Le Kritik filait à quinze noeuds sur une mer à peine frisée . A perte de vue ,
il y avait la mer où ne pointaient aucune terre lointaine , aucun navire marchand ,
pas un oiseau . La température était idéale au sens premier de l'idée : elle existait
comme représentation intellectuelle mais n'actionnait ni frisson ni sueur ; elle
n'avait pas sur nos épidermes de contact sensible comme si le Kritik traversait
le vide .
Je longeais la passerelle pour gagner le pont lorsque Krant , de l'intérieur de
sa cabine dont la porte était ouverte , me héla : "Chef ! …"
Je revins sur mes pas . Krant était assis sur la banquette en bois , face à la mer .
Hume était sur ses genoux .
- Krant : "Je viens d'avoir avec Hume une conversation intéressante …"
- Moi : "…………?………."
- Krant : "Qu'y a-t-il , Chef ?"
- Moi : "… euh … capitaine … ce chat parle-t-il ?"
- Krant : "Oui … bien entendu … ce chat parle …" . Il caressa Hume derrière les
oreilles , le long du pelage tigré , jusqu'à l'extrémité de la queue en forme de
pinceau noir … "pas avec des mots … c'est là son point fort ..;"
- Moi : "Mais … capitaine … peut-on parler sans mots ? …"
- Krant : "Oui … Hume ce matin souhaitait me parler … et il a sauté sur mes genoux …"
- Moi . Vu le respect que je lui dois , j'hésitai à poser cette question au capitaine :
"Mais que vous a-t-il dit ? …"
- Krant : "Oh !" … il remit Hume sur le plancher de la cabine … "rien qui se dise
avec des mots , Chef ! ..;"
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