- "Demain" , dit Krant , "nous serons à Djepara"
- Moi : "…………."
- Krant : "Connaissez-vous Djepara ?"
- Moi : "Non , capitaine … je n'ai jamais mis les pieds dans cette ville"
- Krant . Il mâchonnait le tuyau de sa pipe : "Cependant , quand je dis "Djepara" , vous
imaginez une sorte de ville"
- Moi : "Oui , capitaine"
- Krant : "Et comment la voyez-vous cette ville ?"
- Moi : "Euh , capitaine … c'est vague … comme un mirage … mais , capitaine , quand
vous me dites "Djepara" , une ville apparaît dans ma tête … je la vois maintenant … je
vois des palais … des jardins chargés de magnolias … et des rhododendrons géants …
tout cela … ces jardins sont si luxuriants qu'un trop-plein de parfums passe les murs et
embaume Djepara … je vois des minarets … j'entends le muezzin … les étals du marché
débordent de fruits et de légumes … on s'invective … on rit … Monsieur Lee parle un
peu la langue , m'a-t-il dit … un cornac conduit son éléphant et ses princesses au bain
turc …"
- Krant . Il tira la pipe de sa bouche : "Un bain turc à Djepara !? … votre imagination
vous emporte , chef !"
- Moi : "………….."
- Krant : "Ainsi est fait l'homme … ce qu'il attend , il l'imagine"
Hume dormait sur le pas de la chambre à cartes , les moustaches entre les pattes .
- Krant : "Quand nous aurons accosté , Djepara ne sera jamais pour notre chat que ce
petit bout de quai où nous aurons nos amarres … si toutefois il se réveille !"
- Moi : "………….."
- Krant : "Pullau à tribord … réduisez la pression , chef …"
Je gagnai le pont et au moment où j'étais à moitié engagé dans le trou d'homme ,
Krant m'apostropha de la passerelle : "Chef ! … il n'y a pas de palais à Djepara …
vos palais sont des maisons basses où grouille un peuple misérable … il n'y a pas de
minarets … pas de prières … mais une foule d'esclaves et un garde-chiourme hollandais .
La canne à sucre que nous allons charger , nous la volons … et le teck vient des forêts
dévastées …"
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