Bornholm par le
sud et abordé au port de Rönne dans la nuit . Krant tenait à cette escale
car c'est à Rönne que nous chargions le sable fin , le plus beau sable du
monde , aquatique , infiniment roulé par l'Öresund , au grain parfait ,
quartzifère et minuscule …
Cependant , même à Rönne , le capitaine ne mettait pied à terre ; il s'ar-
rangeait pour que nous accostions sans détour sous la bouche des silos .
A cinq heures , le soleil émergeait des falaises à l'autre bout de l'île et ,
de la passerelle , je le voyais monter vers les étoiles finissantes , à tra-
vers les brumes qu'il levait sur la lande , enveloppant chaque chose et
chaque être , grues , môles , cuves , brise-lames , hommes d'équipage
ou de quai , d'une écorce métallique .
Les premiers dockers ouvraient en bâillant les vannes et , pendant une
heure , sous une nuée couleur sable , comme un nuage d'Afrique , des
milliards de particules déferlaient avec furie contre les parois de fer ; dans
un terrible crissement , les silos dégueulaient leur matière en haletant au
rythme des clapets et , à chacun de leurs haut-le-coeur , le Kritik s'enfon-
sait un peu plus dans les eaux du port .
Tout cela , je l'observais de la cabine de pont avec le capitaine et le
quartier-maître . Après le spasme final , un silence brutal , l'air tout à coup
étale , stationnaire , masse sans poids et malgré tout s'abattant sur l'équi-
page du Kritik et les débardeurs , le nuage pulvérulent souillait en retom-
bant les abords de la cale ou se dissolvait autour du bateau . Un cône
blanc , vision miraculeuse , dépassait du pont que nos hommes viendraient
aplanir avec des râteaux avant que les panneaux d'écoutille fussent
replacés sur les barrots .
( à suivre )
sud et abordé au port de Rönne dans la nuit . Krant tenait à cette escale
car c'est à Rönne que nous chargions le sable fin , le plus beau sable du
monde , aquatique , infiniment roulé par l'Öresund , au grain parfait ,
quartzifère et minuscule …
Cependant , même à Rönne , le capitaine ne mettait pied à terre ; il s'ar-
rangeait pour que nous accostions sans détour sous la bouche des silos .
A cinq heures , le soleil émergeait des falaises à l'autre bout de l'île et ,
de la passerelle , je le voyais monter vers les étoiles finissantes , à tra-
vers les brumes qu'il levait sur la lande , enveloppant chaque chose et
chaque être , grues , môles , cuves , brise-lames , hommes d'équipage
ou de quai , d'une écorce métallique .
Les premiers dockers ouvraient en bâillant les vannes et , pendant une
heure , sous une nuée couleur sable , comme un nuage d'Afrique , des
milliards de particules déferlaient avec furie contre les parois de fer ; dans
un terrible crissement , les silos dégueulaient leur matière en haletant au
rythme des clapets et , à chacun de leurs haut-le-coeur , le Kritik s'enfon-
sait un peu plus dans les eaux du port .
Tout cela , je l'observais de la cabine de pont avec le capitaine et le
quartier-maître . Après le spasme final , un silence brutal , l'air tout à coup
étale , stationnaire , masse sans poids et malgré tout s'abattant sur l'équi-
page du Kritik et les débardeurs , le nuage pulvérulent souillait en retom-
bant les abords de la cale ou se dissolvait autour du bateau . Un cône
blanc , vision miraculeuse , dépassait du pont que nos hommes viendraient
aplanir avec des râteaux avant que les panneaux d'écoutille fussent
replacés sur les barrots .
( à suivre )
ANESTHÉSIE
Tout dort : les chiens à l'ombre des arcades , les insectes dans les
fissures , sur le marbre brûlant de l'église , un chat ; derrière leurs
volets , hommes et femmes ont abandonné leur corps pour le loin-
tain royaume des songes au moment où un voyageur que rien
n'arrêtait jusqu'à ces premiers murs porte ses sandales au bord de
leur sieste . Ce ne sont pas les murs d'une ville comme on l'entend
quand on évoque des remparts , mais des empilements de cailloux
délimitant des potagers confus . Les rues ne sont pas moins anar-
chiques et si elles finissent , somnolentes , par s'ordonner , c'est
pour rejoindre le centre-ville où des feux tricolores clignotent pour
personne .
fissures , sur le marbre brûlant de l'église , un chat ; derrière leurs
volets , hommes et femmes ont abandonné leur corps pour le loin-
tain royaume des songes au moment où un voyageur que rien
n'arrêtait jusqu'à ces premiers murs porte ses sandales au bord de
leur sieste . Ce ne sont pas les murs d'une ville comme on l'entend
quand on évoque des remparts , mais des empilements de cailloux
délimitant des potagers confus . Les rues ne sont pas moins anar-
chiques et si elles finissent , somnolentes , par s'ordonner , c'est
pour rejoindre le centre-ville où des feux tricolores clignotent pour
personne .
ON NE MEURT QU'UNE FOIS
Un soir
Un mauvais soir
Ou peut-être un matin
Mais plutôt un soir
Vers 17h
Par grand vent ?
Ou calme plat
Un soir immobile
Vers 17h
Un mardi …
Oui , un mardi soir
Vers 17h
Pas un souffle
Pas de bruissements
Un ciel cependant lourd
Ombres longues
Un brouhaha lointain
Une voie rapide
Déjà encombrée
17h
Un mauvais soir
Ou peut-être un matin
Mais plutôt un soir
Vers 17h
Par grand vent ?
Ou calme plat
Un soir immobile
Vers 17h
Un mardi …
Oui , un mardi soir
Vers 17h
Pas un souffle
Pas de bruissements
Un ciel cependant lourd
Ombres longues
Un brouhaha lointain
Une voie rapide
Déjà encombrée
17h
ALBERT
Je me souviens de ce pique-nique .
C'était à Cerlier dans la campagne bernoise . Max , Niels , Louis
à vélos et moi , en tandem , avec Mileva . Nous avons étendu une
nappe blanche dans une pâture irradiant le pissenlit . Niels nous
expliqua son modèle pendant que mon adorable Mileva disposait
les tomates aux crevettes . "L'électron tourne autour du proton sur
une orbite circulaire ". Ce qui nous fit rire , c'est qu'un bourdon se
mit à graviter autour du visage apeuré de Niels sur une trajectoire
conforme à la mécanique classique . Max le chassant d'un coup de
chapeau : "Mais l'électron sur son orbite circulaire ne rayonne pas" .
Mileva - chère Mileva ! - sortit de la sacoche une bouteille de
Jolimont . Je la débouchai . "Pop !" fit le bouchon , "ah !" firent
les amis . J'exprimai l'idée - Max m'approuva - qu'à condition
d'émettre de la lumière d'une fréquence bien précise liée à la dif-
férence des énergies entre deux orbites circulaires - "prosit !" fîmes-
nous et nous levâmes nos verres dans la transparente clarté de ce
printemps de 1912 - l'électron pouvait passer de l'une à l'autre .
Le bourdon se remit à butiner notre Niels quand Louis proposa que
la lumière devait présenter une dualité onde-particule . Cette
hypothèse nous enchanta et je dis à Louis qu'il avait soulevé un
coin du grand voile .
C'était à Cerlier dans la campagne bernoise . Max , Niels , Louis
à vélos et moi , en tandem , avec Mileva . Nous avons étendu une
nappe blanche dans une pâture irradiant le pissenlit . Niels nous
expliqua son modèle pendant que mon adorable Mileva disposait
les tomates aux crevettes . "L'électron tourne autour du proton sur
une orbite circulaire ". Ce qui nous fit rire , c'est qu'un bourdon se
mit à graviter autour du visage apeuré de Niels sur une trajectoire
conforme à la mécanique classique . Max le chassant d'un coup de
chapeau : "Mais l'électron sur son orbite circulaire ne rayonne pas" .
Mileva - chère Mileva ! - sortit de la sacoche une bouteille de
Jolimont . Je la débouchai . "Pop !" fit le bouchon , "ah !" firent
les amis . J'exprimai l'idée - Max m'approuva - qu'à condition
d'émettre de la lumière d'une fréquence bien précise liée à la dif-
férence des énergies entre deux orbites circulaires - "prosit !" fîmes-
nous et nous levâmes nos verres dans la transparente clarté de ce
printemps de 1912 - l'électron pouvait passer de l'une à l'autre .
Le bourdon se remit à butiner notre Niels quand Louis proposa que
la lumière devait présenter une dualité onde-particule . Cette
hypothèse nous enchanta et je dis à Louis qu'il avait soulevé un
coin du grand voile .
CRÉPUSCULE
La durée du crépuscule dépend de la latitude des observateurs
mais , pour tous , c'est le moment où le soleil réfléchit sa lumière
sur les couches hautes de l'atmosphère , en gros quand il se trouve
entre 12 et 18° sous l'horizon . Pendant le crépuscule , si les condi-
tions météo sont satisfaisantes , il subsiste assez de clarté pour aper-
cevoir des objets imperceptibles en plein jour comme l'Amour avec
un grand A .
Bray-Dunes est la commune la plus septentrionale de France . Elle
est située sur le 51e parallèle . Son crépuscule est favorable surtout
vers le solstice d'hiver .
C'est dans une maison de retraite de cette bourgade - est-ce pour
cette raison ? - que nos enfants nous ont placés , Simone et moi .
mais , pour tous , c'est le moment où le soleil réfléchit sa lumière
sur les couches hautes de l'atmosphère , en gros quand il se trouve
entre 12 et 18° sous l'horizon . Pendant le crépuscule , si les condi-
tions météo sont satisfaisantes , il subsiste assez de clarté pour aper-
cevoir des objets imperceptibles en plein jour comme l'Amour avec
un grand A .
Bray-Dunes est la commune la plus septentrionale de France . Elle
est située sur le 51e parallèle . Son crépuscule est favorable surtout
vers le solstice d'hiver .
C'est dans une maison de retraite de cette bourgade - est-ce pour
cette raison ? - que nos enfants nous ont placés , Simone et moi .
DANS LE GRAND SALON DU TITANIC
A propos d'une photographie prise le 14 avril 1912 à 23h20 dans
le grand salon du Titanic . Mon frère est à gauche en militaire haut-
gradé , moi à droite en civil haut de gamme .
Mon frère et moi portions ce soir-là la moustache ( les jours qui sui-
virent - les 15 , 16 et 17 avril - nous les portions encore bien qu'elles
fussent dans un canot de sauvetage ) et des habits qui - pensions-nous -
mettaient nos personnalités au meilleur de leur paraître . Les poils et
le drap qui sont la substance d'une moustache et d'un habit sont aussi
les éléments ultimes d'une personnalité et , comme l'atome à la ma-
tière , ils permettent de tout comprendre .
Vingt minutes avant que le flanc tribord du paquebot percute un ice-
berg , chacun des passagers de première classe , pour peu qu'il jetât
un oeil distrait dans le coin où nous nous tenions , mon frère et moi ,
en pose dénuée d'affectation , pouvait entrevoir la santé ( lui ) , l'intel-
ligence ( moi ) , l'extraversion ( lui ) , la mélancolie ( moi ) , le brin de
bonhommie ( lui ) , le sur-dosage du Moi ( moi ) , la sociabilité sans
façons ( lui ) , l'émotivité secondaire ( moi ) et l'activisme primaire ( lui ) ,
l'extrême-onctionnisme ou onctionnisme radical ( moi ) , l'obligeance
( lui ) , la coquetterie ( moi ) , le sybarisme ( lui ) et notre invulnérable-
lité ( nous ) .
Or , à 23h40 , tout cela fut balayé .
le grand salon du Titanic . Mon frère est à gauche en militaire haut-
gradé , moi à droite en civil haut de gamme .
Mon frère et moi portions ce soir-là la moustache ( les jours qui sui-
virent - les 15 , 16 et 17 avril - nous les portions encore bien qu'elles
fussent dans un canot de sauvetage ) et des habits qui - pensions-nous -
mettaient nos personnalités au meilleur de leur paraître . Les poils et
le drap qui sont la substance d'une moustache et d'un habit sont aussi
les éléments ultimes d'une personnalité et , comme l'atome à la ma-
tière , ils permettent de tout comprendre .
Vingt minutes avant que le flanc tribord du paquebot percute un ice-
berg , chacun des passagers de première classe , pour peu qu'il jetât
un oeil distrait dans le coin où nous nous tenions , mon frère et moi ,
en pose dénuée d'affectation , pouvait entrevoir la santé ( lui ) , l'intel-
ligence ( moi ) , l'extraversion ( lui ) , la mélancolie ( moi ) , le brin de
bonhommie ( lui ) , le sur-dosage du Moi ( moi ) , la sociabilité sans
façons ( lui ) , l'émotivité secondaire ( moi ) et l'activisme primaire ( lui ) ,
l'extrême-onctionnisme ou onctionnisme radical ( moi ) , l'obligeance
( lui ) , la coquetterie ( moi ) , le sybarisme ( lui ) et notre invulnérable-
lité ( nous ) .
Or , à 23h40 , tout cela fut balayé .
lundi 5 mai 2014
TROIS MOUCHES 8 . TSÉ-TSÉ
Quand j'offre un bouquet de fleurs à Berthe , elle me dit que
je n'aurais pas dû , que nos finances sont au plus bas et que ,
si je n'avais pas perdu mon temps et nos économies à courir
les fleuristes , ces trois mouches vermeilles et merveilleuses ,
néanmoins imbéciles et mortelles , ne bourdonneraient pas
contre nos chapeaux de paille .
Un financier imbécile perdit notre bas d'économies et nous
mit sur la paille . Néanmoins , Berthe courut chez un fleuriste
et lui offrit un bouquet . "Tu n'aurais pas dû" lui dis-je .
"Il n'aura pas longtemps à bourdonner" dit Berthe … "Il y a
dans ces fleurs merveilleuses trois mouches mortelles" .
Un financier offrit à Berthe un bouquet où bourdonnaient
trois mouches . Nos merveilleuses économies furent en peu
de temps perdues . Aussi mis-je à mort ces fleuristes imbéciles
dont les fleurs vermeilles courent sur le chapeau de Berthe .
je n'aurais pas dû , que nos finances sont au plus bas et que ,
si je n'avais pas perdu mon temps et nos économies à courir
les fleuristes , ces trois mouches vermeilles et merveilleuses ,
néanmoins imbéciles et mortelles , ne bourdonneraient pas
contre nos chapeaux de paille .
Un financier imbécile perdit notre bas d'économies et nous
mit sur la paille . Néanmoins , Berthe courut chez un fleuriste
et lui offrit un bouquet . "Tu n'aurais pas dû" lui dis-je .
"Il n'aura pas longtemps à bourdonner" dit Berthe … "Il y a
dans ces fleurs merveilleuses trois mouches mortelles" .
Un financier offrit à Berthe un bouquet où bourdonnaient
trois mouches . Nos merveilleuses économies furent en peu
de temps perdues . Aussi mis-je à mort ces fleuristes imbéciles
dont les fleurs vermeilles courent sur le chapeau de Berthe .
vendredi 2 mai 2014
POUR L'ENFANT UNIQUE . deuxième partie
(suite)
Ce fils (Wilhelm Angermüller Von Valtheim Heraeus Fresenius) fut l'architecte
en vogue à Vienne au milieu du XIXe siècle , avec Josef Chochol , l'élève pré-
féré d'Otto Wagner . A trois ils construisirent quantités de gares et de folies de
style Renaissance en Autriche et en Allemagne . Il fit à Ingrid Schmidt , sa râ-
vissante femme , le fils unique traditionnel : Michaël , dit Michou .
Michaël Angermüller Von Valtheim Heraeus Fresenius Schmidt , dit Michou ,
peintre doué , partagea un atelier avec Caspar David Friedrich pendant sa pé-
riode "Paysages Tragiques" et réalisa pour lui la poupe du HMS Griper dans
"la mer de glace" . Michou épousa Franziska Kartofeln , son modèle . Il déro-
gea à la loi et lui fit dix garçons : Stefan , Alexander , Hannes , Hans , Jurgen ,
Dirk , Boris , Rüdiger , Karl et Thomas .
Ils n'ont jamais rien fait . C'étaient dix crétins .
Ce fils (Wilhelm Angermüller Von Valtheim Heraeus Fresenius) fut l'architecte
en vogue à Vienne au milieu du XIXe siècle , avec Josef Chochol , l'élève pré-
féré d'Otto Wagner . A trois ils construisirent quantités de gares et de folies de
style Renaissance en Autriche et en Allemagne . Il fit à Ingrid Schmidt , sa râ-
vissante femme , le fils unique traditionnel : Michaël , dit Michou .
Michaël Angermüller Von Valtheim Heraeus Fresenius Schmidt , dit Michou ,
peintre doué , partagea un atelier avec Caspar David Friedrich pendant sa pé-
riode "Paysages Tragiques" et réalisa pour lui la poupe du HMS Griper dans
"la mer de glace" . Michou épousa Franziska Kartofeln , son modèle . Il déro-
gea à la loi et lui fit dix garçons : Stefan , Alexander , Hannes , Hans , Jurgen ,
Dirk , Boris , Rüdiger , Karl et Thomas .
Ils n'ont jamais rien fait . C'étaient dix crétins .
POUR L'ENFANT UNIQUE . première partie
Sa famille tenait Ulrich Angermüller pour le fondateur de la dynastie . Il avait épousé
la Baronne Katrin Von Valtheim et intrigué avec tant de talent qu'en moins de dix ans
il accéda à la fonction de Conseiller de l'Archi-Chancelier Archevêque de Mayence ,
à celles d'Argentier du Prince Électeur ( il fut aussi le précepteur de sa fille) et d'orga-
nisateur des beuveries du Margrave de Brandebourg . A la fin de sa vie , cerise sur le
gâteau , son ami intime Auguste de Saxe Weimar , le fit Commandeur de l'Ordre du
Faucon Blanc .
Le fils d'Ulrich et de Katrin , Martin Angermüller Von Valtheim , violoniste prodige ,
fit l'essentiel de sa carrière au service du Prince-Archevêque , Comte Hyeronymus
Von Coloredo chez qui il fréquenta Wolfang Amadeus et Haydn . Martin épousa
Hannelore Heraeus , héritière milliardaire de Heinz Heraeus . Il lui fit un fils , Volker
Angermüller Von Valtheim Heraeus , le grand chimiste .
Ce génie inventa le principe de la "solution normale" et mit au point avec Mohr une
burette et une pince qui portent le nom de ce collègue et sont les icônes de l'analyse
quantitative volumétrique . Volker épousa Gudrun Fresenius , fille du célèbre Carl
Regiminus , titulaire de la chaire de chimie de Wiesbaden . A l'instar de son père et
de ses aïeux , il concentra son sperme dans la fabrication d'un fils unique : Wilhelm
Angermüller Von Valtheim Heraeus Fresenius .
(à suivre)
la Baronne Katrin Von Valtheim et intrigué avec tant de talent qu'en moins de dix ans
il accéda à la fonction de Conseiller de l'Archi-Chancelier Archevêque de Mayence ,
à celles d'Argentier du Prince Électeur ( il fut aussi le précepteur de sa fille) et d'orga-
nisateur des beuveries du Margrave de Brandebourg . A la fin de sa vie , cerise sur le
gâteau , son ami intime Auguste de Saxe Weimar , le fit Commandeur de l'Ordre du
Faucon Blanc .
Le fils d'Ulrich et de Katrin , Martin Angermüller Von Valtheim , violoniste prodige ,
fit l'essentiel de sa carrière au service du Prince-Archevêque , Comte Hyeronymus
Von Coloredo chez qui il fréquenta Wolfang Amadeus et Haydn . Martin épousa
Hannelore Heraeus , héritière milliardaire de Heinz Heraeus . Il lui fit un fils , Volker
Angermüller Von Valtheim Heraeus , le grand chimiste .
Ce génie inventa le principe de la "solution normale" et mit au point avec Mohr une
burette et une pince qui portent le nom de ce collègue et sont les icônes de l'analyse
quantitative volumétrique . Volker épousa Gudrun Fresenius , fille du célèbre Carl
Regiminus , titulaire de la chaire de chimie de Wiesbaden . A l'instar de son père et
de ses aïeux , il concentra son sperme dans la fabrication d'un fils unique : Wilhelm
Angermüller Von Valtheim Heraeus Fresenius .
(à suivre)
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